Source/Auteur : Greenpeace

Il y a très longtemps que nous scrutons l’horizon dans l’espoir d’apercevoir un signe marquant le point final de la chasse à la baleine au Japon. Ce moment tant attendu est peut-être sur le point de se réaliser selon quelques signes envoyés par le gouvernement japonais.

Quel signe nous amène à tant d’optimisme ? Un signe de la part du gouvernement japonais lui-même. Celui-ci pourrait s’apprêter à réviser radicalement le soutien qu’il apporte à la chasse à la baleine. Une telle décision pourrait signifier la fermeture de la pêche dans les eaux de l’océan Austral.

Plus précisément, le nouveau gouvernement japonais a récemment donné à son comité de révision des dépenses le mandat d’abolir les programmes inefficaces. Parmi les « programmes inefficaces » à l’étude se trouvent les fameuses subventions accordées aux très controversées  « recherches » sur les baleines. Ces recherches camouflent en fait la chasse à la baleine. Sans ces subventions, la chasse sera condamnée.
Une perte d’argent ? Eh bien oui…

Voilà belle lurette que nos collègues de Greenpeace Japon dénoncent ce programme de chasse à la baleine déguisé qui constitue un gaspillage éhonté des fonds publics japonais.

Les deux activistes de Greenpeace, Junichi Sato et Toru Suzuki, occupent un rôle déterminant dans la mise à jour de cette corruption. Leur action ? Participer à ce « programme de  recherche » et démontrer que la viande est ensuite distribuée parmi l’équipage qui la vend ensuite à gros prix. C’est exactement ce qu’ils ont fait en ramenant en guise de preuve un morceau de viande à la police.

Le dévoilement au grand jour de cette pratique a suscité la grogne d’intérêts puissants. Junichi et Toru avaient été appréhendés tandis que les caméras de la télévision tournaient ; la police avait en outre effectué une descente dans nos bureaux pour y saisir des listes de membres appartenant à Greenpeace, des documents et des disques d’ordinateurs, dans une tentative d’intimider notre personnel et nos membres et de contrer nos actions. Junichi et Toru attendent encore de subir leur procès ; ils sont passibles d’une peine allant jusqu’à dix ans d’emprisonnement. Leur crime : avoir « dérobé » de la chair de baleine qu’ils avaient remise à la police comme élément de preuve de l’existence d’un scandale de corruption.

Ils ne sont pas restés muets pour autant. Les deux activistes ont courageusement dénoncé le coût élevé du programme de chasse à la baleine et le fait qu’une poignée de bureaucrates fortunés profitent réellement du programme. Pour la seule année 2008, il en a coûté près de 90 millions de dollars américains pour soutenir la chasse annuelle menée dans l’océan Austral. Un détournement éhonté de l’argent des contribuables japonais au profit d’une minorité.

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Chasser la baleine n’est pas rentable

Il y a maintenant plusieurs années que l’Institut japonais de recherche sur les cétacés, qui administre le programme de chasse baleinière, n’a pas remboursé ses prêts gouvernementaux, en raison de l’effondrement de la demande pour la chair de baleine et de l’augmentation des coûts liés à cette chasse. Greenpeace Japon, mais aussi la presse d’affaires et même l’ancien porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères, Tomohiko Taniguchi, ont pris pour cible des pratiques qui auraient conduit à la faillite n’importe quelle autre entreprise commerciale. Taniguchi a déploré l’appui financier destiné à maintenir à flot un programme qui ne fait que causer des maux de tête sans fin à Tokyo, en raison de la mauvaise image projetée à l’étranger, et des revenus dérisoires qu’il engendre : « moins de 1 % de la valeur annuelle des ventes de brosses à dents sur le marché japonais ».

Les élections tenues récemment ayant porté une nouvelle équipe au pouvoir, on se concentre désormais sur la réduction des dépenses gouvernementales et l’abolition des programmes trop coûteux ; c’est pourquoi le gouvernement accorde une oreille plus attentive qu’auparavant à ceux qui dénoncent le massacre des baleines, comme Junichi et Toru. Le premier ministre a récemment choqué les politiciens conservateurs nippons en révélant qu’il n’aimait pas la viande de baleine (une admission qui aurait été impensable pour son prédécesseur).

Une bataille qui dure depuis plus de trente ans

Que ce soit dans les eaux de l’océan Austral ou devant les tribunaux du Japon, il y a maintenant plus de trente ans que Greenpeace lutte contre la chasse baleinière japonaise.

C’est en 1975 que nous avions pour la première fois porté à l’attention du monde le massacre des baleines. Des militants courageux avaient alors, au péril de leur vie, pris la mer dans leurs petits canots gonflables pour défier les chasseurs armés de leurs harpons menaçants. Nous avons combattu la chasse à la baleine en Australie, au Brésil, au Chili, au Pérou, en Islande, en Espagne, en Norvège et en Russie, en plus d’avoir dévoilé et fait cesser les activités des chasseurs pirates. Nous avons au fil du temps été amenés à diversifier nos tactiques en incitant les consommateurs à exercer des pressions sur les marchés. La pression exercée par les consommateurs s’est avérée décisive pour convaincre diverses entreprises occidentales, dont Gortons Seafood, de prendre leurs distances par rapport à la chasse à la baleine, et pour isoler financièrement les baleiniers. Nous avons aussi révélé que 71 % des Japonais s’opposent à la chasse aux cétacés et aux dépenses qui y sont liées. En 2008, nous avons suspendu notre campagne dans l’océan Austral et concentré nos efforts sur l’opinion publique japonaise en déployant notamment l’opération « Panacée » (Silver Bullet), toujours en cours, et qui consiste à enquêter sur le détournement de la viande de baleine et les scandales de l’industrie baleinière.

Il semble maintenant que notre stratégie va porter ses fruits. Tous ceux parmi nous qui ont participé à cet enjeu retiennent leur souffle en espérant la fin de la chasse à la baleine au pays du soleil levant.

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