MOOREA – De grands moments en perspective mais en respectant les règles.Elles sont là, les premières baleines ont fait leur apparition il y a déjà quelques jours, la saison est donc ouverte. Pour certains privilégiés elle a débuté depuis quelques jours en ayant aperçu un ou deux spécimens nager non loin de leur rivage. La semaine dernière, un petit groupe de cétacés a fait effet face à Arue, bref, sont elles en retard sur leur planning ou tout cela n’est que le fruit d’une migration naturelle et normale ? La Dépêche a rencontré Michael Poole docteur biologiste marin spécialiste des cétacés pour faire un point sur la situation.  close up-------- (C) karolik_Flickr.jpgLDT : Depuis deux semaines environ, des pêcheurs et quelques prestataires ont pu observer les premières baleines nager dans nos eaux. En ce qui me concerne j’ai vu la première hier (mardi). Elle se trouvait au large du Tiki Village qui nageait vers la pointe Sud de Haapiti. C’était une adulte. Sont-elles en retard ou non ?

M.P. : Pas du tout, bien que beaucoup de personnes pensent le contraire. Comme toute migration d’animaux, il n’y a pas de date fixe qui détermine le début de la saison. Il est arrivé que des pêcheurs ont aperçu certaines années une baleine très tôt, fin mai ou début juin, c’est le cas par exemple à Rurutu, mais ce ne sont que des cas exceptionnels, la migration débute plus tard.

Qu’est qui fait que la migration peut varier d’une année à l’autre ?

La température de l’eau en antarctique est un facteur, donc la nourriture que la baleine peut trouver. Cela peut déterminer le démarrage d’une migration. Les baleines quittent les eaux froides de l’antarctique en hiver australes pour rejoindre les eaux chaudes de nos régions. La température variable de quelques degrés de nos eaux par contre ne les affecte pas. En fait elles s’adaptent très bien aux deux extrêmes, eau froides et eaux chaudes.

Peut-on déterminer une haute saison des baleines ?

En gros c’est de juillet à fin octobre. En juillet elles sont encore assez rares, par contre on peut encore en trouver en novembre mais de plus en plus rarement. En fait la vraie saison c’est aout, septembre jusqu’à fin octobre, mi novembre.

Peut-on déjà dire si on aura une bonne saison des baleines ?

Non car ce n’est que le début et que d’une année à l’autre, les observations varient sachant qu’il y a des pics d’observations qui sont de la mi aout à la mi octobre. Pendant ces huit semaines ont les voit très régulièrement.

Peut-on quantifier aujourd’hui le nombre de baleines qui passent par nos eaux ?

Absolument, avec un de mes élèves nous avons pu déterminer un nombre basé sur des données photographiques qui étaient destinées à suivre les baleines sur plusieurs années. Ainsi de 1999 à 2007, nous avons quantifié un minimum de 816 baleines et un maximum de 1100 baleines identifiées sur l’ensemble de ses années. Pour 2008 et 2009, la population a encore augmenté pour un maximum de 2200 baleines. Il s’agit bien entendu de baleines identifiées notamment par les blessures sur leur queue. Chaque années nous identifions des baleines, parfois nous retrouvons des baleines que nous avons déjà vu auparavant parfois ce sont des “nouvelles” baleines observées. Cela a été le cas l’année dernière pour quarante cinq d’entre elles que nous n’avions jamais vu avant.

On parle beaucoup de changement climatique, est-ce que cela peut affecter la survie des baleines ?

Le réchauffement ne va pas directement affecter physiquement les baleines, par contre cela touchera leur nourriture. On sait que les baleines se nourrissent dans les eaux froides de krills (crevettes), si les eaux se réchauffent, les krills se feront de plus en plus rares avec toutes les conséquences que cela pourra avoir avec la survie des baleines.

De notre correspondant Jeannot Rey

Source : ladepeche.pf   (30.06.10)

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