À Cancale, près de Saint-Malo, une association embarqueles touristes à la découvertedes 600 grands dauphins qui vivent dans la baie du Mont Saint-Michel. Entre safari photo et sortie biologique, juste pour le plaisirdes yeux. Soleil éclatant, mer miroir. Une journée idyllique pour repérer un aileron de dauphin dans l’immensité de la Manche. En ce début d’été, sept touristes ont accepté cette mission et embarqué sur le bateau à moteur de l’association Al Lark.

Al Lark : vers le large, en breton. Un nom bien trouvé pour l’association cancalaise chargée d’étudier les dauphins sur les 72 km de côte d’Ille-et-Vilaine. « C’est notre 71e sortie depuis mi-avril et notre 43e avec observation de dauphins », résume Gaël Gautier, l’animateur.

Entre Saint-Brieuc et Cherbourg vit la plus importante colonie de grands dauphins d’Europe, avec 600 individus estimés. Mais la baie du Mont Saint-Michel fait à elle seule 550 km2 (deux fois Paris). « C’est comme retrouver une aiguille dans une meule de foin ».

Qu’à cela ne tienne. Assis à bâbord et à tribord, les touristes scrutent l’horizon. « Un aileron, c’est l’équivalent d’une feuille A4, indique Gaël. Vous devriez en voir plusieurs parce que les dauphins vivent en groupe. »

Une heure a passé. À part des goélands et des cormorans, rien en vue. La déception se lit sur les visages. Les dauphins font rêver. Traces indélébiles de Flipper le dauphin ou du Grand bleu, sans doute. « Il fait beau, c’est agréable de toute façon », se console Anne Krumbholz, jeune fille au pair allemande.

Pour couper toute velléité d’imiter Jacques Mayol, Gaël prévient : « On n’est pas ici pour aller nager avec les dauphins. Mais pour les observer uniquement ». Créée en 2005 par Yohann Avice et Gaël Gautier, l’association Al Lark a déjà embarqué 2 000 personnes dans le sillage des dauphins. « Et, à l’occasion, dans celui des autres espèces de cétacés et de phoques qu’on trouve ici ».

Pour ce faire, les deux amis ont été formés par des scientifiques d’Océanopolis, à Brest. « Ils nous ont dit qu’il fallait sept ans pour bien connaître les mammifères marins ». Aujourd’hui, l’équipage n’a que 3 h à consacrer à cette étude. Et déjà deux au compteur sans rien avoir aperçu.Tursiops-birds (C) Minds-eye-FLickers.jpg« Là, deux ailerons ! »

Tout à coup : « Là, deux ailerons ! ». Deux grands dauphins nagent à quelques mètres. Cris à bord du bateau. « Tempérez votre enthousiasme, souffle Gaël. Il ne faut pas les effrayer ». L’équipage s’approche doucement et se place, à la même vitesse, parallèle aux cétacés. « Ils nous ont déjà repérés depuis longtemps avec leur sonar, il faut maintenant qu’ils nous voient. »

Les deux dauphins semblent regarder l’embarcation. « Faites comme si vous ne les aviez pas vus », conseille Gaël. Tu parles ! À bord, c’est l’excitation. « Ça fait bizarre d’en voir en vrai, confie Amandine Piazza, 16 ans. Qu’est-ce que c’est beau ! »

Leur nage est paisible. Apaisante même. Tout le monde a dégainé son appareil photo. Gaël aussi. «On a fait 27 000 clichés en cinq ans. Cela nous permet de les identifier précisément». Ceux-là sont « assez vieux », les ailerons abîmés le prouvent. Et pas très joueurs. Ce jour-là, les dauphins ont préféré s’éloigner assez vite. Frustrant. Juste assez pour donner envie de revenir.

Stéphanie BAZYLAK.

Source : ouest-france.fr  (09.08.10)Voir également : al-lark.org  

Loading...