Le groupe d’études des mammifères marins (GEMM) a pu photographier et filmer quatre mésoplodons de Blainville, une espèce de baleine à bec. Des animaux, farouches, très difficiles à observer.

Branle-bas de combat sur le catamaran du Groupe d’étude des mammifères marins (GEMM) au large de Temae à Moorea il y a quelques jours. Alain Portal, président du GEMM, repère des cétacés « bizarres ». Les animaux, visiblement curieux, restent à proximité du navire. Ce sont des mésoplodons de Blainville, une espèce de baleine à bec. Pamela Carzon, co-fondatrice du GEMM et photographe, empoigne sa caméra, enfile ses palmes en un éclair et rejoint l’eau. Les cœurs palpitent fort pour ces deux amoureux des cétacés.

« Je nage doucement vers un individu en veillant à ne pas l’effrayer. C’est alors qu’il me vient droit dessus », raconte Pamela Carzon. « D’humeur joueuse, il commence à me tourner autour, si proche que chaque détail m’apparaît avec force. Il m’invite à le suivre et nous arrivons sur trois de ses congénères. Il se frotte à l’un d’eux puis se détache du groupe et revient me tourner autour. Loin de ressembler à des vaches marines stupides et farouches, ces baleines à bec ont eu le comportement de n’importe quel dauphin curieux. »

Chez cette espèce, les femelles sont un peu plus grandes. Elles peuvent mesurer jusqu’à 4,6 mètres et peser une tonne alors que les mâles mesurent jusqu’à 4,4 mètres et pèsent 800 kilos.

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Leur présence est-elle liée à celle des énigmatiques calmars de Maiao ?

Après vingt minutes, les deux observateurs remontent à la surface. Les mésoplodons sont très rarement observés. « Ce sont des animaux très farouches et discrets, qui vivent plutôt au large et qu’on approche très difficilement. Dans les années 1960, je crois qu’il y avait eu un échouage de mésoplodons à Tahiti », explique Alain Portal. « Je crois que quatre ou cinq animaux s’étaient échoués. On les connaît essentiellement par le fait qu’il y a parfois un animal ou plusieurs qui s’échouent. Les scientifiques ont pu en décortiquer. Mais au niveau de leur mode de vie et de leurs habitudes, on ne connaît pas grand-chose. Il y a très peu de photos sous marines d’eux. Nous avons eu la chance de tomber sur des individus assez tranquilles et joueurs ». Quelques minutes plus tôt, les deux navigateurs avaient pu observer un groupe de globicéphales. Une cinquantaine d’individus se reposaient en surface par petits groupes de cinq à six. Pamela a d’abord repéré un souffle de baleines, puis deux. « Nous nous sommes rapprochés. Nous avons vu quelques dos de baleines en surface », raconte Pamela. « Entre les baleines et le catamaran, un immense groupe de globicéphales tropicaux se reposait. Ils étaient partout, dispersés sur des
kilomètres. »

Pamela Carzon et Alain Portal ont croisé à deux autres reprises des globicéphales la semaine dernière et des mésoplodons mercredi dernier dans la même zone. Cette fois, ils étaient visiblement en chasse. « Rencontrer à trois reprises des globicéphales en une semaine, c’est rare », souligne Pamela, qui rappelle que les globicéphales et les mésoplodons mangent des calmars. « Leur présence est-elle liée à celle des énigmatiques calmars de Maiao ? », s’interroge-t-elle. Ces observations ont été effectuées dans le cadre d’une expédition organisée par l’association le Groupe d’étude des mammifères marins, en collaboration avec le Dr. Michael Poole et la société Sunsail – Moorings. Elles ont pour but de recenser et de suivre les baleines et les dauphins des îles de la Société.

Source : lnc.nc (27.08.10)

Voir aussi : La baleine à bec de Blainville

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