On connaissait la poubelle du Pacifique, cette zone où s’entassent des milliers de déchets plastiques sur plusieurs kilomètres carré. Selon les résultats d’une étude qui vient de paraître dans la revue Science, l’Atlantique n’est pas en reste. A partir de données recueillies pendant 22 ans, des chercheurs ont mis en évidence une zone identique dans le Nord de l’Océan Atlantique. Les déchets plastiques s’y accumulent, notamment dans les Bermudes. Immersion dans un océan de plastiques…

« The Great Pacific garbage patch ». Ce qui de prime abord pourrait ressembler à une super production hollywoodienne n’est en réalité que le pire cauchemar de la biodiversité marine : une zone de non-droit où seul le plastique est roi, concentré en dizaines de milliers de spécimens au kilomètre carré. Depuis 1997 et sa découverte par Charles Moore, les scientifiques ont pris conscience de l’ampleur du phénomène et les écologistes ont tiré la sonnette d’alarme. Or, on ignorait jusqu’alors que dans l’Atlantique, la situation n’était guère plus enviable.

Menée conjointement par des chercheurs du Sea Education Association, du Woods Hole Oceanographic Institution et de l’Université de Hawaï, l’étude, qui a requis 22 années de collecte, a permis de ramasser un triste butin : 64 000 morceaux de plastique dans 6 136 endroits différents. Située à la hauteur d’Atlanta, dans le triangle des Bermudes, cette zone de détritus en impose par sa taille : plus de 10 000 déchets, qui ne mesurent souvent pas plus de quelques millimètres, au kilomètre carré.

plastic pollution (C) Garrettc-Flickr.jpg

Les poissons ont-ils avalé le reste ?

Transportés par le vent, tous ces déchets plastiques sont acheminés vers la zone où ils vont s’entasser, les vents et les courants faibles ne les incitant pas à la dérive. Jusqu’à former de véritables plaques de déchets, que les chercheurs ont récoltés grâce à des filets à plancton, en surface ainsi qu’à 10 mètres de profondeur. Comparable à la « Great Pacific garbage patch », cette zone de détritus en plein Atlantique n’a pourtant pas augmenté, notent, inquiets, les scientifiques.

Fait d’autant plus étrange quand on sait que la production de plastique, elle, a crû. Deux hypothèses s’affrontent donc : soit une quantité importante de déchets s’est mue en d’infimes parties échappant ainsi aux filets et s’échouant sur les fonds marins. L’autre, d’autant plus inquiétante qu’elle met en péril la survie de la biodiversité alentour, avance que les plastiques orphelins auraient pu être ingérés par les poissons et les autres êtres vivants. Ce qui laisse supposer que les quantités retrouvées seraient en réalité bien inférieures aux quantités réelles de plastique qui jonchent nos océans. Néanmoins, comme l’explique Dean Paul Joyce du Sea Education Association à l’AFP, « cette recherche fournit une solide description scientifique de l’étendue actuelle de la pollution de l’océan par ces débris, pouvant être utilisée pour mieux gérer ce problème et y faire face ».

Source : developpementdurable.com  (01.09.10)

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