Des experts réunis en atelier ont recommandé qu’une évaluation mondiale soit faite des micro-plastiques qui jonchent les océans afin d’éclairer les décideurs sur les moyens de les maîtriser. Alors même qu’il prend des proportions de plus en plus grandes, ce problème est mal compris.

Accueilli conjointement par la COI de l’UNESCO et le GESAMP(1) au siège de l’UNESCO à Paris, du 28 au 30 juin 2010, l’atelier a fait état des enquêtes régionales et d’un volume grandissant d’articles scientifiques qui s’accordent à confirmer que nous ne faisons qu’empiler les problèmes à résoudre dans l’avenir.

Les micro-plastiques s’accumulent dans les régions du monde qui connaissent un développement accéléré et n’ont pas de tradition de gestion des déchets solides. La quantité et le type de plastiques qui se déversent dans l’océan sont, en outre, des notions sur lesquelles les informations sont très insuffisantes, notamment au sein des gouvernements, des municipalités, de l’industrie du plastique et des multinationales de détaillants. Le fait que les déchets plastiques provoquent des dommages physiques aux mammifères marins, aux poissons et aux invertébrés est bien établi : la mort d’animaux empêtrés, asphyxiés ou le blocage de leurs organes sont très courants.

Les micro-plastiques sont de petits fragments de plastique produits par la détérioration structurelle et la désintégration d’objets en plastique, tels qu’emballages et pellicules plastiques, vêtements, brosses à dents et rasoirs, ainsi que matériaux de construction et matériel de pêche perdu ou abandonné. Les microplastiques peuvent aussi aboutir directement dans l’océan sous forme de ces granules de résine plastique qui interviennent dans la fabrication des plastiques ou sont fabriquées à dessin comme abrasifs de sablage ou encore comme exfoliants cosmétiques pour le visage. On en a déjà trouvé dans quasiment tous les milieux côtiers et marins. plastic pollution (C) Garrettc-Flickr.jpgLa production mondiale de plastique augmente en moyenne de 9 % par an. Elle a plafonné à 245 millions de tonnes en 2008 avant de retomber brièvement à 230 millions de tonnes en 2009. Au fur et à mesure que l’économie mondiale se relève, cette production reprend son essor.

Les scientifiques s’inquiètent tout particulièrement pour les micro-plastiques, car ils sont digestes et concentrent des contaminants toxiques qui pourraient s’accumuler dans le corps sans pouvoir être éliminés. Ce sont notamment les biphényles polychlorés, le dichlorodiphényltrichloroéthane – pesticide synthétique connu sous le sigle de DDT – et les éthers diphényles polybromés, utilisés comme retardateurs de flamme. L’impact de cette contamination sur les grands mammifères marins, les requins et les êtres humains, qui se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire, est très peu connu. Le plastique peut prendre aussi bien des décennies que des siècles à se fragmenter. Et surtout, au lieu de disparaître, il est plus probable qu’il finisse par s’incruster dans les sédiments et autres surfaces. Même l’arrivée sur le marché de plastiques biodégradables ou biosourcés devrait avoir des effets limités, car les conditions requises pour dégrader ces « plastiques intelligents » ne sont tout simplement pas disponibles, ni sur la terre ni en mer. Savoir comment ils se dispersent et ce qu’il advient d’eux une fois qu’ils ont pénétré dans l’océan, c’est une recherche qui ne fait que commencer à l’heure actuelle.

Notes
Cette évaluation pluridisciplinaire serait dirigée par le Groupe mixte d’experts chargé d’étudier les aspects scientifiques de la protection de l’environnement marin (GESAMP)3, en collaboration avec les agences techniques des Nations unies chargées de la gouvernance de l’océan, les autorités régionales et nationales, les OIG et les ONG. Dans l’idéal, l’étude serait effectuée en 2013, à temps pour le premier round du Processus régulier des Assemblées générales des Nations unies pour l’évaluation du milieu marin.

1.Le GESAMP a pour mission de conseiller, sur toute nouvelle question liée à l’état de l’environnement, les agences qui le parrainent : OMI, FAO, UNESCO, ONUDI, OMM, AIEA, PNUE et PNUD.

AuteurPlanète science – UNESCO Source : notre-planete.info  (15.02.11)    

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