Les données sont catégoriques et viennent tout juste d’être divulguées par des scientifiques américains dans la revue Nature : la sixième phase d’extinction massive des espèces est bel et bien actionnée. Le constat n’est pas brillant et tend à nous faire réfléchir au regard des informations qui nous sont communiquées. En effet, si nous conservons un tel rythme de destruction au cours des siècles à venir, l’issu sera terrible avec une perte d’espèces évaluées au trois-quarts de celles répertoriées sur notre planète. NZ (C) Andy Griffiths_FLick.jpgL’activité humaine comme cause principale

Depuis l’ère primaire qui remonte à environ 540 millions d’années, les espèces ont connu cinq crises d’extinction massive. Les pertes ont été conséquentes, de l’ordre de 75% des espèces furent rayées de la surface terrestre. En revanche, seuls les phénomènes naturels ont été à l’origine de ces conséquences. Aujourd’hui la question est tout autre puisque la menace provient directement de  l’activité humaine.
Démarrant approximativement il y a 100 000 ans et coïncidant avec la croissance du nombre et de la répartition des hommes, l’extinction des espèces a augmenté à un taux sans précédent depuis la grande extinction du Crétacé. Ce phénomène est connu sous le nom d’extinction de l’Holocène et représente la sixième extinction massive. Les phénomènes de civilisation, d’urbanisation et de croissance démographique ont complètement chamboulé notre planète. L’homme a contribué à détruire les richesses de ce monde que se soit en termes d’espèces ou de ressources. Il a également contribué à la propagation des virus, microbes et autres maladies…Autant dire que le bilan n’est pas brillant et qu’il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur le sujet si l’on souhaitait le balayer dans son entier.

Les mesures parlent d’elles-mêmes

Afin d’illustrer à quel point la vitesse d’extinction est rapide et dangereuse, les experts de l’Université de Californie ont réalisé un état des lieux de la biodiversité actuelle. Afin de rendre la tâche moins pénible et de démontrer, toutefois, l’exactitude des faits relatés, leur étude s’est essentiellement cantonnée à examiner l’évolution des espèces de mammifères sur Terre. Cette famille d’animaux est la mieux renseignée à ce jour avec près de 5570 espèces répertoriées. Suite à cet état des lieux, les résultats parlent d’eux-mêmes. Déjà 80 espèces auraient disparu de la surface de la Terre en l’espace de 500 ans. Nous sommes bien loin du million d’année, précédemment recensé, pour assister à l’extinction de deux espèces seulement. Anthony Barnosky, le principal auteur de l’étude, estime que « le rythme d’extinction actuel ressemble étrangement à celui des crises massives d’extinction du passé, même avec une définition assez restrictive ».
Une sombre nouvelle qui vient s’alourdir par l’expertise identique qui a été rendue au regard des espèces menacées, répertoriées dans la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Il s’agit de l’inventaire mondial le plus complet sur l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Son but est d’alerter le public et les responsables politiques sur l’ampleur du risque d’extinction qui frappe de nombreuses espèces et la nécessité urgente de développer des politiques de conservation. En conclusion, si toutes les espèces listées comme fortement menacées par l’UICN disparaissaient d’ici la fin du 21e siècle et que le rythme d’extinction des espèces ne décélère pas, on risque de voir s’éteindre les trois-quarts des espèces mammifères d’ici 334 ans.

Une lueur d’espoir subsiste

Tout n’est pas perdu, fort heureusement, mais les réactions doivent s’enchaîner très vite et favoriser une prise de conscience générale quant à l’importance de la protection et de la conservation de ces espèces pour notre planète et pour notre survie. Pour enrayer cette crise aux proportions pour le moins effrayantes, l’homme doit stopper ce rôle de domination qu’il arbore envers la nature et ses milieux. « La reconstitution de la biodiversité ne se fera pas sur une échelle de temps à taille humaine. L’évolution de nouvelles espèces prend au moins des centaines de milliers d’années » soulignent les paléontologues de l’université californienne.
On ne pourra, certes, pas sauver toutes les espèces mais il est possible en tout cas d’envisager un ralentissement de ce fléau d’extinction massive. « Jusqu’à présent, seuls 1% à 2% de toutes les espèces se sont éteintes dans les groupes que nous connaissons. Il semble que nous ne sommes pas encore très avancés dans la voie de l’extinction. Nous pouvons encore en sauver beaucoup », insiste Anthony Barnosky. Le premier travail à fournir n’est pas la sauvegarde des espèces en soi mais plutôt la restructuration des habitats qui ont été détruits au fil des années via l’activité humaine.

Avis de Sequovia

Le développement de l’homme a pour corolaire un impact négatif sur la nature, bien qu’elle soit la condition sine qua none de notre existence et par là même de notre survie. Nous n’avons aucunement fait preuve de précaution  sur ce sujet et nous en payons aujourd’hui le prix, sans parler de l’addition qui sera plus lourde pour les générations à venir. Le capital naturel est un bien commun et sa destination est universelle, ce qui nous amène à la question de la compensation et de l’intégration écologique au sein même des entreprises. Le Centre des Jeunes Dirigeants, qui collabore au comité de pilotage ministériel sur le triptyque « éviter/réduire/compenser » les impacts sur la biodiversité, est convaincu que l’intégration écologique doit être considérée dans sa dimension économique. Il s’agirait d’intégrer les externalités négatives d’un projet pour une recapitalisation écologique. Il serait pour le moins pertinent que d’autres organisations patronales leur emboitent le pas.

Source : paperblog.fr  (03.05.11)

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