Dans l’ouest de la Colombie, dans la baie de Malaga, se trouve la «maternité des baleines à bosse», un écosystème particulier très prisé de ces mammifères qui parcourent des milliers de kilomètres pour venir y donner naissance aux baleineaux. Breaching calf (C) Richard_Fischer_Flickr.jpgSelon Lilian Florez, directrice de la Fondation Yubarta de défense de ces animaux et l’une des spécialistes mondiales de la baleine à bosse, ces cétacés mesurant jusqu’à 18 mètres de long et pesant jusqu’à 40 tonnes battent ici des «records de natalité», sans que l’on sache encore très bien pourquoi.

Le taux de natalité – nombre de baleineaux naissant sur le site par rapport à l’ensemble des spécimens observés- varie entre 19 et 28%, contre 3 à 9% en Equateur, notamment, explique-t-elle. La moyenne à Bahia Malaga, à proximité du port de Buenaventura (550 km à l’ouest de Bogota) est «l’un des niveaux les plus hauts connus au niveau mondial», ajoute-t-elle.

Soudain apparaît au fil de l’eau une immense masse sombre et arrondie, qui replonge aussitôt sous la surface des flots. Dans cette région de Colombie, donnant sur le Pacifique, il est facile de les observer depuis de simples embarcations.

Ces baleines à bosse ou «Yubarta», classées dans la liste des espèces vulnérables par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), migrent en effet tous les ans vers des eaux tropicales, aux températures variant entre 24 et 28 °C, pour se reproduire.

Tourisme sage

Chaque année, ces cétacés voyagent longtemps, depuis l’Antarctique, sur près de 8.000 km pour arriver dans la Baie de Malaga. Bahia Malaga les attire en raison de sa «température plus chaude» et «d’une certaine tranquillité », témoigne Nancy Murillo, administratrice du Parc National de Bahia Malaga, en évoquant aussi l’absence de grandes embarcations, de prédateurs et de pollution.

Chaque année en juin, elles viennent s’accoupler puis elles reviennent sur les lieux de leurs romances, à Bahia Malaga, à la fin de la gestation de dix à douze mois, pour donner naissance aux baleineaux et les alimenter jusqu’à la phase de sevrage.

Les nouvelles mères «sont les dernières à partir vers d’autres latitudes, en octobre. Elles attendent que les baleineaux soient plus forts pour supporter la migration vers les pôles», explique encore Lilian Florez, qui observe les baleines depuis 1986.

Jusqu’à huit cents baleines arrivent annuellement dans cette région, entre juin et fin octobre, assure aussi le biologiste Eduardo Sevilla, à la tête d’un programme départemental visant à promouvoir un tourisme durable autour de ces mammifères.

L’UICN évalue entre 21.000 et 60.000 le nombre de baleines à bosse dans le monde. «Nous nous assurons qu’il n’y ait pas plus de cinq embarcations de touristes autour de chaque groupe de baleines et interdisons l’approche à moins de 200 mètres de l’animal», déclare-t-il en précisant investir tout le budget annuel dont il dispose, 20.000 dollars, dans la formation de guides touristiques respectueux des baleines.

Les passionnés de baleines ont également obtenu en 2010, que cette région soit décrétée «réserve naturelle». Et parmi les habitants de cette région particulièrement pauvre, la communauté des indiens Waounaan se rejouit, car les baleines sont source de revenus complémentaires aux maigres ressources qu’ils tirent de la pêche et de l’agriculture.

Les Waounaan, attachés à des êtres surnaturels liés à la nature, sont spontanément respectueux des baleines, explique l’un d’entre eux. «Tant qu’il y aura des baleines, nous pourrons vendre des produits artisanaux, les restaurants auront des clients et les hôtels aussi», raconte, pragmatique, le chef d’une communauté locale de Waounaan, Fernando Joeljed.

Ailleurs, selon Lilian Florez, on a aussi pu établir que la hausse du tourisme engendrait une baisse de la natalité chez les baleines, un écueil que les habitants de la région entendent éviter.

Mais pour l’instant le tourisme d’observation des baleines reste ici très local. Les touristes se déplaçent depuis le port de Buenaventura, mais peu viennent de très loin pour voir les baleines. Bahia Malaga, reste un site encore méconnu des tours opérateurs au-delà des frontières colombiennes.

L’agence Colombia Oculta de Bogota, en témoigne: c’est l’une des rares à proposer des voyages depuis la capitale aux étrangers et habitants de la ville et elle n’a amené à Bahia Malaga que 15 touristes en 2010, cinq en 2011.

 

Source : 20minutes.fr  (23.09.11) Actualité récente en rapport : Basse Californie : le sanctuaire des baleines grises…     

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