Dimanche 9 octobre 2011, 8 h. Un béluga mort git sur la plage de La Martre. «Il s’agissait d’un gros mâle adulte, commente Robert Michaud, coordonnateur du Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins. La carcasse semble fraîche, mais pourrait repartir avec la marée,» poursuit-il en lisant la fiche de signalement. L’animal est ramassé rapidement et envoyé à la Faculté vétérinaire de Saint-Hyacinthe.  Un voyage de près de 700 km pour fins de nécropsie, soit une autopsie pour animaux.  Churchill - Hudson Bay(C) Royal Olive_Flickr.jpgDe nombreux cas de cancer

«Un examen macroscopique n’a pas permis d’identifier la cause de sa mort, explique M. Michaud. Il faudra donc attendre quelques semaines, le temps que l’on procède à une étude microscopique de différents tissus.» Sous peu, des échantillons du spécimen seront acheminés aux sept partenaires de Carcasse béluga, un projet de recherche amorcé en 1982.

Serait-il simplement mort de vieillesse? Peut-être. Ceci signifie qu’il pourrait avoir atteint l’âge vénérable de 70 à 80 ans, découverte fortuite datant du milieu des années 2000. «Auparavant, on croyait qu’ils vivaient deux fois moins longtemps.»

Mais la mort des bélugas du Saint-Laurent inquiète. «Le quart des adultes décède d’un cancer, un niveau inégalé, même en comparaison avec d’autres grands mammifères du globe», explique celui qui est aussi président et directeur de la recherche au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GEMM).

Un livre ouvert sur l’histoire

«Les gens suivent des séries policières comme CSI, mais il y en a une qui est en cours depuis 1982 dans le Saint-Laurent, explique le chercheur. C’est que chaque carcasse [de béluga] marque le début d’une longue enquête.»

«Le tissu des bélugas, c’est un livre ouvert sur ce qui s’est passé dans le Saint-Laurent depuis le peak de l’industrialisation, révèle le chercheur. Il nous raconte donc une histoire très intéressante. Les bélugas sont passés à travers cette époque d’hypercontamination, soit vers la fin des années 60 et le début des années 70.»

Bon an mal an, on dénombre environ 15 carcasses aux abords du fleuve Saint-Laurent. Bien que des bélugas morts s’échouent de l’Île aux Coudres dans Charlevoix jusqu’à la Gaspésie, la majorité des carcasses répertoriées se trouve entre Trois-Pistoles et Matane. «Les courants font en sorte qu’elles vont s’échouer sur le côté sud de l’estuaire», précise M. Michaud.

Pour l’année en cours, le compte des carcasses de bélugas répertoriées par le Réseau québécois d’urgence des mammifères marins vient d’être porté à huit pour le secteur Gaspésie: Ste-Flavie (7 avril), Ste-Anne des monts (7 mai), Matane (8 juin), Percé (12 juillet), Les Boules (9 août), Ste-Luce (4 août), Matane-sur-Mer (10 septembre), La Martre (9 octobre). «Sur les 14 carcasses ramassées depuis le début de l’année, plus de la moitié des bélugas a été trouvée à l’est de Sainte-Flavie, commente M. Michaud. De ce nombre, la moitié a été transportée à Saint-Hyacinthe pour une nécropsie.»

Source : graffici.ca (25.10.11) Actualité récente en rapport : Canada : la rareté des bébés bélugas inquiète les scientifiques…     Plus d’infos sur l’espèce & fiche pédagogique téléchargeable : Le béluga

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