Soixante-deux globicéphales, des mammifères marins de la même famille que les dauphins, ont été découverts échoués sur une plage de Nouvelle-Zélande. Olivier van Canneyt, spécialiste des mammifères marins du centre de recherche de La Rochelle, explique à Futura-Sciences les causes pouvant mener à ce phénomène.  (C) Futura Sciences.jpg En début de semaine, une soixantaine de globicéphales ont été retrouvés sur une plage de Nouvelle-Zélande, à Farewell Spit (extrême nord de l’île du Sud), deux jours après l’échouage de 22 cachalots 1.500 km plus loin, en Tasmanie. Les scientifiques ont du mal à comprendre ce type de phénomènes et ils ont établi plusieurs hypothèses pour expliquer l’échouage massif des mammifères marins.

Cette fois, il s’agit de cétacés de la famille des delphinidés (ce sont donc de vrais dauphins et non des baleines). Le genre des Globicephalina comporte deux espèces :

– les globicéphales noirs (Globicephala melas) qui vivent notamment au large des côtes françaises ;

– et les globicéphales tropicaux (Globicephala macrorhynchus). C’est à cette espèce qu’appartiennent les animaux retrouvés en début de semaine.
« Difficile de mettre en évidence les causes d’un échouage »

Olivier van Canneyt est un spécialiste des mammifères marins. Il coordonne l’observatoire des populations de mammifères marins du centre de recherche de La Rochelle, qui avait été créé suite à la découverte sur les plages de l’île d’Yeu en décembre 1963 de… globicéphales. Il est également responsable du réseau du suivi des échouages, qui rassemble environ 300 volontaires et couvre l’ensemble des côtes françaises. Selon lui, « il est difficile de mettre en évidence les causes d’un échouage ».

En revanche, on constate que ce phénomène « touche souvent les mêmes espèces, qui sont très grégaires et dont la cohésion de groupe repose sur un ou plusieurs individus leaders ». Les membres d’un groupe suivent les déplacements des leaders. Une fois les animaux échoués, il est donc important d’identifier ces leaders et de vérifier leur état physique et sanitaire afin d’éventuellement confirmer l’hypothèse.

En effet, « le leader malade n’a plus les capacités de se déplacer à proximité des côtes : dans les eaux peu profondes, où la pente est faible, le système de repérage de ces animaux n’est plus aussi efficace, explique encore Olivier van Cannyet. Ils sont alors désorientés et éprouvent des difficultés à retrouver le large ». Ils finissent par s’échouer sur le sable.

Plusieurs hypothèses pour expliquer l’échouage

Mais l’hypothèse du leader malade, bien que la plus probable, n’a pas été démontrée dans le cas des globicéphales de Nouvelle-Zélande. En outre, des globicéphales noirs ont déjà été observés dans les pertuis charentais (entre la côte et l’île de Ré et l’île d’Yeu) où l’eau est peu profonde, et ils n’ont eu aucune difficulté à retrouver le large.

Ainsi, il n’est pas impossible qu’une cause différente soit à l’origine de l’événement de Farewell Spit. « Ces échouages ont souvent lieu dans les mêmes secteurs. Or les espèces échouées sont fréquemment des animaux qui migrent en s’aidant des champs magnétiques, comme les oiseaux. Dans certains sites, les champs magnétiques sont perturbés et leur direction est perpendiculaire aux côtes au lieu d’être parallèle, ce qui pourrait expliquer le phénomène, propose le scientifique. Mais cette hypothèse est moins probable que la précédente. »

Pollution sonore ?

D’autres possibilités sont également proposées par Oliver van Canneyt, mais avec moins de conviction, comme le fait que les globicéphales aient pu être poursuivis par des prédateurs – des orques en l’occurrence – ou bien qu’ils aient été perturbés par des nuisances sonores (prospection pétrolière, sonars marins…) comme cela avait déjà été le cas pour des baleines à bec.

Un phénomène complexe donc, et qui reste encore bien mystérieux pour la communauté scientifique. La pollution marine ne doit pas non plus aider ces animaux à vivre sereinement. La France n’est pas épargnée par le phénomène puisque, même s’il s’agit rarement d’échouage massif, « 300 à 800 mammifères marins s’échouent chaque année sur les côtes françaises », conclut Oliver van Cunneyt.

Source :  actualite.portail.free.fr   (17.11.11)  Actualité récente en rapport :Nouvelle-Zélande : 61 baleines pilotes échouées et mortes sur une plage… 

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