Pourquoi le calmar géant qui vit au fond de l’océan, bien loin de la lumière, a-t-il de si gros yeux ? Pour ne pas être mangé…  Sperm whale - dive - Azores (C) Claus Rebler-FLickr.jpgLes calmars géants qui vivent dans les profondeurs des océans ont les plus gros yeux du monde animal. Non plus des billes mais de véritables ballons de 27 cm de diamètre (pour le globe oculaire), équipés de pupilles de 9 cm de diamètre, d’après les mesures prises par l’équipe de Dan-Eric Nilsson (Lund University, Suède) sur les quelques spécimens récupérés de calmars géants. A quoi bon avoir de si gros yeux pour vivre sous 500 mètres d’eau, dans les sombres profondeurs océaniques ?

Pour repérer un ou une partenaire idéale ? Pour mieux voir les proies ? Non, répondent les chercheurs. Ces gros yeux servent à détecter la présence des prédateurs, essentiellement les cachalots.

Nilsson et ses collègues ont développé un modèle mathématique pour étudier la vision sous-marine. Plus l’œil et la pupille sont grands, plus ils captent de lumière et meilleure est la vision. Cependant, d’après leurs simulations, la taille de l’œil ne peut pas grandir indéfiniment : passé un certain seuil, l’avantage visuel ne compense plus le « coût de production » de l’organe. Ainsi, les yeux des poissons dépassent rarement 9 cm de diamètre (avec une pupille de 3 cm) y compris chez un poisson de grosse taille comme l’espadon.

A de grandes profondeurs, l’augmentation de la taille de la pupille de 3 cm à 9 cm améliore seulement la capacité à distinguer des objets plus gros que le calmar lui-même, rapportent les chercheurs dans la revue Current Biology. C’est donc pour repérer son prédateur, comme le cachalot, que le calmar aurait d’aussi gros yeux. Les cachalots sont rendus visibles par la bioluminescence du plancton, qui produit cette lumière en réaction aux perturbations provoquées par le déplacement des cétacés. Le calmar pourrait voir son prédateur à 120 mètres de distance dans de bonnes conditions, autrement dit avec une concentration élevée de plancton bioluminescent, estiment les chercheurs.

Le cachalot, grâce à son sonar, détecte des proies de taille moyenne à 200 mètres. Il y a donc fort à parier que le calmar est repéré par le cétacé avant que ses yeux lui permettent de le voir. Il reste au calmar le temps de trouver une parade…

Source & photo : sciencesetavenir.fr  (16.03.12) 

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