Publiée le 19 février dans Proceedings of the Royal Society B et reprise par Wired , une étude sur la communication des grands dauphins franchit un pas de plus dans la compréhension de l’intelligence animale. Elle se penche sur les « sifflements signatures » propres à chacun de ces mammifères marins, et, surtout, sur leur propension à imiter la signature d’autrui.   Bottle_Nose_Dolphins_-_geograph.org.uk_-_79039.jpg


Les scientifiques ont ainsi capturé des couples de grands dauphins, qu’ils laissent mariner quelques heures dans des filets distincts. Les individus peuvent s’entendre, mais pas se voir. Or les dauphins se sont montrés particulièrement bavards pendant ces épisodes de séparation. Et parmi les signaux émis, d’occasionnelles imitations de la signature de leur partenaire. D’autant plus quand il s’agit d’une mère et de son petit, ou de deux mâles alliés.

Cette signature, que le dauphin apprend au début de sa vie, constitue une modulation unique et propre à chaque individu. Le dauphin la chante à l’envie, puisque elle représente la moitié de son répertoire, parmi des sifflements et sons pulsés d’une grande diversité. Il est toutefois beaucoup plus rare qu’un dauphin imite la signature d’autrui. Lorsqu’il le fait, il utilise par ailleurs une modulation bien spécifique, au début et à la fin du signal, qui le rend clairement identifiable en tant qu’imitation.

Reste à savoir pourquoi les dauphins font de telles imitations. Les auteurs de l’étude ont testé trois hypothèses : s’adresser à autrui pour s’y associer ou l’identifier, s’adresser à autrui par agressivité, ou tenter de se faire passer pour l’individu imité, par exemple pour leurrer une femelle. Or les imitations n’avaient pas lieu pas dans ce dernier contexte, et s’affichent clairement en tant que telles. Aucun contexte d’agressivité non plus, ou de défense d’un territoire – comme c’est le cas pour certaines variations du chant des oiseaux. Les dauphins, précise l’étude, privilégient la cohésion du groupe et les interactions sociales, et n’ont pas de territoire à défendre. « Cet usage de l’imitation vocale apparaît de manière similaire dans le langage humain, où le maintien du lien social paraît plus important que la défense immédiate de ses ressources », avancent les auteurs.

Reste donc une solution : s’adresser à autrui par le signal sonore qui l’identifie. De là à parler de l’interpeller par son nom, il n’y a qu’un pas. « Le fait que ces vocalisations soient vraiment considérées comme des noms, et que les dauphins appellent leurs congénères comme le font les humains, est contesté parmi les scientifiques, mais ces résultats renforcent cette possibilité », estime Wired.
Source : bigbrowser.blog.lemonde.fr (21.02.13) Source photo : wikimedia.org 

Loading...