Un squelette de baleine a été découvert au large de l’Antarctique. C’est la première fois qu’une telle carcasse est trouvée dans l’océan Austral. Elle abrite un véritable écosystème, largement méconnu. Retour sur cette étonnante vie abyssale en vidéo et en image.

Pour la première fois, des biologistes marins ont découvert un squelette de baleinesur le plancherocéanique de l’Antarctique. Il est extrêmement rare d’en observer. Dans le monde, seules six carcasses de baleines ont été découvertes jusqu’à présent dans les fonds marins. Elles offrent pourtant un habitat pour un écosystème surprenant, presque insolite et largement méconnu. Dans ce squelette de baleine, les scientifiques auraient découvert au moins neuf nouvelles espècesde petites créatures abyssales.




Dans les 13 premières secondes, on observe l’os de baleine découvert par le submersible Isis.La caméra fait ensuite un zoom sur la vertèbre et révèle la présence de vie dessus (jusqu’à la 25eseconde). Entre 00:25 et 00:33, on peut observer les nouvelles espèces d’annélides nécrophages, surnommés « vers zombies », ainsi que des patelles. Enfin, on a une vue panoramique et un zoom sur l’os spinal. L’image est perturbée par le passage d’un calmar. © UK Natural Environment Research Council Chesso Consortium

La trouvaille s’est faite un peu par hasard, durant une expédition à bord du navire James Cookqui s’inscrivait dans le programme de recherche Chesso. Le squelette a été trouvé au sud des îles Sandwich. « Nous étions en train de terminer une plongée avec un véhicule commandé à distance au Royaume-Uni, Isis, lorsque nous avons aperçu une rangée de blocs de couleurpâle, ce qui s’est avéré être des vertèbres de baleine sur le fond marin », raconte Jon Copley de l’université de Southampton.

La vie grouille sur les squelettes

La baleine est un petit rorqual, et sa carcasse se trouverait sur le plancher océanique depuis quelques décennies. Situé à 1,6 km de fond, le squelette dévoile beaucoup d’informations sur la biodiversitéde l’océan profond autour de l’Antarctique. Les plus gros animaux marins de la planète sont aussi une partie de l’écologieà très grande profondeur. Leur carcasse fournit un habitat riche en nourriture et un abri pour les animaux des abysses. Et ce durant des décennies.
Lorsqu’une baleine meurt et coule au fond de l’océan, des charognards dépouillent rapidement sa chair. Au fil du temps, d’autres organismes colonisent le squelette et utilisent les nutrimentsrestants. Les bactériesdécomposent les graisses stockées dans les os et servent à leur tour de nourriture pour d’autres, comme les patelles ou les amphipodes. D’autres animaux, les vers zombies, peuvent aussi digérer les os de baleine. Ce sont des annélides nécrophages, du genre Osedax.

De nouvelles espèces de vers zombies découvertes

L’un des grands mystères de la biologie des abysses est de savoir comment ces minuscules invertébréspeuvent se développer dans ces squelettes. Cette découverte peut donc combler quelques lacunes sur le sujet. Parmi les neuf espèces découvertes, on compte un nouveau vers zombie mangeur d’os du genre Osedax et un crustacé isopode, petit rampant cousin du cloporte. Mais les scientifiques ont également trouvé des patelles identiques à celles qui vivent à proximité des fumeurs. L’identification de la baleine et des espèces a été réalisée à partir d’échantillons prélevés in situ par le submersible Isis. Leurs descriptions complètes font l’objet d’un article  paru dans la revue Deep Sea Research Part II: Topical Studies in Oceanography.
Par le passé, des scientifiques ont fait plonger par eux-mêmes des carcasses de baleines afin d’étudier l’écosystèmequi se développe autour. Actuellement, le seul moyen de trouver une carcasse naturelle est de naviguer droit dessus avec un véhicule sous-marin. L’équipe a observé le squelette de baleine et examiné les animaux en utilisant des caméras haute définition. D’après les scientifiques, le squelette est sous l’eau depuis plusieurs décennies ; pourtant, la vie grouille toujours dans ce petit monde.

Source, photos & liens complémentaires : futura-sciences.com (20.03.13)

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