Manifestement soucieux d’éviter les polémiques, le spécialiste japonais de l’alimentation pour animaux domestiques Michinoku Farm a stoppé, mercredi 29 mai, la vente de produits pour chiens élaborés à partir de rorqual commun, une espèce menacée. La commercialisation de ces produits à 3 780 yens (28,7 euros) les 500 g avait été dénoncée, la veille par l’ONG, japonaise Ikan.


La_station_baleinière_du_Hvalfjörður_(4).jpg

L’entreprise, qui s’adresse à une clientèle plutôt aisée et propose également des aliments à base de cheval mongol ou encore d’autruche, a vite réagi. « Peut-être que je connaissais mal la teneur du débat sur la chasse à la baleine, a déclaré Takuma Konno, le PDG de la compagnie basée à Tokyo. Cela ne vaut pas la peine de proposer des produits s’il existe un risque d’incommoder des gens. »

La polémique aurait pu raviver les débats, au moins à l’échelle internationale, sur l’activité baleinière japonaise. Cette pratique se poursuit, car l’archipel profite d’une dérogation au moratoire sur la chasse commerciale – décidé en 1986 par la Commission baleinière internationale – qui l’autorise à mener des campagnes annuelles de chasse officiellement « à des fins scientifiques ». Dans les faits, une partie de la viande des centaines de cétacés tués chaque année est vendue à des restaurants, voire à des écoles.

Eludant la question des risques de disparition, les tenants japonais de cette activité rappellent que la chasse baleinière est l’héritage d’une longue tradition. Mais cette pratique suscite de vifs débats à l’étranger.

L’Australie, mécontente de voir la flotte baleinière nippone chasser tous les ans dans les eaux du Pacifique-Sud, a même introduit une instance contre le Japon, en juin 2010, auprès de la Cour international de justice, pour « violation alléguée des obligations internationales relatives à la chasse à la baleine ». Une démarche appuyée par la Nouvelle-Zélande et qui doit faire l’objet d’une décision avant la fin 2013.

SASHIMIS AU RORQUAL EN VENTE SUR INTERNET

Cette initiative alimente l’autre argument des promoteurs japonais de la chasse à la baleine, selon lequel la volonté d’interdire à l’Archipel de pratiquer cette activité s’apparente à une forme d’impérialisme occidental.

Dans l’affaire de Michinoku Farm, pourtant, cette affirmation ne tient pas. La viande de rorqual commun utilisée par l’entreprise vient d’Islande. Elle est vendue au Japon par la société Hvalur hf. Très critiquée par les organisations de protection des cétacés comme Sea Shepherd, Hvalur hf a annoncé, le 12 mai, un projet de chasse de 154 rorquals communs. La compagnie en avait pris 148 en 2010 mais aucun en 2011 et 2012, car son unique client, japonais, avait cessé son activité à la suite de la catastrophe nucléaire de mars 2011.

La réaction de Michinoku Farm a été saluée par Ikan et d’autres associations de protection de l’environnement. Mais, dans un communiqué du 29 mai, elles critiquent Hvalur hf et son dirigeant Kristján Loftsson pour la poursuite de la chasse au rorqual commun. Et rappellent que d’autres distributeurs japonais vendent de la viande de baleine. Ainsi, le géant de la vente en ligne Rakuten propose toute une gamme de produits, notamment des sashimis, à partir de ce cétacé.


Source : lemonde.fr  (29.05.13)

Source photo : wikimedia.org 


Actualité récente en rapport :

Les prises de baleines les plus basses depuis 87… !
Chasse à la baleine : Australie et Japon devant la CIJ à partir de fin juin…
L’Islande reprendra sa campagne de pêche du rorqual en juin…
Au Japon, de la baleine à croquer… pour les chiens…
Voir également notre dossier complet sur le thème : La chasse baleinière…

Loading...