Un jet d’eau s’élève à l’horizon azur, puis une masse sombre s’ébroue à la surface de l’océan Indien : la baleine à bosse a bien voulu se montrer. Son petit la suit de près. D’autres congénères croisent alentour, à quelques encablures de la côte ouest de l’île de la Réunion, où les mammifères marins ont fait leur réapparition il y a six ans environ. Ils viennent désormais s’y accoupler et donner naissance à leur baleineau durant l’hiver austral, avant de repartir en octobre vers les eaux froides de l’Antarctique et son krill.

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Alors que leur population avait été décimée entre 1940 et 1960, les baleines à bosse reprennent leurs aises dans ce coin de l’hémisphère Sud où elles ne sont plus chassées depuis 1979.

MAINTENIR LE MORATOIRE SUR LA CHASSE

Pour La Réunion, c’est une aubaine : le grand cétacé est un emblème autrement plus attractif pour les touristes étrangers que le requin bouledogue et ses attaques de surfeurs. Rien d’étonnant donc à ce que le président du conseil régional, Didier Robert (UMP), plaide pour l’inscription de cette « route des baleines » sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Fin septembre, l’élu est venu défendre l’idée à Paris. Il a obtenu le soutien de ses partenaires des « Iles Vanille » – nom de la nouvelle identité que se sont octroyé La Réunion, Maurice, Madagascar, les Seychelles, Mayotte, les Comores et les Maldives –, également intéressés par ce « tourisme responsable » qui pourrait vite devenir un filon.

Ce « club des sept » va toutefois devoir sérieusement se serrer les coudes pour convaincre la Commission baleinière internationale de maintenir le moratoire sur la chasse dans l’océan Indien. Plus au sud, l’océan Antarctique est lui aussi officiellement un sanctuaire, mais le  Japon s’est octroyé le droit d’y pratiquer un prélèvement « scientifique », en clair d’y chasser.

« DES TOURISTES LEUR GRIMPENT SUR LE DOS »

Au large de La Réunion, les baleines sont bien de retour : d’une dizaine par saison avant 2008, on en compte près de 120 à présent. Leur présence a aiguisé le goût des Réunionnais pour la science participative : des associations comme Globice et Abyss recrutent facilement des volontaires pour les photographier et enregistrer leurs chants. Et calmer les ardeurs des curieux qui pourraient perturber leur tranquillité.

Une charte d’approche des grands mammifères a été édictée. Mais parfois la pédagogie ne suffit pas. Les bénévoles souhaiteraient que l’idée de verbaliser les comportements dangereux fasse son chemin. Car il est fréquent de voir plusieurs dizaines de bateaux se masser pour observer les mammifères. Le spectacle est magnifique entre la parade des mâles et l’évolution des femelles à proximité de leurs petits.

« J’ai vu des touristes leur grimper sur le dos,soupire Pierrick Guyamont, à la barre de son catamaran de croisière Cata Passion, sur lequel il emmène des visiteurs. Il y a trop de monde autour d’elles le week-end, résultat le lundi, on n’en voit pas. » A peine, sa phrase terminée, un canot à moteur s’avance dangereusement par l’arrière. Une large nageoire caudale frappe la surface : la baleine a plongé. Source : lemonde.fr  (29.09.13)  Source photo : wikipedia.org 


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