Par Julie Rasplus

Trente-neuf baleines-pilotes se sont échouées sur une plage de Nouvelle-Zélande, lundi 6 janvier. Les scientifiques avancent plusieurs explications pour expliquer ce phénomène, qui se produit plusieurs fois chaque année.

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En masse, elles sont venues s’échouer sur le rivage, et les sauveteurs n’ont rien pu faire. Trente neuf baleines pilotes sont mortes sur la plage de Golden Bay, en Nouvelle-Zélande, lundi 6 janvier. Douze d’entre elles naturellement. Les autres ont été abattues faute d’avoir pu être remises à l’eau.

Peut-on considérer leur geste comme un suicide collectif ? La question agite le monde scientifique depuis plusieurs siècles, mais n’a toujours pas trouvé de réponse précise. Aristote, déjà, racontait l’histoire d’un étalon sautant volontairement dans un abîme et les scientifiques de l’époque victorienne se passionnaient pour cette question, rappelle une étude publiée en 2010 (en anglais). Qu’en est-il pour les cétacés, des baleines aux dauphins ? Sont-ils capables de se donner la mort ? Eléments de réponse.

Oui, ces animaux refusent souvent d’être remis à l’eau

Une expérience, menée dans les années 1970 et détaillée par Slate , a mis en évidence la capacité, chez certains animaux, de se reconnaître dans un miroir. Parmi eux, des dauphins et des orques. Ce test du miroir a permis d’avancer l’hypothèse selon laquelle ces cétacés sont conscients de leur existence.

Cela alimente la thèse des suicides isolés ou collectifs. Ainsi, la baleine-pilote, un dauphin aussi appelé globicéphale, s’illustre-t-elle souvent par ses échouages spectaculaires. Récemment, un groupe de 51 individus est venu s’échouer dans les Everglades, en Floride (Etats-Unis). Ce grand cétacé à dents, long de huit mètres, peut même résister aux tentatives des sauveteurs venus le repousser vers le large pour lui éviter une mort certaine.

Non, ils sont surtout malades ou désorientés 

Pour expliquer les échouages des mammifères marins, telle la baleine-pilote, le cachalot ou la baleine de Cuvier, le Fonds international pour le protection des animaux (Ifaw) évoque des fuites face à un prédateur, des blessures ou encore des maladies. Et pour cause : certaines baleines sont en effet porteuses du morbillivirus, un virus très contagieux responsable de problèmes respiratoires, explique le Time (en anglais). Pendant l’été 2013, 800 dauphins l’ont attrapé. Affaiblis et désorientés par la maladie, les mammifères sont alors venus mourir sur la plage.

Non, c’est leur méthode de chasse qui est suicidaire

De son côté, John Runions, biologiste à l’université Oxford Brookes au Royaume-Uni et chroniqueur scientifique pour la BBC, mentionne la méthode de chasse en eau peu profonde des baleines-pilotes pour expliquer cet intrigant phénomène. Leur sens de l’orientation se voit aussi altéré lorsqu’elles chassent dans des secteurs méconnus, explique-t-il sur son site (en anglais). Enhardies, elles s’approchent trop près du rivage et s’échouent, notamment pendant les grandes marées.

Oui, leur solidarité est sans limite

Le caractère social des baleines-pilotes, et de nombreuses autres espèces de cétacés, pourrait aussi expliquer leurs échouages massifs. Ces mammifères entretiennent en effet des liens très proches entre eux. Ainsi, un animal malade et égaré peut entraîner tout son groupe près du rivage, provoquant un échouage massif.

Dans le Miami Herald (en anglais) , Barbara J. King, professeure en anthropologie et auteure de Comment les animaux pleurent, insiste sur ce point. Selon elle, les liens sociaux sont tellement forts entre certains cétacés que les autres membres du groupe « refusent d’abandonner leurs compagnons mourants », même si eux-mêmes sont en parfaite santé. Il s’agit en quelque sorte d’une assistance poussée à l’extrême et motivée par le deuil d’un des leurs.

Non, leur échouage est dû aux activités humaines

L’action humaine a-t-elle des conséquences néfastes sur la vie de ces cétacés ? Possible, avance l’Ifaw sur son site, en évoquant le bruit occasionné par les activités humaines. Dans Ouest France Sami Hassani, biologiste spécialiste des mammifères marins à Océanopolis, à Brest, abonde et pointe le « harcèlement » des voiliers et des jet-skis. 

Ce n’est pas tout. Selon lui, le bruit généré par les installations pétrolières ou par les recherches dans le domaine sismique « sèment la panique, voire provoquent des lésions mortelles »chez certains cétacés. En outre, les sonars utilisés dans le monde militaire (notamment par les sous-marins) perturbent les bancs de baleines. Ces appareils seraient à l’origine de nombreux échouages, selon Libération, qui rappelle que nombre d’entre eux se sont produits sur des plages proches de zones d’exercice militaire.

Deux études publiées en juillet 2013 dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society (en anglais) confirment cette hypothèse. Elles montrent que les ondes de moyenne fréquence modifient le comportement des baleines bleues et des baleines de Cuvier. Les cétacés apparaissent tétanisés, arrêtent de se nourrir et s’éloignent rapidement de la source du bruit. Le son agirait aussi sur leur oreille interne et les empêcherait d’évoluer dans les profondeurs marines. Paniquées par les ondes, les baleines remonteraient trop vite à la surface. Ce qui provoque des accidents de décompression et des embolies gazeuses. 

Source : francetvinfo.fr (07.01.14) Source photo : wikipedia.org 

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