Le cétacé de 10 tonnes pour 17 mètres de long s’était échoué le 6 décembre 2012 sur la plage de la Concha.

 


Combien de supporters de la Real Sociedad de Saint-Sébastien ont déjà rêvé de coucher cette dernière volonté sur leur testament ? Reposer pour l’éternité à seulement un jet de ballon du centre d’entraînement du club Txuri-urdin… La baleine inhumée six nageoires sous terre, à deux pas des installations du club, dans le quartier de Zubieta, ne mesure pas sa chance. Le cétacé en question,  un jeune mâle de 10 tonnes pour 17 mètres de long, est venu s’échouer sur la plage de la Concha le 6 décembre 2012. En ce jour de la Constitution espagnole, les troupes municipales font relâche. Mais au petit matin, c’est le branle-bas de combat. Plus habitué à se débarrasser des fagots de bois flotté que des cadavres de baleinoptère, Aitor Basurto, responsable des services techniques de la Ville, se souvient du vent de panique provoqué par cette découverte :« Il fallait faire vite car on craignait que la marée montante ne remporte la baleine dans la baie. »

La mairie doittrouver en urgence un terrain municipal, « isolé, disponible, et qui le resterait suffisamment longtemps pour y entreposer le cadavre du mammifère jusqu’à ce qu’on décide quoi en faire », précise le fonctionnaire.

Quinze mois plus tard, la question est toujours loin d’être réglée. Dans un premier temps, les autorités de Saint-Sébastien ont espéré que le cétacé, un rorqual commun, rejoigne le Musée du calamar géant de Luarca, dans les Asturies (Nord-Ouest de l’Espagne). Mais depuis, elles ont déchanté.

« Le jour même où la baleine s’est échouée, le directeur du musée a débarqué sur la plage. En voyant la taille (après la baleine bleue, il s’agit de la seconde plus grande espèce de cétacés, NDLR) de la bête et son état de conservation, il s’est montré très enthousiaste. Il voulait absolument exposer le squelette de l’animal dans son musée », rapporte l’employé de mairie.

Dans la cité basque, ce doigt levé arrange tout le monde. Avant que le Galicien ne change d’avis, les services de la Ville s’empressent de charger le volumineux paquet sur un camion pour l’expédier à 700 kilomètres de là. À la nuit tombée, deux grues, une pelleteuse et un semi-remorque d’une quinzaine de mètres descendent sur le sable, copieusement arrosé pour éviter tout risque d’enlisement. Le mammifère est déposé puis saucissonné sur le poids lourd.

« La queue dépassait de quelques mètres mais impossible de trouver un camion plus long. » Celui-là fera l’affaire. Pendant ce temps, le directeur du musée fait des pieds et des mains pour obtenir le feu vert des services routiers des trois provinces traversées par le convoi. En vain.« Trop dangereux. » L’amoureux des cétacés renonce.

La municipalité n’a plus d’autre choix que d’enterrer l’encombrant visiteur.  « La seule solution était ce terrain vague à Zubieta, à l’extérieur de Saint-Sébastien. À l’origine, on devait y construire une prison et aménager une zone industrielle, mais les projets ont été gelés », renseigne Aitor Basurto.

Ci-gît donc, en bordure de route, à six mètres de profondeur, le cétacé terrassé par une pneumonie dans les eaux de la Concha. La Ville se laisse jusqu’à la fin de l’année, une fois que le processus de décomposition des chairs de la baleine sera terminé, pour décider ce qu’il adviendra de ses arêtes géantes, dont l’enfouissement à déjà coûté près de 50 000 euros. Source :  sudouest.fr (14.03.14)

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