Selon le site Rappler, des hommes se livreraient régulièrement à de la pêche à la dynamite au large des Philippines. Les corps de deux cachalots pygmées, une mère et son petit victimes de cette pratique, auraient été retrouvés sans vie dans la mer avant d’être ramenés sur terre.


Des cachalots pygmées chassés à la dynamite aux Philippinespar Gentside Découverte

Pas moins de 750, c’est le nombre de baleines que Sea Shepherd vient d’affirmer avoir sauvé en perturbant la campagne de chasse annuelle des Japonais dans l’océan Austral. Tout juste revenues en Nouvelle-Zélande et en Tanzanie, les équipes ont dressé un premier bilan de cette nouvelle « Operation Relentless ». Un bilan dont l’organisation s’est réjouie. Toutefois, si la chasse à la baleine s’est interrompue dans l’océan Austral, bien loin de là, aux Philippines, elle bat son plein.

Les corps de deux petits cachalots, une mère et son petit, viennent d’être retrouvés en mer, au large de la petite île de Siargao, à 800 kilomètres au sud-est de Manille. Récupérés et ramenés à terre, les deux cétacés présentaient de multiples blessures, ne laissant aucun doute sur leurs origines : une explosion à la dynamite. En effet, au large des côtes de Dapa dans la province de Surigao del Norte, des hommes se livreraient à la pêche à l’explosif, une pratique pourtant interdite.

Si deux corps seulement ont été retrouvés, les spécialistes estiment qu’ils faisaient partie d’un groupe d’au moins 22 individus qui auraient été tués en un seul jour. « Les carcasses des autres, nous ne savons pas où elles sont aujourd’hui mais nous les chercherons. Apparemment, les 22 cachalots ont été tués par la même activité, le même jour », a expliqué à rappler.com Gianni Grifoni, un biologiste marin qui a aidé à ramener les cadavres à terre à Dapa.

Une pratique interdite

L’île de Siargao et les eaux qui l’entourent sont considérés comme des aires protégées mais la pêche à la dynamite y reste malheureusement fréquente. D’après les spécialistes, elle est souvent utilisée par les pêcheurs recherchant un moyen facile et rapide d’attraper du poisson. Le principe est simple : les explosifs sont utilisés pour étourdir et tuer instantanément les poissons qu’il suffit ensuite de ramasser.

« Les poissons sont abrutis. Ils meurent et flottent ensuite à la surface. Les filets des pêcheurs sont alors prêts à les ramasser dans l’eau », a indiqué Nilda Baling du Biodiversity Management Bureau. Généralement, la technique est utilisée par de petits pêcheurs qui emploient des explosifs artisanaux, souvent des bouteilles remplies de nitrate d’ammonium et de diesel.

Néanmoins, Baling a confié à Rappler qu’il était rare que de tels pêcheurs s’attaquent à des baleines ou des cachalots. Aussi, il n’est pas exclu selon elle, que quelqu’un de plus important soit derrière cette pêche à la dynamite. Le gouvernement enquête actuellement pour trouver les responsables du massacre et confirmer que plus de deux cétacés sont morts.

Aire protégée

« L’incident fait désormais l’objet d’une enquête par le Bureau of Fisheries and Aquatic Resources (BFAR) et le Department of Environment and Natural Resources du BMB », a précisé Theresa Mundita Lim qui dirige le Bureau. « Nous vérifions actuellement que la zone [où la pêche a eu lieu] se trouve au sein de la zone protégée de l’île de Siargao pour que nous puissions ouvrir un dossier de violation des lois sur une aire protégée », a poursuivi Mundita Lim.

Les aires terrestres et marines de l’île de Siargao ont été déclarées protégées en 1996. La zone marine est la plus vaste zone protégée du pays, s’étendant sur plus de 216.000 hectares. Cette zone abrite une biodiversité importante comprenant des tortues, des dauphins, des dugongs et même des crocodiles marins. Aussi, la pêche à l’explosif ne vise pas que les espèces visées mais tout un écosystème, comprenant la flore et le corail.

Un indicateur de bonne santé de l’océan

Les cachalots pygmées (Kogia breviceps) sont assez présents dans les parages et voyagent souvent en groupe de 6 à 7. Ils sont appelés ainsi à cause de leur taille bien plus petite (jusqu’à 3,4 mètres) que leur cousin le cachalot qui peut mesurer jusqu’à 20 mètres de long. Les cachalots figurent actuellement sur la liste rouge établie par l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) dans la catégorie « vulnérable ». Néanmoins, les données manquent pour évaluer la situation exacte des cachalots pygmées. Cette espèce est rencontrée dans les eaux tropicales et tempérées des océans Atlantique, Pacifique et Indien. Selon les spécialistes, elle joue un rôle important dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème.

« Les cachalots pygmées sont un indicateur d’un environnement marin en bonne santé. Si vous pouvez toujours les voir, cela signifie qu’il y a encore de la nourriture, que l’habitat est toujours là et qu’il y a du poisson en abondance », a conclu Baling reprise par Rappler.com.


Source :  maxisciences.com (24.03.14)

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