Réseau-Cétacés vous informait récemment qu’une équipe de tournage de la chaine M6 avait pris part à notre action « Blackfish sur la Croisette » en mai dernier, afin de tourner des images à intégrer à un reportage sur le Marineland d’Antibes.

Au final, les images tournées (voir vidéo en fin de post) ont été littéralement occultées pour laisser place à une reportage élogieux sur le Marineland d’Antibes !

Scène Moana saute sur Keijo.jpg

Nous publions ci-dessous le courrier, adressé à l’équipe de l’émission « 66 Minutes Grand Format » (Elisa Jadot journaliste et Xavier de Moulins présentateur), en réaction à cette censure :

« Bonjour Elisa,

Pour les besoins d’un reportage pour « 66 Minutes Grand Format » sur le Marineland d’Antibes vous m’aviez contactée il y a quelques temps. Vous souhaitiez vous rapprocher de l’association Réseau-Cétacés afin d’obtenir des informations sur les orques et les dauphins captifs de ce parc, ainsi que sur le film « Blackfish » qui traite justement des dangers et des dérives de la captivité dans ces parcs.

Notre équipe a répondu favorablement à votre demande et vous a donné tous les éléments utiles à la réalisation de votre documentaire. Afin d’étoffer votre reportage, vous avez envoyé, le 24 mai dernier, un journaliste pour filmer notre équipe en action sur un événement visant à promouvoir le documentaire « Blackfish » lors du Festival de Cannes.

Mais au final, le 20 juin dernier, vous avez écrit à Fabienne – notre représentante sur la région PACA – le message suivant :

« Bonjour Fabienne. Pour t’informer que le reportage était diffusé dimanche. Malheureusement nous n’avons pas eu la possibilité de diffuser des extraits du film Blackfish et du coup, nous avons dû nous passer de l’opportunité d’ajouter le tournage réalisé avec vous tous à Cannes.

Nous sommes donc restés très « animaliers » et moins polémique. Je garde néanmoins ton contact pour un prochain tournage.

Merci de ta compréhension et merci encore à toute l’équipe.

Bien à toi »

Au sein de l’équipe, nous avons été plus que surpris de ce revirement et des excuses employées pour nous évincer purement et simplement de votre reportage. Vous nous aviez assuré que votre reportage serait neutre, mais la semaine « VIP » passée par votre équipe de tournage aux côtés de la « joviale et accueillante » équipe du Marineland d’Antibes vous a vraisemblablement fait changer d’avis.

Votre reportage a donc été diffusé dimanche dernier, le 22 juin. Je l’ai visionné…

Les chiffres parlent d’eux-mêmes… 600 employés, 10 000 visiteurs les jours de grande affluence…, il ne faut pas faire d’ombre à Marineland…

Le titre du reportage est tout à fait évocateur « Le Grand Bleu dans un parc ».

J’ai également été très surprise du vocabulaire utilisé dans ce reportage : « soigneurs», « obéir », « dressage», «maintenant, on va utiliserun autre animal », « animaux conditionnés» etc… etc…

« Le Grand Bleu », êtes-vous bien sûre ?

Etes-vous sûre que dans « le Grand Bleu » un animal dodeline de la tête – laissant supposer un oui – sur un claquement de doigt ?

Etes-vous sûre que dans « le Grand Bleu », il faille payer 170 € pour observer un animal de plus près ?

Afin de rendre le lieu sympathique, je constate également que le reportage use et abuse :

* d’un vocabulaire très anthropomorphique :

« Cette complicité, c’est comme une vie de couple», « l’animal se moque» etc… etc…

Etonnant pour des « spécialistes » des cétacés d’attribuer autant de comportements humains à des animaux…

* d’un vocabulaire hautement pédagogique :

« Juste un signe et l’orque va uriner dans le bocal ».

Pire, encore : « ce qu’on fait ici (NB : ce que les dresseurs font avec les cétacés) remplace ce qu’ils font en milieu naturel ».

Alors laissez-moi vous donner un bref aperçu du répertoire comportemental d’une orque libre… animal résistant parfaitement adapté à tous les océans et à toutes les mers…

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Source espérance de vie :

freedolphinsbelgium.wordpress.com

maxisciences.com/orque

« Enfin, lorsqu’elles passent à proximité d’un champ d’algues, les orques ne résistent pas à la tentation de se frotter contre ces végétaux et d’en rapporter quelques-uns jusqu’à la surface afin de mieux en ressentir la caresse sur leur nageoire caudale. On ne sait s’il s’agit là d’un jeu, d’un plaisir ou d’une nécessité.»

Source :

larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/orque

Je vous suggère également un lien complémentaire pour en apprendre un peu plus sur la culture des orques :

freedolphinsbelgium.wordpress.com

Avez-vous observé ces comportements lors de votre tournage ?

Croyez-vous toujours que ce qui se fait à Marineland remplace les comportements adoptés en milieu naturel ?

Enfin, je me permets une dernière petite remarque…

Il est dit, dans votre reportage, que lorsqu’une orque menace de « contrarier » un spectacle, elle est changée contre un autre individu qui assure le show à sa place, et la voix off de dire « le public n’a rien remarqué ».

En effet, Marineland fait en sorte que le public ne remarque jamais rien et force est de constater que Marineland dupe les journalistes aussi ! Allant jusqu’à retoucher les photos pour cacher les blessures et marques suspectes. Et pendant ce temps, les cétacés meurent à petit feu pour vous divertir…

Voilà mes quelques réflexions sur votre reportage Elisa, en ayant voulu rester « animalier et moins polémique» vous avez littéralement cautionné une industrie très lucrative qui nuit gravement au bien-être d’animaux qui souffrent de leur condition de captivité. Bravo…

Salutations,

Sandra Guyomard – Présidente »

En Une, la vidéo réalisée par James Dumaine (merci à lui :-)) le jour où M6 est venu tourner.

 

Bande annonce de « Blackfish » :

 

Et terminons avec cet excellent article de Virginie Félix, pour Télérama :

“L’Orque tueuse”, un pavé dans la piscine

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