Parties admirer les cétacés au large de Saint-Gilles-les-Bains, sept personnes se sont retrouvées en pleine mer pendant vingt minutes après le naufrage de leur bateau de plaisance. Pas de bobos mais une grosse frayeur pour ces jeunes touristes réunionnais. Récit de leur mésaventure.

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  (photo d’illustration)

« On voulait juste voir les baleines, pas nager de force avec elles ». Cécile et André ne sont pas malheureux de pouvoir plaisanter après un naufrage. Leur balade en mer, hier matin, au large de Saint-Gilles-les-Bains, a été riche en émotions…inattendues. La peur, un début de panique même, a vite balayé l’enthousiasme initial d’un safari baleine.

8h30, six étudiants réunionnais en vacances dans l’île embarquent au Port de Saint-Gilles sur le bateau d’un ami pour aller admirer le spectacle des cétacés. Avec un vent de nord et une houle montante, les conditions de navigation sont pourtant loin d’être idéales pour un bateau de 5,5 mètres de type Open. Les passagers et le capitaine ne mettent pas longtemps à s’en apercevoir. Leur embarcation tangue beaucoup et manque de se retourner une première fois.

Devant les risques, le skipper décide d’abréger la sortie et de faire demi-tour à hauteur du Cap Homard. Au moment de la manœuvre, selon les passagers, le bateau essuie un train de vagues et chavire. Cécile How Chong, l’une des naufragés, raconte : « Nous nous sommes retrouvés à l’eau pendant une vingtaine de minutes dans une mer très agitée. On a eu très peur, on est restés accrochés à la coque du bateau pour ne pas dériver. Au bout de quelques minutes, on commençait à fatiguer, à penser aux requins. Finalement, plus de peur que de mal. Un grand merci à nos sauveteurs ».

L’alerte est donnée par un bateau de plaisance sur zone. La chaîne de secours se met vite en place. Vers 9h30, les naufrages de « l’Equator » sont récupérés par le navire de croisière le « Grand Bleu », les pompiers de la brigade nautique et des maîtres nageurs de Saint-Paul à bord d’un jet ski. Les sept passagers regagnent la terre ferme, sains et saufs, réchauffés et soulagés. « On ne pensait vraiment pas à ce scénario en partant. Malgré la houle, on n’avait pas d’inquiétude. On a fait confiance à notre capitaine », témoigne André Kwaï-Pun.

Prise de risque

Le capitaine ? Bernard Alex Gaüzere, médecin hospitalier, plaisancier aguerri, qui n’a pas souhaité s’épancher sur la mésaventure. « Ça va, tout le monde va bien. C’est un enchaînement de malchance et de bêtises », nous a-t-il déclaré à la volée en quittant le Port de Saint-Gilles. Signe qu’il regrette d’avoir pris la mer. « Les conditions étaient plus que moyennes pour de la plaisance », avouera un skipper du Grand Bleu. Un avis partagé par les pêcheurs professionnels de Saint-Gilles, qui déplorent les risques pris par les plaisanciers pendant la saison d’observation des baleines. « C’est l’hiver, c’est compliqué de naviguer et c’est pourtant là qu’on voit le plus de monde et de novices en mer », lâche un habitué. Pas inutile en effet de réitérer les messages de prudence suite aux nombres accidents marins survenus ces derniers mois. Écouter la météo, ne pas sortir en cas de houle, etc.

Pour le coup, nos jeunes touristes locaux en sont quitte pour une belle frayeur. « La prochaine fois, on attendra que la mer soit calme pour aller voir les baleines », souffle André. Ce sera sur un autre bateau. La vedette de la SNSM a tenté en vain de remorquer « l’Equator », qui a sombré par trente mètres de fond.

Vincent Boyer

Source :  clicanoo.re (26.08.14)

Source photo :  wikimedia.org

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