Des acteurs environnementalistes et politiques lèvent des drapeaux rouges contre les forages de TransCanada, au large de Cacouna, où la compagnie veut implanter un port pétrolier dans le cadre de son projet d’oléoduc Énergie Est.
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Après une requête en injonction, déposée par quatre groupes environnementaux, mardi, et saluée par Québec solidaire, le Nouveau Parti démocratique demande un moratoire sur les travaux géotechniques tant que le gouvernement conservateur de Stephen Harper n’aura pas rendu publics les avis scientifiques sur lesquels il s’est basé pour autoriser les forages.
Les forages géotechniques visent à étudier la composition du sol sous-marin dans le secteur du port de Gros-Cacouna. Ils doivent servir à déterminer les emplacements du possible port pétrolier.
Les foreuses pourraient bientôt être en marche au large de Cacouna puisque Québec a aussi donné son feu vert, jeudi dernier. En mai dernier, TransCanada s’était engagée devant la Cour supérieure à suspendre ses travaux déjà autorisés par Pêches et Océans Canada. L’entreprise avait affirmé attendre l’autorisation du ministre québécois de l’Environnement, David Heurtel.
Le député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Guy Caron, réclame plus de transparence dans ce dossier. Il a fait cette déclaration aux côtés du député de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, François Lapointe, du porte-parole adjoint du NPD en matière d’environnement, François Choquette, et du président du caucus du NPD, Robert Aubin.

Les élus ont mentionné que cette démarche de leur parti était faite en parallèle avec la demande juridique des environnementalistes représentée par l’avocat Michel Bélanger.

Les députés de la région avaient tenu des rencontres d’information qui se voulaient neutres, en juillet. Le NPD s’est positionné sur la question du transport du pétrole. Pour l’opposition officielle à Ottawa, il peut être avantageux, « à condition que les questions environnementales et les préoccupations du public soient traitées convenablement dans le cadre d’un processus d’évaluation exhaustif ». Le NPD croit aussi que les normes de sécurité entourant les oléoducs doivent être renforcées.

Le député indépendant à Ottawa Jean-François Fortin juge aussi qu’il ne devrait pas y avoir de forages. Il s’oppose fermement au projet de terminal maritime. Il affirme que cette zone n’a pas besoin de développements risqués et qu’elle doit être plutôt protégée. 

En revanche, la Municipalité de Cacouna croit que Québec a pris une décision éclairée en donnant le feu vert à ces travaux préliminaires. L’autorisation du gouvernement québécois semble rassurer la mairesse Ghislaine Daris, pour l’étape des forages.

Le gouvernement réplique au NPD

Le gouvernement Harper a également réagi, mercredi. « Encore une fois, le NPD trompe la population pour servir son programme anti-développement des ressources, suivant les pas de l’aile gauche radicale et séparatiste de Québec solidaire », affirme le bureau du ministre des Ressources naturelles. « Les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement prenne des décisions fondées sur des analyses scientifiques indépendantes, et non sur des idéologies irresponsables », ajoute le communiqué.

Le gouvernement affirme que « les questions concernant le processus de demande doivent être adressées à l’Office national de l’énergie », chargé de l’examen du projet. « L’Office national de l’énergie, organisme indépendant, s’acquittera de sa responsabilité d’informer le gouvernement en recueillant les faits », affirme que bureau du ministre Greg Rickford.

Requête en injonction

Le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), la Fondation David Suzuki, Nature Québec, et la Société pour la Nature et les Parcs du Canada (SNAP), représentés par l’avocat Michel Bélanger, ont déposé une requête en injonction pour mettre un frein au forage. Les environnementalistes s’appuient sur l’avis scientifique du président du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, Robert Michaud, qui étudie les bélugas depuis plus de 30 ans.

Les groupes environnementaux opposent les décisions quand à l’octroi de permis à l’avis scientifique de Robert Michaud. Cet avis stipule que les travaux sont susceptibles d’avoir des impacts sur les bélugas, particulièrement sur les femelles et leurs veaux. Le secteur de Cacouna est reconnu comme étant la pouponnière du mammifère en déclin depuis quelques années.

« Les arguments qui ont été utilisés pour autoriser le projet ne font pas le tour des considérations. J’ai la conviction qu’au sein de Pêches et Océans Canada, il y a toutes les informations disponibles pour faire une évaluation convenable et qui arriveraient probablement aux mêmes conclusions que notre avis scientifique », explique Robert Michaud.
Le scientifique rappelle que la direction des sciences, des océans et de l’environnement a publié, par le passé, des avis sur de tels travaux de TransCanada. La direction, affiliée à Pêches et Océans Canada, avait alors recommandé de limiter la période des travaux pour éviter qu’il y en ait entre mai et octobre.

« Notre devoir est de réduire les sources de stress dans l’habitat du béluga si on veut lui donner des chances de se rétablir », dit Robert Michaud.

Pêches et Océans Canada a imposé des mesures, comme un périmètre de sécurité, pour la tenue des travaux tout comme Québec, la semaine dernière.

Les mesures imposées par Québec (en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement) :

– S’assurer qu’aucun béluga ne se trouve dans un rayon de 540 m au moment des forages.
– Arrêter les travaux quand un béluga se trouve à proximité des travaux et mettre en place un moyen pour les détecter.
– Respecter le niveau de bruit subaquatique (moins de 120 décibels à 540 m) lors des forages et respecter le bruit maximal de 45 décibels aux limites de la résidence la plus proche.
– Limiter le trafic maritime à un seul aller-retour quotidien entre la plateforme et la rive.

« Aucune mesure d’atténuation ne peut nous assurer que les bélugas n’éviteront pas le secteur. » — Robert Michaud

Projet d’oléoduc Énergie Est

TransCanada prévoit construire un port pétrolier à Cacouna. Un tronçon d’oléoduc doit traverser le Kamouraska et le Témiscouata. 

L’oléoduc de 4600 km transporterait quotidiennement plus d’un million de barils de pétrole brut de l’Ouest canadien jusqu’à des raffineries et des terminaux au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Le projet prévoit la conversion d’un gazoduc existant de TransCanada, puis la construction d’un oléoduc sur le reste du parcours en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Des scientifiques, des environnementalistes et des citoyens sont opposés à l’installation de l’oléoduc. Certains ont marché 700 km, à travers le Québec, pour contrer le projet.

Au final, l’Office national de l’énergie recommandera au gouvernement fédéral de réaliser le projet ou de le rejeter.

Source, vidéo & entretien avec Robert Michaud :  radio-canada.ca (27.08.14)

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Plus d’infos sur l’espèce & fiche pédagogique téléchargeable :Le béluga

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