Une étude observe que ce phénomène coïncide avec le développement de la pêche industrielle. Les petites espèces, moins exposées aux grands prédateurs, se mettent à pulluler.

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C’est un nouveau signe alarmant de la perte de biodiversité accélérée qui touche la planète et tout particulièrement ses océans : les stocks de gros poissons ont chuté des deux tiers en un peu plus d’un siècle, entre 1880 et 2007, en raison de la surpêche, signale l’Institut de recherche pour le développement (IRD) dans une étude rendue publique mardi .   Le constat dressé par l’équipe de recherche internationale, qui a passé au crible plus de 200 modèles d’écosystèmes océaniques sur l’ensemble du globe, est celui d’ « un effondrement des stocks de thons, mérous, requins et autres prédateurs supérieurs, avec des conséquences en chaîne à une échelle globale, tant sur les réseaux alimentaires que sur l’équilibre des écosystèmes ». La régénération assez spectaculaire des thons rouges de Méditerranée mérite donc d’être sérieusement relativisée . La survie de cette espèce est très menacée ailleurs, dans l’Océan Pacifique et l’Océan Indien notamment.

Conséquences en cascade sur la chaîne alimentaire

Autre fait très marquant, « ce déclin s’accélère ». Selon les experts de l’IRD, « plus de la moitié (54 %) de cette perte de biomasse » s’est produite au cours des 40 dernières années. Inutile de chercher très loin l’erreur, le début de cette période correspond en gros au démarrage de la pêche industrielle dans les années de 1970. L’étude de l’IRD n’y va pas par quatre chemins  : « thons, mérous, raies, requins, espadons… sont les mets préférés des consommateurs, incitant les pêcheurs à prélever ces grandes espèces marines. »Ils ont tendance à pêcher ces poissons « à forte valeur économique »jusqu’à épuisement des stocks et « nombre de ces espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction ».

Selon la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), première organisation environnementale mondiale –regroupant agences gouvernementales, experts et ONG–, 12 % des espèces de mérous, 11 % des thonidés et 24 % des requins et des raies sont menacés d’extinction. L’IRD souligne que « la perte de ces prédateurs supérieurs a des conséquences en cascade sur la chaîne alimentaire », perturbant « l’équilibre des populations de leurs proies – petits poissons, méduses, etc. – qui, elles, prolifèrent ». Sardines et anchois se sont ainsi mises à abonder et ce jusqu’à un doublement de leur population au siècle dernier.

On est ainsi passé au cours du 20e siècle « d’océans peuplés pour une large part de grandes espèces à des espaces dominés par les petits poissons », à la durée de vie courte et plus vulnérables aux fluctuations de l’environnement, conclue l’IRD.
Source :  lesechos.fr (26.11.14) Source  photo :  wikipedia.org 
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