Les ministres européens chargés des dossiers de la pêche se sont mis d’accord mardi soir sur les quantités de pêche autorisées pour 2015, un accord salué par la Commission comme un premier pas pour reconstituer des stocks durables. Mais pour autant de ne pas baisser fortement les quotas de capture pour l’année 2015, donnant ainsi des gages aux professionnels. Pourtant, plus de 40 % des stocks de poissons sont surexploités.

640px-Theragra_chalcogramma_fishing.jpg
 

Modeste diminution des quotas de pêche européens

La politique commune de pêche (PCP) réformée en 2013 pour lutter contre la surexploitation des ressources halieutiques « a réussi son premier test », s’est réjoui le commissaire européen chargé du dossier, Karmenu Vella, dans un communiqué publié à l’issue de deux jours de négociations.

« Certains Etats membres ont pris des engagements très précis pour adopter des mesures afin d’alléger la pression sur certains stocks à un niveau déjà critique et pour prendre des mesures additionnelles, y compris une réduction (des prises), si celles qu’ils proposent ne s’avèrent pas satisfaisantes », a-t-il souligné.

Les décisions prises mardi « ouvrent la voie à une nouvelle amélioration de l’état des stocks européens de poisson au bénéfice des pêcheurs », a insisté M. Vella.

Un accord sensé garantir l’exploitation durable et responsable des ressources

La Commission invoque les prescriptions de la PCP réformée pour lutter contre la surexploitation des ressources halieutiques, affectant 40% des stocks en Atlantique et Mer du Nord. Celle-ci prévoit que les taux de captures (TAC) soient fixées de manière à assurer la pérennité des espèces d’ici 2020, et dès que possible à partir de 2015, tout en tenant compte de l’impact socio-économique. L’accord a également été salué par les services du ministre français de la Pêche, Alain Vidalies, comme permettant « de garantir l’exploitation durable et responsable des ressources, tout en préservant la durabilité socio-économique du secteur ».

« Sur la sole de Manche Est, stock le plus débattu, la baisse finale est ramenée à 28% » alors que la Commission « proposait initialement une baisse de 60% », a-t-il précisé dans un communiqué. Parmi les autres résultats salués par la France figurent, en Mer Celtique, une baisse du TAC « limitée à 12% pour l’églefin et à 26% pour le cabillaud grâce à l’adoption de mesures de sélectivité renforcées ».

Des ONG partiellement entendues

« Pour la sole du Golfe de Gascogne, le TAC a été reconduit, à savoir 3.800 tonnes, malgré une proposition initiale de baisse de la Commission », indique aussi le ministère, qui souligne que pour les autres stocks de cette zone, « alors que la Commission proposait des baisses, la France a obtenu une reconduction des TAC pour la langoustine, le lieu jaune, la baudroie et le merlan ». Les TAC ont été reconduits pour toutes les zones concernant les raies, et la Commission s’est engagée à faire évaluer une nouvelle méthode de calcul par les scientifiques.

Aucun accord n’a été obtenu pour le bar, et les discussions doivent se poursuivre en 2015. La France fait partie des grands pays pêcheurs de l’UE, avec l’Espagne et la Grande-Bretagne. Son Premier ministre, Manuel Valls, avait assuré au début du mois que la France défendrait des TAC tenant compte de « l’impact économique sur la filière ». Il avait prôné de dépasser l’ »opposition stérile entre +les défenseurs des poissons+ et les +défenseurs des pêcheurs+ ».

Les pêcheurs français satisfaits des quotas, les ONG beaucoup moins

Les pêcheurs français se disent satisfaits mercredi de l’accord européen sur les quotas de pêche pour 2015 conclu mardi soir, alors que plusieurs ONG critiquent un « grave recul ».

Le Comité national des pêches (CNPMEM) estime dans un communiqué que la Commission européenne « a reconnu les efforts des pêcheurs français et la solidité de leurs propositions » et souligne l’efficacité de la « collaboration scientifiques/pêcheurs ».

Le conseil des ministres européens de la pêche a fixé comme chaque année les quotas de pêche pour l’UE, sur la base de propositions de la Commission. Le quota portant sur la sole de Manche, stock le plus débattu, a par exemple été abaissé de 28% alors que la Commission avait proposé une baisse de 60%, particulièrement redoutée par les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer où cette pêche a une grande importance. « 

Pour ce poisson, les pêcheurs français ont par exemple décidé de limiter la longueur des filets et de ne pas pêcher dans les zones où se trouvent des juvéniles. Pour l’églefin, dont la baisse de quota a été limitée à 12%, la sélectivité des engins de pêche a été améliorée pour limiter la capture des juvéniles.

Pour l’ONG Oceana, la décision des ministres européens constitue au contraire un « grave recul », estimant que les limites de captures fixées « dépassent les avis scientifiques dans la plupart des cas ».

Par conséquent, « le nombre de stocks exploités durablement baisse », passant de 27 à 18, fait valoir l’ONG.

Greenpeace estime pour sa part que les ministres de la Pêche « ont échoué à respecter les nouvelles règles » fixées par la nouvelle Politique commune des pêches (PCP). La réforme de la PCP vise notamment à lutter contre la surexploitation des ressources halieutiques affectant 40% des stocks en Atlantique et mer du Nord.

« Beaucoup de navires européens de pêche industrielle ont des antécédents épouvantables et doivent être surveillés de près. Beaucoup d’entre eux pêchent plus de poissons qu’ils ne peuvent en vendre », affirme Saskia Richartz, en charge de la politique des pêches européennes de Greenpeace, citée dans le communiqué.

Avec l’AFP

Source :  lesnewseco.fr (17.12.14) Source  photo :  wikipedia.org 
Actualité récente en rapport : 

Vidéo – La petite boîte de thon en aluminium provient-elle d’une pêche durable… ? 

Pêche : vingt bateaux-usines de l’UE mis au pilori par Greenpeace…

L’Assemblée nationale contre l’interdiction des filets dérivants…

Loading...