Au pied des gratte-ciel, slalomant entre les cargos… des dauphins roses. Une vidéo montre cette espèce rare, dont la survie est menacée par les activités humaines.

INSOUPÇONNÉ. Le port très industrialisé de Hong Kong possède un habitant insoupçonné : un dauphin rose (Sousa chinensis). Appelé dauphin blanc de Chine, ce mammifère naît gris avant d’atteindre sa couleur blanc rosé, une teinte qu’il partage avec son cousin sud-américain le dauphin de Boto (Inia geoffrensis), dauphin d’eau douce amazonien. Seulement voilà : activités industrielles et dauphin rose ne font pas bon ménage, comme l’explique Samuel Hung, président de la Société de conservation des dauphins de Hong Kong, dans une vidéo publiée par National Geographic le 6 mai 2016. « Nous sommes passés de 158 dauphins en 2003 à seulement 61 dauphins en 2014. Les chiffres sont encore plus bas en 2015, mais nous ne sommes pas encore en mesure de diffuser les données exactes« .

 

A Hong Kong, le dauphin blanc de Chine serait menacé, alertent les scientifiques.

A Hong Kong, le dauphin blanc de Chine serait menacé, alertent les scientifiques.

 

Difficile de concilier vie sauvage et activités urbaines

Perte d’habitat, pollution, bruit : les menaces qui pèsent sur ces animaux sont légion. La surpêche « diminue le nombre de proies et augmente le risque de rester piégé dans un filet de pêche« . La pollution, mesurée en fortes concentrations même chez les juvéniles, « peut supprimer le système immunitaire des dauphins et affecter leurs capacités à se reproduire« . Enfin, le trafic maritime perturbe leur sonar (le GPS intégré des Cétacés) et les collisions avec les bateaux peuvent causer leur mort. En résumé, difficile de concilier vie sauvage et activités urbaines dans le port de Hong Kong. Récemment, les conservateurs pointent du doigt la construction d’un pont reliant Hong Kong et les villes chinoises de Zhuhai et Macao. L’infrastructure de 30 kilomètres de long enjambera le delta de la rivière des Perles (Zhu Jiang, cours d’eau majeur dont le bassin versant mesure 400.000 km²), le territoire des dauphins. Ces derniers pourraient souffrir d’un stress supplémentaire, d’après les chercheurs. « Une de nos préoccupations majeures, explique Samuel Hung, c’est le faible succès reproducteur des dauphins à cause de la pollution. » Si ces dauphins se rencontrent aussi bien en Inde qu’en Malaisie ou vers l’Australie, la population qui réside à Hong Kong court un sérieux danger d’extinction, clament les acteurs pour la conservation de l’espèce. « Les dauphins roses peuplent nos eaux depuis longtemps, ils font partie de notre héritage, insiste Samuel Hung, qui étudie les dauphins depuis 20 ans et les considère comme des membres de sa famille. Nous voulons qu’ils continuent à utiliser Hong Kong comme une partie de leur territoire. En tant qu’ami, nous voulons les aider. C’est très important pour garder notre environnement aussi intact que possible. Pas uniquement pour notre propre bénéfice, mais aussi pour les générations futures. »

Les scientifiques espèrent leur éviter le triste sort qu’a subi feu le dauphin de Baiji (Lipotes vexillifer). Cette espèce d’eau douce habitait la rivière chinoise Yangtze. Victime indirecte de l’urbanisation, elle a été déclarée « probablement éteinte » en 2006 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Source, photo et vidéo : Sciences et Avenir, 10/05/2016

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