Le 6 juillet dernier, aux îles Féroé, 43 baleines pilotes ont été tuées au cours du premier « Grind » de l‘année. Toutefois, je m’adresse ici à ceux qui souhaitent voir la fin de cette pratique : le boycott actuellement encouragé n’est pas fondé et il est même contreproductif. Les propos haineux diffusés sur les réseaux sociaux et les propositions de boycott ne permettent ni d’apaiser la situation, ni de tendre vers l’arrêt de la chasse, en particulier dans les îles et les pays scandinaves où la solidarité est importante. De fait, nous obtenons l’effet opposé.

Le tourisme, créant un important afflux de capitaux dans le pays, entraîne automatiquement un changement. Les habitants s‘adaptent aux souhaits et aux besoins des touristes. Si, par exemple, les touristes demandaient l’ouverture d’un point de restauration rapide, ils obtiendraient tôt ou tard gain de cause. Ce n’est qu’une question d’offre et de demande.

Les touristes ont une influence bien plus importante à l’intérieur d’un pays qu’à l’extérieur. En Islande, par exemple, le «whale watching » (l’observation des baleines, ndlr) est une activité en plein essor qui a généré une vive opposition à l’encontre de la chasse à la baleine. En raison de la demande de participation à cette activité croissante, notamment de la part des touristes, les habitants ont réalisé que les baleines avaient beaucoup plus de valeur vivantes que mortes. Imaginez maintenant ce qui arriverait si les opérateurs de « whale watching » n‘avaient plus aucun client à cause du boycott ?

 

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Hard to Port a récemment publié le message suivant : « Hier, l’équipe de Hard To Port a rencontré le directeur général de North Sailing à Húsavík, au cours d’un entretien à la fois très instructif et agréable. L’entreprise est en train de transformer un ancien bateau de pêche en navire destiné à l‘observation des baleines. North Sailing travaille également sur un partenariat avec la chaîne de supermarchés Samkaup en vue de mettre un terme à la vente de viande de baleine dans ses enseignes. »

Les visiteurs des îles Féroé savent que ce petit pays n‘a rien en commun avec la Floride ou l’île de Majorque. Il n’accueille pas des millions de touristes et n’en a pas la volonté. L’affluence de touristes a toujours été limitée et parmi ces derniers, certains sont insensibles à toute forme de propagande.

Si vous voulez mettre un terme à la chasse à la baleine, laissez tomber vos préjugés sur « l‘ennemi », rendez-vous sur ces belles îles et parlez avec les gens. Les Féringiens sont ouverts et très amicaux, ils n’ont rien à cacher et abordent facilement le Sujet. Plus les touristes partageront leurs préoccupations et plus les Féringiens seront amenés à reconsidérer cette tradition. Nous devons travailler avec les habitants des îles et non contre eux. Certains sont absolument opposés au « Grind », mais la majorité reste neutre.

Comme l’a déclaré Jóan Pauli Joensen, auteur de La chasse à la baleine pilote aux îles Féroé :

« Sur les îles Féroé, les gens disent que rien n’échappe à l’oeil omniscient du touriste. Il peut facilement percevoir ce que les habitants ne voient pas, car ils n’ont pas le recul nécessaire face à leur propre culture. »

 

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Traduction française par Stella Ville et David Delpouy

 

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Source et captures d’écran : Ceta Journal, 15.07.2016

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