Article du DolphinProject – Traduit par Emelyne Van Der Beken pour Réseau-Cétacés :

Quand Imogen, sept ans, a mis une lettre dans sa valise pour l’emmener avec elle à Taiji, elle n’était pas certaine qu’elle serait lue.  Imogen est la plus jeune Cove Monitor au sein du Dolphin Project, et c’était la troisième fois qu’elle se rendait dans cette baie rendue célèbre par le film « The Cove ».  Le documentaire, récompensé par un Academy Award, permet à l’équipe d’informer le grand public sur les chasses aux dauphins.

Et lors du Japan Dolphins Day, le jour d’ouverture de la saison de chasse à Taiji, nous ne pouvions être plus heureuses d’avoir à rapporter une «baie bleue», sans dauphins capturés ou tués.

Mais ce ne fut pas la seule bonne nouvelle.

Bureau du Maire Kazutaka Sangen, de Taiji, Wakayama Prefecture Credit: DolphinProject.com

Bureau du Maire Kazutaka Sangen, de Taiji, Wakayama Prefecture – Credit: DolphinProject.com

L’étape suivante consistait à se rendre dans le bureau du maire de Taiji. La mission principale d’Imogen était de remettre une lettre à la personne qu’elle pensait être la plus à même de pouvoir mettre un point final au massacre des dauphins.  L’équipe, escortée par la police, a été reçue par deux membres du personnel qui ont demandé à connaitre le but de leur visite.  Ils ont ainsi appris qu’Imogen souhaitait remettre sa lettre au maire, ainsi que celles écrites par ses camarades de classe. Une rencontre de cinq minutes lui a été accordée.

Quelques secondes plus tard, Imogen, ainsi que sa mère, Vicki Kiely et Daniela Moreno, toutes deux cove monitors chevronnées pour le Dolphin Project, ont rencontré le maire de Taiji, Kazutaka Sangen. Et la rencontre supposée ne durer que cinq minutes s’est transformée en une conversation d’une vingtaine de minutes complètement inédite.

« Il s’est montré très chaleureux et souriait à Imogen, tout en nous serrant la main pour nous accueillir.  Le maire a ensuite lu la lettre avec l’aide d’un traducteur. Il a écouté Imogen qui lui a dit que c’était méchant et mal de tuer des dauphins. »  Vicki Kiely

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Les lettres d’Imogen et ses camarades de classe – Credit: Vicki Kiely

Imogen et ses camarades de classe ont réfléchi à la manière avec laquelle Taiji pourrait gagner de l’argent grâce aux dauphins, mais sans leur faire du mal.

« Je lui ai dit qu’il devrait dire aux pêcheurs d’utiliser leurs bateaux pour emmener les gens observer les dauphins et les faire payer. » Imogen

Le maire a écouté attentivement et a ensuite expliqué que Taiji était une ville de pêcheurs.

« Il n’est ni de ma responsabilité, ni de mon ressort de faire pression pour mettre fin à la chasse.  C’est le gouvernement japonais qui distribue les permis et autorise cette pratique.  Ils [les pêcheurs de Taiji] n’enfreignent pas la loi. C’est leur travail et leur moyen de subsistance. Tout ce que je peux faire est m’assurer qu’ils n’enfreignent pas la loi en tuant ou en capturant des dauphins qui ne figurent pas sur la liste ou qui font partie des espèces menacées.  C’est seulement dans ce cas de figure que je peux faire en sorte qu’ils soient punis. » Le maire de Taiji, Kazutaka Sangen

A notre grande surprise, il s’est ensuite levé et nous a fait une présentation à l’aide d’une grande carte de Taiji.

Le projet de Kazutaka Sangen pour sauvegarder les dauphins

Il nous a expliqué qu’une réflexion avait été lancée pour faire de l’élevage de dauphins rares ou menacés originaires de cette zone. Les dauphins seraient ensuite relâchés en mer ce qui contribuerait à leur régénération.  Un filet serait tiré et retiré selon les besoins de manière à ce que les dauphins et les baleines puissent aller et venir à leur guise.

Le maire de Taiji a pris tout le temps nécessaire pour nous expliquer son projet, dans l’espoir que nous comprendrions qu’il souhaite développer le secteur de l’éco-tourisme.

« Il a indiqué que beaucoup de personnes se font des fausses idées sur lui et sa ville, et a ensuite expliqué que les chasses sont soutenues par le gouvernement japonais.  C’est ce qui les rend légales et il ne peut rien faire contre ça. » Daniela Moreno

A la fin de l’entretien, le maire a demandé à Imogen quel âge elle avait, et lui a dit qu’elle deviendrait une actrice célèbre lorsqu’elle serait grande.  Il a été surpris d’apprendre que c’était sa troisième visite à Taiji.

« Nous avons expliqué que nous n’étions pas venues avec des intentions malveillantes, mais au contraire, que nous étions de bonne foi et que nous voulions améliorer la qualité de nos relations avec les habitants de Taiji de manière à mieux nous comprendre. » Vicki Kiely

L’équipe était inquiète au début et préoccupée par le ressentiment des habitants de Taiji à leur égard. Mais elle a été ravie par l’accueil du maire.

Veteran Dolphin Project Cove Monitor Vicki Kiely and her daughter, Imogen, watching the horizon for hunting boats Credit: DolphinProject.com

Les moniteurs vétérans de la Dolphin Project – Vicki Kiely et sa fille, Imogen, fixant les bateaux de chasse à l’horizon  – Credit: DolphinProject.com

 

« Le maire s’est montré tellement gentil et m’a donné en cadeau un sac super cool avec un dauphin et une baleine dessus. Je suis contente de l’avoir rencontré. » Imogen

« Je suis fière de ma fille, et de sa volonté et de sa détermination à rendre le monde meilleur. » Vicki Kiely

Toute l’équipe du Dolphin Project l’est tout autant.

 

Maire Kazutaka Sangen, de Taiji, Wakayama Prefecture – Credit: DolphinProject.com

La Lettre d’Imogen au Maire Kazutaka Sangen, de Taiji, Wakayama Prefecture – Credit: Vicky Riely

« Cher Monsieur le Maire,

Mon nom est Imogen. J’ai 7 ans. C’est ma troisième année de présence à Taiji pour vous supplier vous et les chasseurs d’arrêter de tuer des dauphins. C’est méchant et mal. Même moi je sais que c’est mal et je ne suis pourtant qu’une enfant. S’il vous plait, écrivez-moi […]. De la part d’Imogen ».

Source: Dolphin Project

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