En octobre 2015, le parc aquatique était ravagé par les intempéries. Aujourd’hui, Marineland affiche un nouveau visage, mais les ennuis judiciaires continuent.

Le nombre semble ahurissant. Entre 2015 et 2016, le parc aquatique Marineland, situé à Antibes dans les Alpes-Maritimes, a perdu près de 1 000 animaux, selon un calcul effectué à partir des documents de presse publiés par le parc d’attractions. L’année dernière, le dossier de presse affirmait que Marineland accueillait « près de 5 000 pensionnaires », sa nouvelle édition indique le nombre de 4 000 animaux. Que s’est-il passé en un an ? Pourquoi autant d’animaux manquent à l’appel aujourd’hui ?

Souvenez-vous : il y a un an, dans la nuit du 3 au 4 octobre, le premier parc marin d’Europe était submergé par une vague de 2 mètres qui ravageait à 90 % ses installations. Depuis, aucune donnée précise sur le nombre d’animaux décédés n’avait été donnée. Leur communication se limitait à évoquer de façon floue la perte de tortues, de loups de mer, de raies et de roussettes, de poissons exotiques d’aquarium, de poules, lapins, moutons et chèvres de la ferme pédagogique de Kid’s Island, adossée au parc. Seuls l’orque Valentin, décédée dix jours après les intempéries, et le dauphin Alizé, mort le 13 mai dernier, avaient eu droit à leur faire-part de décès officiel.

La perte d’animaux constatée aujourd’hui est-elle alors liée aux inondations de 2015 ? « Seule une centaine d’animaux sont décédés à cause des événements de l’année dernière, répond Élodie Cusse, attachée de presse du parc. Le reste (900 animaux, Ndlr) correspond à des décès naturels au cours de l’année, et des départs vers d’autres parcs. » Outre les décès, le groupe Marineland préfère insister sur le travail effectué par sa fondation : conservation, sensibilisation et recherche scientifique. En mai dernier par exemple, des tortues ont été mises à l’eau au Cap d’Antibes, afin d’étudier leur acclimatation en milieu naturel.

600 000 visiteurs depuis mars

Depuis la réouverture du parc le 23 mars, l’activité se maintient. Pas de chiffre d’affaires récent à communiquer, mais la nouvelle pédagogie animalière de Marineland aurait attiré près de 600 000 visiteurs. En revanche, les deux dernières alertes météo orange du mois de septembre ont rappelé de très mauvais souvenirs à la direction. Pour éviter une nouvelle catastrophe, des mesures de sécurité ont été mises en place. « Les pompes d’alimentation en eau des bassins sont désormais immergeables, explique Élodie Cusse. Et les installations électriques ont été rehaussées pour que l’eau ne les atteigne pas. »

Ces initiatives ne convainquent pas toutefois les associations de protection de l’environnement et des animaux. L’organisation Sea Shepherd cite à comparaitre Marineland, le 15 mars prochain, pour, notamment, « maltraitance animale involontaire ». Selon Sylvain Leroy, avocat de l’association, « la société Marineland avait déjà subi des dégâts similaires le 5 novembre 2011. La société n’a ainsi pas tiré les conséquences des erreurs qu’elle avait commises dans le passé. » L’avocat rappelle que le parc Marineland se trouve sur une zone géographique inondable.

Rapport d’analyses

Une enquête préliminaire, ouverte après une plainte déposée par les associations C’est Assez !, Réseau-cétacés et l’Aspas, est également en cours depuis décembre. Ces dernières dénoncent en partie la faiblesse de l’enquête sanitaire réalisée juste après les intempéries par l’équipe d’experts vétérinaires de la Direction départementale de protection des populations (DDPP) rattachée à la préfecture. « L’enquête a simplement souligné une préoccupation pour le bassin des orques, faisant fi de la demande d’analyse de l’eau », écrit le collectif dans son communiqué de presse.

Et c’est bien cette interrogation qui reste en suspens aujourd’hui : la préfecture a-t-elle réalisé des analyses de l’eau des bassins des animaux, notamment des orques, au lendemain des inondations ? D’un côté, la DDPP répond par la négative. De l’autre, Jon Kershaw, directeur animalier du parc, affirme le contraire. Interrogé en janvier dernier, il déclare : « Nous avons été contrôlés le lendemain de l’inondation par la préfecture et la DDPP, qui ont rédigé un rapport d’analyse. Je ne peux pas vous fournir ce rapport. Pourquoi je le ferais ? Je ne vous dois aucune explication. » Qui croire ? Un tel document permettrait de corroborer les analyses effectuées par Le Point en janvier dernier, qui avaient révelé une pollution aux hydrocarbures d’un cours d’eau traversant Marineland. La préfecture des Alpes-Maritimes n’a, elle, donné aucune réponse aux relances de la commission d’accès aux documents administratifs, saisie par Le Point.


Quand Marineland pollue en douce par LePoint

 

Source et vidéos : lepoint.fr, le 04/10/2016

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