Pourquoi certaines personnes et «cultures» tuent sans discernement d’autres animaux, des êtres sociables et attachés à leur famille, m’est incompréhensible.

Récemment, j’ai eu l’honneur et le plaisir de me rendre dans l’océan Pacifique pour observer les baleines et les dauphins. Pour être honnête, n’ayant pas le pied marin, j’ai dû rester à l’arrière du bateau tout au long de l’excursion. Pourtant, l’expérience a été magique car j’ai pu admirer les magnifiques dauphins qui se promenaient le long de la proue et la poupe du bateau.

C’était une expérience émotionnelle que de voir un grand groupe de dauphins communs, emplis de grâce et de beauté, nager dans l’eau. Il était facile de constater combien ces dauphins étaient grégaires tandis qu’ils surfaient le long de l’embarcation, avec le petit « pff » sortant de leurs évents. Je ne pouvais m’empêcher, depuis le bateau, d’admirer leurs acrobaties et leur ballet. C’était tout simplement magnifique. Il n’y a pas d’autre mot.

J’ai été émue jusqu’aux larmes, à plusieurs reprises. Cependant, j’en suis encore à me demander si c’était lié à mon amour pour les dauphins, ou à l’agitation de mon petit déjeuner dans mon ventre. Je pense que c’était dû aux dauphins.

 

Hélas, une fois notre merveilleuse expérience passée, la seule chose à laquelle j’arrivais à penser était comment, dans d’autres régions du globe, des personnes pouvaient partir en mer chercher des groupes de dauphins, pour d’autres raisons que l’observation et les admirer.

Au lieu de cela, ils sortent et les traquent dans de mauvaises intentions.

Ces dauphins qui nageaient à côté de notre bateau étaient amicaux, sociables et désireux de voir ce que nous faisions. Mais ce sont aussi ces traits de caractère, cette curiosité vis-à-vis de l’«autre», que certaines personnes recherchent dans ces « proies ».

Comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, à Taiji, au Japon, lors de la «saison de chasse» qui dure de septembre à mars, 12 bateaux sortent chaque jour en quête de dauphins, pour les rabattre dans une petite baie. Ils les tuent ensuite, ou les gardent captifs pour l’industrie du divertissement.

A Taiji, cette chasse est connue, dénoncée et diffusée en direct sur les réseaux sociaux, chaque jour durant six mois. Malheureusement, dans un endroit moins connu, aux îles Féroé, des centaines de dauphins (appelés globicéphales, ou baleines-pilotes) sont assassinés chaque année au nom de la « culture ». Ici, des gens du pays rabattent des groupes de baleines-pilotes, parfois de plus d’une centaine d’individus, pour les tuer … Pour le sport !

Oui, aux îles Féroé, le meurtre de baleines-pilotes et d’autres dauphins se pratique comme un sport, et des spectateurs de tous âges, des nourrissons aux personnes âgées, viennent assister  à ce carnage sanglant, tragique et odieux.

Des spectateurs de tous âges assistant au massacre de globicéphales aux îles Féroé / Photo : Erik Christensen, Porkeri – Source : Wikipedia

Il n’y a absolument aucune raison de tuer ces beaux mammifères. Comme chez les hommes, leur vie familiale est aussi importante, ils sont unis et ont besoin les uns des autres … Peut-être même plus, car ils sont ensemble 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et 365 jours par an.

Les îles Féroé sont une nation aisée, qui n’a pas besoin de viande de dauphin ou de baleine pour subsister. Il en va de même pour Taiji, au Japon. Dans les faits, on rapporte souvent que la viande de baleine-pilote n’est même pas consommée par les gens (et si c’est le cas, sa consommation est très dangereuse à cause du mercure, des PCB et autres sous-produits chimiques dangereux qu’elle contient). Par conséquent, la viande est soit utilisée pour nourrir d’autres animaux, soit rejetée à la mer. Alors se pose la question : « pourquoi assassiner ? »

C’est un génocide – c’est tuer sciemment et volontairement un autre être.

Le pire dans tout ça ? Ces meurtres sont pratiqués pour s’amuser ! Je ne peux pas imaginer comment quelqu’un peut tirer du plaisir en tuant. Tradition ou non, c’est inacceptable. Les traditions peuvent et doivent changer.

Il me semble impossible d’avoir une «tradition» impliquant chaque année le meurtre de centaines de ces merveilleux animaux sauvages, et de continuer à avoir des relations «normalisées» avec d’autres humains.

Sur notre bateau, les observateurs riaient et s’exclamaient joyeusement à la vue des magnifiques dauphins qui nageaient près de nous.

Il est tellement inconcevable d’imaginer le contraire. Une cruauté insensée et écœurante émanant de personnes bien décidées à tuer ces animaux. Ce n’est pas leur seule menace. Chaque jour, notre espèce tue directement et indirectement des animaux, à cause de nos habitudes alimentaires, nos bâtiments qui touchent le ciel, notre pollution, nos filets de pêche, et notre plastique.

Je veux seulement voir les gens apprécier la nature et les animaux.

Je suis fatiguée d’entendre les excuses, l’histoire du bouc émissaire.

Les dauphins, les baleines, et les autres animaux marins n’ont pas vidé la mer de ses poissons. L’homme l’a fait.

Avant l’arrivée de l’homme, les animaux se débrouillaient très bien pour s’autoréguler.  Les humains ont volé la vie de beaucoup trop d’animaux, et nous continuons à le faire … à volonté. Aujourd’hui, les prédateurs humains surpassent tous les autres prédateurs, et nous prenons bien plus que notre juste part.

J’ai déjà abordé le sujet dans «Can Taiji Rebrand Itself ?» (« Taiji peut-il reconstruire son image ? »). Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas seulement de Taiji, il s’agit aussi des îles Féroé, et de l’Afrique où le rhinocéros, les éléphants et les girafes risquent l’extinction à cause de la cupidité humaine. Il s’agit aussi de la Norvège, de l’Islande et du Japon qui continuent de violer le moratoire international sur la chasse à la baleine, sous les yeux de la Commission Baleinière Internationale (CBI). Il s’agit également de toute nation qui continue de ravager les forêts tropicales en quête de toujours plus de trésors cachés, étouffant et pillant notre planète et sa faune sauvage.

Je crois encore que si les chasseurs du monde entier regardaient vraiment le cœur, les yeux et l’esprit d’un animal, ils verraient en lui une belle histoire de vie. Pas seulement un vulgaire trophée fait pour être sur leur mur. Nous pouvons préserver et protéger ces belles vies, nous devons juste en avoir la volonté.

 

© Traduction : Léana Bàg & David Delpouy pour Réseau-Cétacés

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Source : Un article de Dana Ellis Hunnes – Publié le 18 Juillet 2017 sur le Huffington Post
Crédit photo de une : Wikimédia – Erik Christensen

 

 

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