Sur la presqu’île de Crozon, cinq dauphins et un phoque se sont échoués – sans explication particulière – au cours des deux dernières semaines. À chaque fois, le gestionnaire des espaces naturels de Crozon, Didier Cadiou, intervient avec sa mallette de « police scientifique ».

C’est assez rapproché pour être souligné. En à peine deux semaines, la presqu’île de Crozon a vu six mammifères marins s’échouer sur ses plages et rochers. Un premier dauphin le 20 juillet, à Kerloc’h. Un deuxième le 23 juillet, plage de l’Aber, puis deux autres, les 27 et 28 juillet, à Porzh Mel et Porzh Kregwenn, ainsi qu’un phoque gris, le 28 juillet, à Porslous, sur la commune de Telgruc-sur-Mer. Et lundi, au niveau de la pointe de Lostmarc’h, un cinquième dauphin. Six échouements de mammifères en onze jours, alors que la presqu’île ne connaît, habituellement, qu’une quinzaine d’échouements en une année entière.

« Je ne peux pas dire de quoi ils sont morts », commente Didier Cadiou, responsable des espaces naturels à Crozon, qui intervient pour chaque cadavre découvert. Il n’est sûr des causes du décès que pour un seul mammifère : « Il s’est pris dans des filets de pêche ». Pour les autres, « il peut y avoir une épizootie (maladie frappant, dans une région plus ou moins vaste, une espèce animale ou un groupe d’espèces dans son ensemble, NDLR) ou ils peuvent mourir de vieillesse », imagine-t-il.

Espèces protégées, ne pas toucher

À chacune des découvertes en presqu’île de Crozon, Didier Cadiou est appelé. Titulaire d’une autorisation du ministère de la Transition écologique et solidaire, il peut manipuler ces cadavres. Car ces animaux sont des espèces protégées qui, même décédées, le restent.

Lundi midi, pointe de Lostmarc’h, c’est un promeneur qui a prévenu les gendarmes, avant d’être orienté vers la mairie de Crozon. Premier conseil de Didier Cadiou en cas de découverte : « Il ne faut pas le toucher, car on ne sait jamais de quoi il est porteur ». En Bretagne, il faut prévenir Océanopolis (qui est l’organisme référent régional) ou le Parc naturel marin d’Iroise.

En presqu’île de Crozon, c’est donc Didier Cadiou, correspondant local avec un autre collègue, qui intervient. D’abord, il faut identifier l’animal, ainsi que l’espèce. « On le mesure, on compte les dents, on vérifie si le palais est creux… », détaille le responsable des espaces naturels. Selon la fraîcheur du cadavre et si les goélands, grands corbeaux ou renards, sont passés avant, c’est une tâche plus ou moins aisée.

Déjà 17 échouements en 2017

Avec sa mallette métallisée, type police scientifique, contenant scalpels et autres outils de prélèvements, Didier Cadiou extrait des morceaux de chair du cadavre, de l’estomac, des reins,etc. Des prélèvements qui sont ensuite envoyés à Océanopolis, au niveau régional, et au réseau Pelagis, au niveau national. Cela permet de savoir quelles sont les espèces qui longent nos côtes.

Lundi, pour le dauphin pris dans les rochers, au pied d’une falaise et dans l’ombre, impossible de s’approcher du cadavre pour en déterminer l’espèce. « Donc mystère », glisse Didier Cadiou qui, avec un téléobjectif, photographie l’animal. Impossible également d’évacuer ce dauphin, qui restera donc sur place. En temps normal, ce sont les services d’équarrissage de la mairie qui récupèrent la bête. De retour au bureau, il complète la fiche d’échouement pour ce « dauphin, sans précision ».

En 2016, 22 mammifères s’étaient échoués en presqu’île de Crozon. Cette année, après seulement sept mois et en prenant en compte les six de ces onze derniers jours, 17 échouements ont d’ores et déjà été référencés.

Source : Le Télégramme (31.07.17)

 

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