Dauphins ambassadeurs d’aujourd’hui…

Observations préalables à la lecture de ce chapitre concernant les caractéristiques particulières de chaque dauphin recensé :

•  Concernant le sexe : Certaines femelles ont hérité de surnoms masculins et vice-versa : en effet, les organes génitaux des dauphins étant internes, il est très difficile de différencier un mâle d’une femelle, sur une simple observation. Même explication pour ce qui concerne la mention « sexe inconnu ».

•  Concernant l’âge : L’âge des dauphins libres est très difficile à déterminer avec précision. Une observation de l’aspect extérieur de l’animal (taille, marques sociales, rides etc…) et de ses comportements (sexuel, social etc…) peut cependant donner une approximation. Parfois l’information est absente car inconnue. La mention « âge au moment des premières interactions » correspond à l’âge approximatif qu’avait le dauphin au moment où il a commencé à interagir.

•  Concernant le lieu : Le lieu indiqué correspond à l’endroit régulièrement fréquenté par l’animal, là où les interactions sont intenses.

Encore une petite précision concernant ce que je qualifie de « comportement à connotation sexuelle » : je ne les ai pas énumérés pour chaque dauphin puisque d’une manière générale, ils sont similaires chez la plupart des mâles : pénis en érection* qu’ils frottent contre les nageurs ou certains objets – et chez la plupart des femelles, lesquelles se frottent les parties génitales contre les cordages ou autres.

* Les organes sexuels des dauphins sont internes mais le pénis du mâle est visible lorsqu’il est en érection.

Ces agissements caractérisent un état de manque sexuel. En revanche, cet état d’excitation pourrait également être apparenté à un comportement normal de l’espèce lorsqu’elle prend plaisir à jouer.

•  JOJO (Tursiops, mâle, âge au moment des premières interactions : jeune, Bahamas puis Iles Turks et Caicos, 1980) :

Il est fait état de deux versions plausibles quant aux raisons de l’apparition de Jojo à proximité des hommes :

•  il se serait évadé d’une base militaire de Floride dans laquelle il était détenu à des fins de dressage,

et/ou

•  il se serait retrouvé piégé dans un filet avec l’un de ses jeunes congénères.

Dans un premier temps, Jojo s’est contenté de suivre les bateaux tout en sollicitant, de manière épisodique, les nageurs. Mais lorsque ces derniers tentaient de le toucher ou de l’approcher, il les mordait ou bien donnait des coups de rostre assez violents.

Il a fallu attendre 1985 pour qu’il commence réellement à interagir avec les hommes. C’est à ce moment que Dean Bernal est devenu son ami et qu’ont débuté les interactions entre les deux protagonistes et le chien de Dean Bernal.  C Jojo.jpg

Jojo a commencé à suivre Dean tout d’abord de loin, puis de plus en plus près, jusqu’à ce que le dauphin finisse par nager à ses côtés. « Je n’ai jamais tenté de le toucher, raconte Dean, mais de temps en temps, le dauphin me touchait ». Au cours de leurs longues promenades ensemble, ils ont rencontré des requins, des raies manta, de temps en temps des baleines à bosse. Dean écoutait Jojo imiter le chant des baleines. De temps en temps, Dean faisait une pause en surface, et chantait à son tour. Rien de bien extraordinaire ; seulement quelques bribes d’une chanson. Jojo se dressait à la verticale et l’imitait. C’est ainsi que les deux mammifères chantaient au milieu de l’océan.

Source : « Dauphins » de Tim Cahill.

Jojo, qui fait a priori toujours partie de l’actualité des dauphins ambassadeurs, est très joueur, et son ami humain en a été la victime plus d’une fois puisqu’un jour le dauphin lui a lancé… un requin à moitié assommé !

Une autre fois, Jojo n’a pas hésité à dérouter une baleine à bosse et à la rabattre vers Dean Bernal !!!

Au début des années 1990, à la suite des blessures qui lui ont été régulièrement infligées par les engins maritimes à moteur (plaies sur le corps, œil percé… Voir le lien suivant : Dauphin Libre) il a été décidé que le dauphin bénéficierait d’une protection officielle, d’autant plus qu’il avait établi sa résidence à proximité d’un complexe Club Méditerranée.

Dean Bernal est chargé de veiller au respect de la mesure. «  Lorsque Jojo est blessé, raconte Dean, il me cherche, en général »… Lorsqu’il a besoin de soins, Dean essaie de trouver une plage isolée, à l’abri des regards. Il choisit un endroit tout près du rivage, dans 30 centimètres d’eau, et appelle Jojo avec des sifflements ou des signes de la main qu’il s’emploie à garder secret : « sinon, les gens m’imitent pour pouvoir jouer avec le dauphin. Jojo n’obtient pas ce qu’il souhaite et cela rompt la confiance entre nous. Notre relation repose sur cette confiance réciproque ».

Source : « Dauphins » de Tim Cahill.

La protection que Dean Bernal manifeste à l’égard de Jojo semble également réciproque : Dean travaillait sur un film traitant de la plongée en apnée, et Jojo regardait, toujours aussi curieux. Ils étaient sur des fonds de 60 mètres de profondeur un jour où la visibilité subaquatique était supérieure à 60 mètres . Les réalisateurs étaient sur le bateau. Seul Dean se trouvait dans l’eau lorsque surgit un énorme requin-marteau. Dean entendit des cris d’alerte à son intention venant du bateau, et il vit le requin approcher lentement, à seulement trois mètres de distance : un œil et une narine à chaque extrémité de la tête en arc de cercle, laquelle mesurait bien un mètre de large. Les requins-marteaux sont réputés pour être de dangereux mangeurs d’hommes, des prédateurs habiles et efficaces. « En voulant faire demi-tour vers l’embarcation je me suis cogné dans Jojo, raconte t-il en riant. Je pense qu’il se cachait derrière moi pour échapper au requin ». Puis tout s’est passé très rapidement. Jojo nageait devant Dean tandis qu’il regagnait le bateau. Soudain, Dean sentit une brûlure dans le bas de sa jambe et lorsqu’il se retourna pour regarder, sa peau était éraflée, comme s’il était tombé et qu’elle avait frotté le trottoir. Comment le requin l’avait-il touché ?Dean regarda vers le bas, Jojo se tenait dans l’eau à la verticale, la tête appuyant contre le dos du requin pour le faire descendre. Le poisson se débattait mais Jojo gardait le contact, plutôt du côté de la tête du requin que de la queue. Dean observa Jojo qui entraînait le prédateur vers le fond. Ils soulevèrent le sable lorsque le requin toucha le plancher marin. Dean avait rejoint le bateau, mais seulement pour se saisir de sa petite caméra vidéo. Il a des images du requin-marteau qui s’enfonce dans le sable. Puis le requin remonta, suivi de près par Jojo qui se maintenait juste derrière l’une des expansions latérales de sa tête, dans la zone aveugle de l’animal. De temps en temps, Jojo venait devant l’agresseur pour le distraire et le provoquer. Et chaque fois que le requin s’approchait à moins de 20 mètres de Dean, Jojo reprenait sa position verticale et le repoussait vers le fond. Cela a duré environ 10 minutes, preuves cinématographiques à l’appui. Pour Dean, ce fut comme s’il regardait un corbeau harceler un faucon, « sauf que c’était un peu plus sérieux ». Le requin, agacé et distrait, finit par s’éloigner, Jojo fit alors un arrêt à une vingtaine de mètres de Dean et se mit à émettre quantités de sons, sans doute pour vérifier avec son système de sonar si le requin était toujours dans les environs. Apparemment rassuré, il s’approcha ensuite de Dean et nagea en cercle autour de lui un certain temps.

Source : « Dauphins » de Tim Cahill.

Jojo a été observé, à plusieurs reprises, en compagnie de congénères sans avoir pour autant ré-intégré un groupe…

The Jojo Dolphin and Whale Projects

• FUNGIE/DORAD  (Tursiops, mâle, âge au moment des premières interactions : à priori jeune, Baie de Dingle – Irlande, 1984, voire 1983) :

C Fungie 1.jpg

Fungie s’est établit dans la Baie de Dingle, non loin d’un groupe de congénères sédentaires. Son arrivée correspondant à la découverte de la dépouille d’un dauphin piégé dans un filet de pêcheurs, a laissé penser qu’il s’était retrouvé seul suite au décès de sa mère.

L’observation de marques de dents sur son corps a démontré des contacts avec d’autres dauphins. Il aurait également été observé, à plusieurs reprises, jouant avec un autre dauphin ambassadeur Dony/Randy.

Fungie, d’un naturel amical et joueur, s’est initialement intéressé aux embarcations et a pris pour habitude de les suivre. Il s’est ensuite intéressé aussi bien aux hommes qu’aux phoques. Cependant les interactions avec les hommes sont limitées du fait de la basse température de l’eau, ceci n’empêche pas les foules d’affluer pour le rencontrer !

A la plus grande joie de tous, Fungie se livre spontanément à des cabrioles. En revanche, il n’accepte pas les offrandes de poisson, même si lui n’est pas le dernier à en offrir à ses visiteurs (la Baie de Dingle regorge de poissons) ! Lorsqu’il est mécontent, il émet des bulles. Par contre lorsqu’il est content il défèque* ou vomi… (observations faites par Brain Holmes, qui a l’habitude d’interagir avec lui).

* Selon Wade Doak, le fait qu’un dauphin défèque en présence de nageurs pourrait être interprété comme un signe de bienvenue.

Fungie réside toujours dans la Baie de Dingle, ce qui fait de lui le plus sédentaire des dauphins ambassadeurs. Cependant, même s’il est le dauphin le plus visité au monde, il semble s’intéresser beaucoup moins aux nageurs et revenir à ses premières amours  : suivre les bateaux !

Octobre 2004 : Suite à une visite sur les côtes irlandaises, Fabienne, Membre de Réseau-Cétacés, nous a livré les renseignements suivants : Fungie était assez calme, pas de sauts…. Il suivait de temps en temps le bateau à vive allure et parfois il se retranchait dans son coin mais il a été dans l’ensemble très coopératif à la rencontre !


Pour suivre l’actualité de Fungie : Fungie Forever

•  BILLIE/BILLY(Tursiops, femelle, âge au moment des premières interactions : très jeune, port fluvial d’Adelaïde – Australie, 1987) :

Billie, initialement prise pour un mâle – d’où la double orthographe de son surnom – est apparue en compagnie de sa maman, laquelle restait distante vis-à-vis des hommes. Lorsqu’elle s’en est allée, Billie est restée dans le fleuve.

Elle avait pour habitude de nager avec des chevaux de courses amenés sur place par un certain Monsieur Sandford, entraîneur équestre, qui se promenait lui-même en barque, accompagné de son chien ! Les chevaux, dans un premier temps intrigués, ont finalement bien accepté la présence de la dauphine à leurs côtés. Présence qui était devenue si habituelle que le jour où Billie a disparu, les chevaux ont, paraît-il, hésité à se mettre à l’eau…

Billie était-elle partie intégrer un groupe de dauphins vers le large ?

La réponse à cette question n’est intervenue qu’en 1992, lorsqu’une dauphine a été retrouvée échouée, mais vivante, à une vingtaine de kilomètres du lieu où évoluait Billie. Après avoir repris suffisamment de forces, la dauphine a été ramenée vers le large par Mike Bossley* qui a alors pris une photo de la nageoire dorsale de l’animal et l’a baptisé Pat.

*Mike Bossley, australien, est une personnalité de la Cétologie, spécialiste des relations homme/dauphin.

Une information capitale a ensuite mis la puce à l’oreille de Mike Bossley : Pat a été observée en train de nager avec un cheval ! Il a donc comparé la photo de la nageoire dorsale de Pat avec celle de Billie, il s’est ainsi rendu compte qu’il s’agissait du même dauphin !

Juillet 2003 : Nous avons obtenu quelques nouvelles de la dauphine par l’intermédiaire de notre amis, Natacha Zana : Aujourd’hui Billie, ne s’approche plus autant des hommes, elle continue cependant de suivre les bateaux, restant parfois de longs moments à nager autour. Elle évolue en compagnie de congénères et de son fils, devenu un grand mâle, surnommé Rosso. Quant à son dernier delphineau, il est mort peu de temps après sa naissance, en février de cette année ou mars, sans doute à cause de la pollution. C’est d’autant plus dramatique que Billie a perdu tous ses bébés sauf Rosso le miraculé…

Février 2004 : Nous venons de recevoir une information selon laquelle Billie vient une nouvelle fois de perdre le delphineau qu’elle a récemment mis au monde…

•  DUSTY (Tursiops, femelle, âge au moment des premières interactions : 5 ou 6 ans, Comté de Clare – Irlande, 2000) :

Dusty, qui affiche un comportement timide, a d’abord été observée à Doulin puis s’est établie à Fanore. C Dusty 1.jpgLe climat et la température de l’eau, lors de la période hivernale, ne favorisent pas vraiment les interactions et laisse quelques moments de répit à la dauphine, même si l’une de ces fidèles amies, Ute Margreff, nage régulièrement avec elle. En revanche, lorsque les beaux jours reviennent, le problème de l’excès de visiteurs venus rendre visite à Dusty (traduction française : « poussiéreuse ») se pose systématiquement sans avoir pu être résolu à ce jour, sans compter qu’un second problème est venu se greffer : une ligne de ferry reliant Fanore aux îles d’Aran…

Gauthier Chapelle a eu l’occasion de rencontrer la dauphine du 29 octobre au 2 novembre 2002 et du 5 au 8 juin 2003, et livre le témoignage suivant : Plutôt que de suivre une trame chronologique, je voudrais écrire « à bâtons rompus » sur ces rencontres… Dire d’abord que Dusty s’apparente bien au « prototype » de la dauphine-ambassadrice. Essentiellement sédentaire (à Fanore depuis presque deux ans), et préférant la compagnie des humains à celle des dauphins. Elle appartient de plus clairement à une catégorie très familière : elle adore les contacts physiques. J’admets que j’ai délicatement initié le premier, mais comme le savent ceux qui ont nagé avec des dauphins, ce n’est possible que si le dauphin ne l’esquive pas. De toute façon, Dusty est incroyablement câline (même si Dony – voir le paragraphe qui lui est consacré – est encore plus avide de contacts physiques). Dusty est peu acrobatique. Elle saute relativement rarement hors de l’eau, et le réserve surtout à certains habitués. Par contre comme tous les dauphins, elle est très joueuse, en prend régulièrement l’initiative, et décide en tout cas des règles. Certains sont des classiques, comme de jouer avec une algue ou un sac en plastique qu’il s’agit de lui prendre. Elle jongle de façon experte entre son rostre, ses nageoires pectorales, dorsale et caudale… Elle vous laisse le prendre ensuite, mais revient vite à la charge. Elle aime aussi les poursuites/cache-cache autour des gros rochers. Toute accélération dans ses environs immédiats la fait sauter dans votre sillage (pour une fois qu’elle ne doit pas se traîner !), puis vous précéder… à ce jeu-là elle nous épuise vite ! Je l’ai vue aussi précéder ou suivre Keith Buchanan (de Irish Dolphins) lorsqu’il projette son corps le plus haut possible au-dessus de l’eau, grâce à sa monopalme… Dusty est très intéressée par les objets ou les sons qui sortent de l’ordinaire. C’est d’ailleurs en claquant deux galets l’un sur l’autre que nous lui signalons nos mises à l’eau, si jamais elle est absente. Elle arrive généralement dans la minute… Je l’ai vue passionnément absorbée dans l’examen (au sonar et au rostre) de mon petit appareil photo sous-marin, qu’elle essayait d’ailleurs de prendre par la lanière. Elle tirait doucement au début, plus fermement ensuite, mais n’a jamais insisté lorsqu’elle a senti que je ne le lâcherais pas. Et pour cause ! Par contre comme beaucoup d’ambassadeurs (mais pas tous !), Dusty n’aime pas qu’on s’accroche à sa nageoire dorsale. J’ai essayé une fois et elle s’est dérobée de façon très claire, je n’ai plus réessayé… Lors d’une visite antérieure, mon frère Grégor n’a pas pris les mêmes précautions. Devant son intérêt manifeste par rapport à sa ceinture de plomb (un matériau qu’elle ne doit pas rencontrer souvent), il l’avait détachée et « offerte ». Dusty s’était montrée d’une habileté impressionnante, réussissant à la « saisir » entre son évent et sa dorsale, la posant sur le fond, la reprenant ensuite (variante de l’algue). A un moment, elle s’est franchement éloignée, puis est revenue sans la ceinture. Mon frère était ennuyé et le lui a fait savoir. Elle est alors repartie et lui a ramené, mais sans la lui rendre ! S’épuisant à sa poursuite, quant tout a coup, il a vu qu’elle l’avait laissée échapper par 5 mètres de fond. Péniblement (pas ceinture de plomb + combi !), il a réussi à descendre, mais à l’instant où il allait la prendre, Dusty a surgi et la lui a saisie sous le nez avant de s’enfuir. Sa chance était passée ! Malgré quelques retours de la dauphine avec la ceinture, celle-ci est toujours quelque part dans les « coffres » de Dusty… Une autre anecdote impressionnante qui m’a été rapportée par mon frère et un de ses amis : lors d’une partie d’ « attrape-algues » avec un sac en plastique, tout d’un coup Dusty s’est enfilée le rostre tellement loin dans une poignée du sac qu’il coinçait sa bouche. Elle s’est tout de suite arrêtée pour venir ensuite présenter son rostre à Gaëtan, a calmement attendu qu’il lui retire le sac en plastique avant de recommencer son jeu… Dusty est aussi une nageuse qui surprend par son habileté à faible profondeur. Le tronçon de côte que nous employons pour les mises à l’eau est rocheux, donc facilement agité en dehors des jours de calme plat. La mer bat les rochers (heureusement assez lisses) plus ou moins fort et malgré cela, que ce soit pour nous accueillir, nous retenir quand nous nous apprêtons à sortir, ou simplement pour jouer quand nous sommes dans l’eau, elle n’hésite pas à venir contre les rochers. Lors d’un jeu avec Bryan, un habitué, je l’ai même vue poser son torse sur un rocher. Une autre fois, j’étais en train d’essayer de regagner le bord, j’étais dans un couloir, la mer me pousse, je lance une main dans l’écume pour me tenir à la roche, et c’est le corps de Dusty que je trouve ! Elle n’a pas sourcillé pour autant, dans ces tourbillons, c’était acceptable semble-t-il… Une autre fois encore, elle s’engage dans un étroit couloir fermé par la rive, et lorsque je la suis, elle effectue un demi-tour en sautant sur elle-même pour se remettre en direction de la sortie, sous mes pieds, avec une précision remarquable… Enfin, à marée descendante, lorsque le sable apparaît enfin, elle s’approche sans crainte jusque dans les derniers 50 cm . Dusty est attentionnée : lorsque plusieurs personnes sont à l’eau, elle prendra soin de régulièrement pousser une petite visite à chacun, même si elle passe plus de temps avec les uns ou les autres en fonction de ses préférences. Lorsque mes deux fils (3 et 6 ans) sont montés dans un petit bateau gonflable, elle s’est longuement intéressée à eux… En fait, elle ne les a pas lâchés (était-ce le bateau ou les enfants ?). Le bateau a été inspecté sous toutes les coutures, et encore une fois, elle a aussi essayé de me remplacer à la corde, et de tirer le bateau. Fort de l’expérience de mon frère avec sa ceinture de plomb, je n’ai pas là non plus osé lâcher la corde… Ensuite elle est venue de plus en plus à la surface et a fini par sortir sa tête complètement hors de l’eau pour se faire caresser par mon aîné. Lors de mon deuxième séjour, j’ai pu remarquer d’autres choses intéressantes. Par exemple que chaque habitué (il y en a une petite dizaine) a vraiment son style d’interactions avec Dusty, avec chaque fois initiative ou réponse personnalisée de la dauphine elle-même. Très câline avec Jane, un peu plus physique avec Ute, athlétique avec Mike, sautant derrière la monopalme de Keith, ou venant énergiquement à la rencontre des caresses… tout aussi musclées de Bryan. J’ai également remarqué qu’entre ces habitués et les hôtes de passage que moi ou d’autres sommes, il n’y a pas photo, et ce sont alors ses amis de longue date qui reçoivent le plus d’attention. Même si encore une fois, elle prend soin de n’oublier personne. Par contre, lorsque j’étais seul avec elle le matin, j’ai été étonné de l’intensité de ses demandes de contact, nettement plus intenses que lors de mon premier séjour. Avec le recul elle m’a vraiment donné l’impression non pas de me faire plus confiance, mais surtout d’avoir senti qu’elle pouvait me demander plus que la première fois sans que je m’effraie. Une fois en particulier, elle a vraiment demandé – et obtenu – un corps-à-corps contre les rochers, j’ai dû faire attention pour qu’elle ne me comprime pas trop les mains… Dusty a aussi ses moments où elle désire ne pas être dérangée. Plusieurs avertissements en chaîne lui servent à l’exprimer. Le premier est un grand mouvement de mâchoire, un « claquement de bec ». Je l’ai eu une fois alors que je m’approchais pour regarder ses retrouvailles avec Mike… Clairement j’étais de trop à ce moment-là. Elle me l’a fait une seconde fois alors qu’elle cachait un caillou et son algue sous son rocher favori (voir plus loin). Si cet avertissement n’est pas suffisant, elle pousse alors l’opportun à l’épaule (d’après un de mes amis). Et récemment elle a même fêlé les côtes d’une femme trop intrusive qui avait négligé les premiers avertissements… Une dernière anecdote qui m’a impressionné quant à ses capacités pour se faire comprendre ; lors d’une de nos rencontres tranquilles, Dusty m’apporte une longue algue poussant sur un petit caillou. Croyant reconnaître cette invitation classique au jeu, j’essaie d’initier une partie de jonglerie à deux. Mais elle reprend l’algue dans son rostre et me la ramène. J’essaie alors un autre classique et commence à la caresser en lui passant l’algue sur le corps. Mais ce n’est toujours pas cela qu’elle veut. Elle la reprend dans son rostre, la lâche, et passe en dessous de manière à se faire caresser non par l’algue mais par le caillou ! Quand je reprends le caillou et commence à la masser, elle se laisse complètement faire… Ce qui me conduit à mon dernier commentaire sur Dusty : comme beaucoup, j’ai vraiment senti que c’est bien le dauphin qui décide, et l’humain qui essaie de suivre…

Pour suivre l‘actualité de Dusty : Irish Dolphins , en anglais.

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