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Les dauphins d’Irrawaddy en danger…

Un nouveau rapport du WWF révèle que les pollutions du fleuve Mékong seraient responsables de la disparition des populations locales de dauphins d’Irrawaddy.

La population de dauphins d’Irrawaddy du Mékong Orcaella brevirostris se trouve sur un segment du fleuve de 190 km entre le Cambodge et le Laos. Or, depuis 2003, la population a subi 88 décès dont 60 % environ de jeunes de moins de deux semaines. Les dernières estimations font état de 64 à 76 individus. « Les autopsies menées sur les dauphins ont permis d’identifier une bactérie (Aeromonas hydrophila) responsable du décès des jeunes. Cette maladie ne serait pas fatale si les systèmes immunitaires des dauphins n’étaient pas affaiblis par des contaminants environnementaux », affirme le Dr Verné Dove, auteur du rapport et vétérinaire au WWF Cambodge.

Pesticides et PCB

Des analyses effectuées sur de jeunes dauphins morts ont révélé des niveaux élevés de pesticides tels que le DDT et des contaminants environnementaux tels que les PCB. Ces polluants risquent de poser des problèmes importants pour la santé des populations des rives du Mékong qui se nourrissent des mêmes poissons et boivent l’eau du fleuve. « Ces polluants sont largement présents dans l’environnement, et les sources de pollution pourraient affecter de nombreux pays traversés par le fleuve Mékong. Le WWF Cambodge mène des investigations pour déterminer les sources de ces contaminants environnementaux », ajoute le Dr Dove. Des niveaux élevés de mercure ont également été relevés sur certains cadavres. Or le mercure, provenant vraisemblablement des activités minières, affecte directement le système immunitaire rendant l’animal plus sensible aux maladies infectieuses. « Il est urgent de mettre en place un programme transfrontalier de prévention sanitaire pour éviter les maladies affectant les animaux et réduire le nombre de décès chaque année »  indique Seng Teak, Directeur du WWF Cambodge.

Consanguinité

Enfin un autre facteur de décès des dauphins est lié à leur diversité génétique limitée due à la consanguinité. « Les dauphins du Mékong sont isolés des autres membres de leur espèce et ont besoin de notre aide. De nombreux travaux montrent que si on protège leur milieu, les cétacés peuvent faire preuve d’une importante résilience »,  affirme Seng Teak.

Tout espoir de conserver cette espèce rare n’est cependant pas perdu. Les chercheurs du WCS (Wildlife Conservation Society) ont en effet annoncé la découverte il y a quelques semaines, d’une importante population de dauphins de l’Irrawaddy dans les eaux profondes de la jungle du Bangladesh. Selon l’estimation de ces scientifiques, ces eaux compteraient pas moins de 6.000 individus dans la forêt de mangroves des Sundarbans et les eaux proches de la baie du Bengale. Pour rappel, les dauphins d’Irrawaddy du Mékong sont inscrits depuis 2004 sur la liste rouge de l’UICN comme en danger critique d’extinction. Au-delà des problèmes de pollution, les spécialistes de cette espèce rare craignent leur disparition à relatif court terme si rien n’est fait, notamment à cause de prises accidentelles dans les filets de pêche.

Source : Enviro2B (22.06.09)

 

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