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Le cachalot Tryphon s’est échoué…

Alors qu’une opération de sauvetage avait été menée il y a quelques semaines afin de le libérer d’un agrès de pêche, le cachalot Tryphon a finalement été retrouvé échoué…

Triste fin pour le célèbre cachalot Tryphon, pris dans des câbles de casiers à crabe dans la baie de Sept-Îles le 9 juin, puis aperçu le 23 juin, flottant mort au large de Pointe-au-Père, et qui s’est finalement échoué à l’Île-St-Barnabé.
La carcasse, retrouvée par des touristes sur la plage au bout de l’île, a été sécurisée mercredi pour éviter qu’elle ne reparte avec la marée. Des opérations ont suivi pour documenter les blessures et l’empêtrement et récupérer les mâchoires et les cordages qui l’entourent.

Exploramer et le Groupe de Recherche et d’Éducation sur les Mammifères Marins (GREMM) évaluent la faisabilité de récupérer la carcasse, une opération audacieuse en raison du lieu d’échouage.

Rappel :

Le cachalot avait repris le large en mi-journée du 10 juin, vigoureux, mais traînant toujours des câbles et des bouées. Puis il avait été repéré le 15 juin au large des Bergeronnes, traînant toujours des câbles. Une tentative pour essayer de le désempêtrer avait été faite par le GREMM, le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, Pêches et Océans Canada et la Station de recherche des îles Mingan (MICS). L’incident avait été signalé à Urgences Mammifères Marins (1-877-7 baleine).

Selon le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins, le cachalot était reconnu par des encoches sur la bordure de sa queue comme étant Tryphon, lequel fréquentait l’estuaire du Saint-Laurent depuis 1991. Chaque année, résidents, croisiéristes et chercheurs guettaient son retour.

Source : progresecho.canoe.ca – Publié le 11 Juillet 2009
Photo de une : WallPapersCraft

La fin tragique de Tryphon le cachalot, le 23 juin, mettait fin à une amitié qui durait depuis 18 ans entre le grand mammifère marin et ceux qui ont observé sa présence durant pratiquement deux décennies. Au bout du fil, j’avais récemment Robert Michaud, un biologiste, membre fondateur il y a 25 ans du Groupe de Recherche et d’Éducation sur les Mammifères Marins (GREMM) et toujours son directeur scientifique, qui a été témoin de la première présence de Tryphon dans le Saint-Laurent, en mai 1991, aux Bergeronnes. C’est avec beaucoup d’affection, et j’ajouterais avec beaucoup d’émotion, que ce scientifique parle des efforts qui ont été déployés pour essayer de trouver et de sauver Tryphon. Pour lui, c’était la mobilisation naturelle qu’on déploie pour venir en aide à un mammifère marin en difficulté, mais celle-ci prenait une dimension particulière parce que c’était Tryphon, le premier cachalot recensé dans le Saint-Laurent. Robert Michaud a été un témoin privilégié de cette première présence du grand cachalot dans le fleuve.

En ce matin de printemps 1991, Tryphon a montré le bout du nez, ou devrais-je dire de la queue, dans la région des Bergeronnes, prenant tout le monde au dépourvu. Les embarcations du groupe de M. Michaud n’étaient même pas à l’eau et on a dû emprunter d’autres embarcations pour aller l’observer. À ce moment, on a en fait les premières photos. Puis, année après année, sauf à quelques exceptions, Tryphon revenait dans son territoire. Et au fil des ans, il était accompagné de plus en plus de cachalots. À un certain moment, Robert Michaud en a compté une quinzaine qui avaient fait le voyage avec Tryphon. Lors de son observation, ils étaient tous collés les uns aux autres, offrant un spectacle grandiose. C’est un autre membre fondateur du GREMM qui a donné le nom de Tryphon au grand cachalot. Lors des premières observations, on avait remarqué que son lobe droit avait deux grandes entailles qui rappelaient la coquille ouverte d’une fleur de tournesol. Alors, en l’honneur du Professeur Tournesol, dont le prénom est Tryphon, on a ainsi baptisé le mammifère. D’ailleurs, tous les cachalots du Saint-Laurent ont un nom inspiré des personnages de la bande dessinée Tintin, créée par Hergé. Outre Tryphon, il y a aussi Bianca, Rackham et une trentaine d’autres. « Pas encore de Tintin ni de capitaine Haddock », précise Robert Michaud. Cette façon d’identifier les cachalots par leurs marques naturelles et de leur donner un nom permet de les suivre tout au long des années et de toujours en connaître un peu plus sur leurs coutumes. Au GREMM, basé à Tadoussac, on peut vous raconter l’histoire de chacun d’eux.

Jacques Samson, Le Soleil

 

 

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