Opérateurs du projet Sakhaline, à l’est de la Russie, Shell et Gazprom ont accepté de suspendre leur prospection sismique pendant l’été. Le bruit chassait les cétacés de leur aire nourricière, menaçant la survie de l’espèce. Exxon, Rosneft et B.P n’ont en revanche pas voulu écouter les appels des scientifiques et du grand public. Il s’agit d’une victoire de la concertation entre scientifiques indépendants et compagnies pétrolières, par l’intermédiaire d’une ONG et avec l’aide de la pression financière des banques.
Il aura fallu plus de quatre ans de frottements, confrontations, discussions et recommandations plus ou moins écoutées, voire totalement ignorées, pour que le Panel de conseil scientifique sur la baleine grise occidentale (Western Gray Whale Advisory Panel) parvienne à faire admettre la nécessité à Shell, Gazprom et aux autres membres du consortium de Sakhaline Energy Investment Company (Mitsui et Mitsubishi) de suspendre leurs tirs d’explorations sismiques de juillet à octobre 2009, saison où les baleines viennent se nourrir sur les côtes des Iles Sakhaline. La région connaît en effet une grosse activité pétrolière offshore depuis que l’énorme chantier Sakhaline II y a débuté, en 2003. C’est non loin de là, dans le lagon de Pitlun, que les baleines viennent faire leur réserve de graisse pour la période de reproduction, qui suivra, en hiver, dans une autre région, toujours inconnue à ce jour.
« Faibles chances de survie » La baleine grise occidentale est l’une des espèces les plus menacées au monde. On l’a même crue éteinte entre les années 1950 et 1970. On en compte aujourd’hui 130 individus dont seulement 25 à 30 femelles en âge de procréer. «Sa petite population laisse une faible chance de survie à l’espèce si les activités industrielles continuent» prévenait l’ONG internationale Pacific Environment en juin. Or Exxon, Rosneft et British Petroleum ont continué leurs activités cet été, malgré l’avertissement des scientifiques et une pétition de 50 000 signatures collectée par WWF au printemps et envoyée aux directions des groupes. Or les banques veillent, via des consultants indépendants sur place aux pratiques vis à vis de l’environnement. Les prêts ont été accordés en 2008, mais «si les conditions n’étaient pas remplies […] et aucune solution satisfaisante n’était trouvée, le prêt deviendrait exigible» précise Patrick Bader, responsable du développement durable du pôle investissement de BNP Paribas, l’un des prêteurs.
Source : viepaysage.canalblog.com