SYDNEY : Le Japon doit cesser de chasser la baleine sous peine de se voir traîner devant les tribunaux internationaux, a averti vendredi le Premier ministre australien Kevin Rudd, à la veille d’une visite du chef de la diplomatie nippone en Australie.
M. Rudd a assuré que Canberra allait « travailler avec les Japonais afin de ramener, par la voie de la négociation, le nombre de leurs prises à zéro ».
« Si nous n’obtenons pas cet accord par la voie diplomatique, laissez-moi vous dire que nous saisirons la Cour internationale de justice », a-t-il cependant averti, lors d’un entretien à la chaîne de télévision Channel 7.
Cet ultimatum survient à la veille d’une visite du ministre japonais des Affaires étrangères, Katsuya Okada.
« La pêche à la baleine du Japon est à but scientifique, légale, réalisée dans des eaux internationales en vertu d’une convention internationale », a rappelé M. Okada lors d’une conférence de presse à Tokyo. « Je vais expliquer la position du Japon lors de ma rencontre avec le Premier ministre Rudd ».
Il a ajouté vouloir évoquer « ce sujet calmement, car la relation bilatérale Japon-Australie est très importante ».
L’Australie entretient des liens économiques étroits avec Tokyo, son premier marché d’exportation.
Le Premier ministre australien a précisé que son pays disposait de preuves en images sur l’expédition annuelle des baleiniers nippons dans les mers du Sud.
Le Japon pêche les cétacés au nom de la « recherche scientifique », une pratique tolérée par la Commission baleinière internationale qui proscrit la chasse commerciale. La chair des baleines tuées termine toutefois dans les assiettes de l’archipel.
Cette pêche est perturbée depuis des années par les écologistes de l’association Sea Shepherd qui envoient leurs propres bateaux sur zone.
Un trimaran ultra-rapide des militants, l’Ady Gil, a coulé après une collision le 6 janvier avec le Shonan Maru 2, un des navires de la flotte nippone, et lundi, le capitaine du bateau détruit, le Néo-Zélandais Peter Bethune, a réussi à s’introduire à bord de ce baleinier pour protester.
Selon Sea Shepherd, M. Bethune a demandé au capitaine du baleinier de « se rendre » pour « tentative de meurtre des six membres » de l’Ady Gil et lui a remis une facture de trois millions de dollars pour la destruction de son bateau.
Le Shonan Maru 2 a depuis quitté le reste de la flotte baleinière, toujours active dans l’Antarctique, pour emmener M. Bethune au Japon et le remettre aux autorités qui envisagent des poursuites judiciaires.
Joint au téléphone vendredi par le consul de Nouvelle-Zélande au Japon, M. Bethune a fait savoir qu’il voulait rester à bord du baleinier et faire route jusqu’à l’archipel, a expliqué M. Okada.
Les militants affirment avoir sauvé la vie de centaines de baleines en poursuivant les navires japonais. Tokyo accuse en retour les pays occidentaux de faire preuve d’insensibilité à l’égard de ses traditions.
Source : AFP 19.02.2010