OTTAWA — Le Musée de la nature d’Ottawa, construit au début du XXe siècle pour affirmer la vigueur culturelle de la jeune nation canadienne, avait subi peu de temps après l’amputation de sa tour centrale, devenue instable. Cent ans plus tard, il prend sa revanche sur le mauvais sort. Extérieurement, la revanche prend la forme d’une nouvelle tour qui a remplacé celle coupée en 1915 au niveau du premier étage. Mais elle n’est plus en lourdes pierres de la construction d’origine. Parfaitement transparente et cependant harmonieusement intégrée au bâtiment néo-gothique en grès clair qui avait accueilli jadis provisoirement le parlement canadien, elle est faite entièrement de verre. Et, pour ne pas peser sur le sol dont les mouvements avaient fait ressembler la tour d’origine à celle de Pise, les parois du lanternon sont suspendus à des poutres horizontales prenant appui sur le centre du bâtiment et notamment sur les puits des nouveaux ascenseurs, indique l’un des architectes chargés du projet, le Québécois Marc Letellier. C’est elle que verront en priorité les visiteurs avant de pénétrer dans le musée le 22 mai, date de la journée internationale de la biodiversité, après des travaux de rénovation majeurs qui se sont étalés sur six ans et ont coûté 216 millions de dollars canadiens (213 millions de dollars américains), selon la vice-présidente du musée Maureen Dougan. Comme la région d’Ottawa est une zone exposée aux risques sismiques, un squelette d’acier a été inséré dans l’immense bâtiment pour le rendre invulnérable aux secousses, précisent M. Letellier et son confrère Barry Padolsky.
Le souvenir le plus marquant que risquent d’emporter les visiteurs du musée rénové sera celui de l’immense squelette de rorqual bleu, dont le nettoyage et la reconstitution ont pris de longues années. Il s’agit d’une jeune baleine de près de vingt mètres de longueur, qui devait peser de son vivant entre 80 et 90 tonnes (son crâne seul pèse aujourd’hui 1.290 kg). Trouvée morte échouée sur une plage de Terre-Neuve en 1975, la baleine a été dépecée sur place et son squelette, nettoyé, envoyé à Ottawa. Là, il a été enterré dans une pépinière pendant plusieurs années pour permettre un nettoyage biologique des os. Exhumé, il a encore eu besoin de plusieurs bains d’enzymes pour être déshuilé. Il a ensuite été reconstitué et complété avec des copies des os qui manquaient. Parmi les autres nouveautés, une grande collection de minéraux et de roches, un parcours permettant de se familiariser avec l’histoire géologique de la planète et l’Animalium, plein d’insectes et de limaces. Une exposition spéciale permet de faire connaissance avec des grenouilles vivantes du monde entier. Enfin, un visiteur connaissant le musée depuis longtemps pourra remarquer un petit changement dans l’entrée. Signe de l’évolution des mentalités, le tapis qui recouvrait pudiquement une partie de la mosaïque représentant un bel orignal a disparu. Il est maintenant facile de remarquer qu’il s’agit d’un beau mâle.
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