Réseau-Cétacés

Ile de la Réunion : dans le souffle des baleines…

« Tu préciseras bien que ce n’est pas nous qui avons foncé dessus, ce sont elles qui sont venues ». Salarié de l’association Globice (*), Laurent Bouysset se doit de respecter à la lettre la charte d’approche des baleines, qui préconise une rencontre toute en douceur avec les mammifères marins.

Ce vendredi matin, à quelques centaines de mètres de l’entrée du port de Saint-Pierre, les cétacés et les dauphins qui leur font escorte sont d’humeur joueuse. Et n’hésitent pas à se rapprocher du bateau barré par Laurent. A ses côtés, Laurence, une bénévole de Globice : appareil photo en bandoulière, GPS à portée de main, elle note tous les paramètres de ces rencontres magiques avec les baleines à bosse.

« Super, un spy! », s’exclame Laurent, tout excité après plusieurs jours sans avoir vu de baleine. Traduit en langage courant, cela donne : la baleine vient de sortir la tête pour voir ce qui se passe à la surface.

Mais le mot le plus utilisé par les deux membres de Globice est sans conteste « caudale ». C’est en  effet la queue de la baleine qui retient toute leur attention et déclenche des rafales de photos à chaque apparition. Grâce aux images prises lors de chaque sortie, les scientifiques de Globice peuvent comparer les entailles et les colorations de cette caudale avec de précédents clichés et déterminer si cet individu a déjà été vu dans les parages. Une identification en principe aussi efficace qu’une comparaison d’empreintes digitales. Comme ce vendredi, environ 90 bénévoles de Globice naviguent régulièrement le long des côtes de la Réunion pour repérer les baleines et alimenter la base de données de l’association.

« Mais attention, précise Laurent Bousset, nous n’acceptons aucune adhésion entre juin et septembre, la saison des baleines. Car on s’est aperçu qu’un certain nombre de personnes ne venaient chez nous que pour faire du whale watching à peu de frais. Ceux-là faisaient deux ou trois sorties pour admirer les baleines puis on ne les revoyait plus. Nous, on veut des gens motivés par l’aspect scientifique de ce travail, qui demandent rigueur et patience ».

De la patience, il en faut effectivement. Après le coup de chance qui nous a fait rencontrer plusieurs adultes et un jeune à quelques encablures de la côte, les deux dernières heures de la sortie se passent à attendre, en vain, la remontée d’un « mâle chanteur » . Ceux qui ont déjà entendu sous l’eau affirment que ces sonorités aquatiques vous remuent les tripes. Ce sera pour une autre fois.

(*) Groupe Local d’Observation et d’Identification des Cétacés, www.globice.org

Source : lequotidien.re  (04.09.10)

Quitter la version mobile