Réseau-Cétacés

Exposition au Mercure : le comportement des enfants affecté…

ANNIE MATHIEU
Le Soleil

(Québec) L’exposition prénatale au mercure, un métal présent notamment dans les poissons et les mammifères marins consommés en grande quantité par les Inuits, mais aussi dans les communautés de pêcheurs, est associée chez les élèves fréquentant l’école primaire à des déficits d’attention en classe.  C’est ce qu’ont découvert des chercheurs de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHUQ, qui ont suivi pendant 11 ans une cohorte de près de 300 mères et leurs enfants sur le territoire du Nunavik, où les sources d’exposition à ce métal sont importantes en raison de l’alimentation des Inuktituts, qui se nourrissent entre autres de viande de bélugas.

Selon la chercheuse principale, la Dre Gina Muckle, les résultats de l’étude dévoilés le mois dernier peuvent s’appliquer à d’autres populations non autochtones ailleurs dans le monde, puisque des effets ont été observés même lorsque des enfants ont été exposés à des doses relativement faibles de mercure.

Le mercure nocif aux humains est présent à l’état naturel dans la croûte terrestre, il provient également des combustibles fossiles – comme le charbon -, de l’exploitation minière et du traitement des minerais, puisqu’il est libéré des matières premières. Puisqu’il voyage sur de longues distances par les courants atmosphériques, la pollution par le mercure n’a pas de frontière géographique. Selon Environnement Canada, les quantités de mercure rejetées dans l’air par les pays en développement comme l’Inde et la Chine devraient continuer à croître à un «rythme élevé» si des mesures ne sont pas prises pour les diminuer.

Le Canada participe d’ailleurs aux négociations, en vue d’un accord international sur le mercure, qui ont débuté en juin 2010.

UN DÉTERMINANT IMPORTANT

«Le mercure pourrait devenir un des déterminants importants des difficultés d’attention», a affirmé la Dre Muckle, dont l’équipe a documenté pour la première fois le comportement d’un grand groupe d’élèves en classe grâce aux observations «à l’aveugle» de leurs enseignants.

«En faisant l’analyse, on arrive à la conclusion que les professeurs évaluent les enfants les plus exposés au mercure comme ayant davantage de déficits d’attention. C’est vraiment une conclusion importante», a soutenu la docteure en psychologie. Par ailleurs, selon Gina Muckle, le risque de manifester un déficit d’attention, tel qu’évalué par le professeur, est de deux à trois fois plus élevé chez les enfants les plus exposés.

«Ils ont davantage de la difficulté à se concentrer, à rester attentifs longtemps et sont plus facilement distraits par leur environnement lorsque comparés aux enfants moins exposés», a expliqué la chercheuse, ajoutant que ces comportements influaient sur les performances scolaires des enfants concernés.

Les scientifiques ont mesuré la quantité de contaminants auxquels les enfants avaient été exposés pendant la période prénatale à l’aide d’un échantillon de sang prélevé du cordon ombilical à la naissance. C’est auprès des femmes en âge de procréer du Nunavik que l’équipe de la Dre Muckle a ciblé sa campagne de communication, réalisée au cours de la dernière année en collaboration avec la direction de santé publique de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik.

«Les femmes enceintes et qui prévoient le devenir doivent faire attention à leur consommation de bélugas parce que c’est l’aliment qui contribue le plus à l’exposition au mercure», a expliqué Gina Muckle, qui tient cependant à préciser que son étude a également démontré des effets très bénéfiques sur le développement des enfants des acides gras, comme les oméga-3, qui se trouvent aussi dans la consommation de poisson et de mammifères marins.

«L’exposition aux oméga-3 pendant le dernier trimestre de grossesse est associée à un meilleur développement cognitif chez l’enfant», a soutenu la Dre Muckle.

Son équipe souhaite maintenant poursuivre la recherche auprès de la même cohorte afin d’évaluer si l’exposition au mercure a également des effets sur le développement émotionnel des jeunes adultes.

Source : cyberpresse.ca  (26.11.11)

Quitter la version mobile