Le monocoque de Bernard Stamm emporte une station d’analyse de l’eau miniaturisée qui servira aux scientifiques pour une meilleure connaissance des océans dans le Grand Sud.
 
«Je trouvais vraiment trop dommage de partir en course dans des   océans aussi peu fréquentés sans mettre mon bateau à la disposition de   la science», témoigne avec passion Bernard Stamm avant de prendre le   départ de son troisième Vendée Globe. Pour la première fois en course,   le monocoque Cheminées Poujoulat du navigateur suisse emporte une   station compacte d’analyses qui mesurera toutes les heures les   principaux paramètres de l’eau de mer. 
La grande course en solitaire autour du monde entraîne les navigateurs dans les hautes latitudes de l’océan Austral, près des côtes de l’Antarctique, là où très peu de navires commerciaux ou océanographiques font route. «Les scientifiques disposent de relativement peu de prélèvements réguliers dans cette région du monde, des mesures ponctuelles qui sont pourtant indispensables, notamment pour recaler les mesures globales faites par les satellites», précise Céline Liret, directrice scientifique d’Océanopolis à Brest.
Concerné par les effets du réchauffement climatique
Déjà,   quand il était bûcheron en Suisse ou maintenant en tant que   professionnel de la course au large, Bernard Stamm, 48 ans, a toujours   eu une forte conscience environnementale. Lui qui a déjà bouclé   plusieurs tours du monde à la voile en une dizaine d’années de   compétition se sent directement concerné par le réchauffement de la   planète. «Quand je prépare ma course en travaillant la météo, on voit   tout de suite l’effet du changement climatique sur les différents   systèmes dépressionnaires que l’on va rencontrer en route», explique le   marin. La fabrication des boîtiers de mesures et de prélèvement d’eau,   appelés Minilab, a été menée dès la conception du nouveau bateau de   course de Bernard Stamm, un puissant monocoque de carbone aux couleurs   jaune et noire du sponsor Cheminées Poujoulat, conçu par l’architecte   franco-argentin Juan Kouyoumdjian. Ce projet scientifique vraiment hors du commun a été financé par le projet Rivagesde   la Fondation de famille Sandoz, qui est aussi l’armateur du bateau de   course. La définition des besoins scientifiques a été pilotée par Océanopolisà   Brest et s’est basée sur les expertises des chercheurs de l’Ifremer et   du CNRS en France. Toute la partie technique a ensuite été réalisée à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, établissement partenaire du projet de Bernard Stamm. Même   si les émissions de gaz carbonique entraînent un réchauffement de   l’atmosphère, on sait depuis des années que l’océan a un rôle crucial   dans le système d’équilibre planétaire. Les océans constituent un   immense réservoir qui capte le CO2, permettant ainsi d’atténuer les   effets du réchauffement. Toutes les 60 minutes, le Minilab prélève   automatiquement de l’eau «propre» au niveau de la quille du bateau, et   la fait passer dans plusieurs systèmes d’analyses qui mesurent les   paramètres standards de l’eau, sa salinité, son niveau d’acidité, sa   conductivité électrique et sa turbidité. La plus grande difficulté   technique a été la miniaturisation des capteurs mesurant également la   teneur en CO2 de l’eau (paramètre crucial qui traduit l’acidification   des océans et la teneur en phytoplancton, source primaire de nourriture   pour tout l’écosystème marin). L’ensemble ne pèse que 8 kg et ne   consomme que très peu d’électricité, deux paramètres cruciaux pour un   skipper qui vise la victoire dans ce Vendée Globe. «Les données   scientifiques transmises lors de la course par Bernard Stamm seront   mises à la disposition des chercheurs et feront l’objet de publications   scientifiques», assure Céline Liret, très fière que le navigateur suisse   parte en mer avec un bateau portant les couleurs du centre de culture   scientifique de Brest, Océanopolis. Source & liens utiles : lefigaro.fr (09.11.12) 
Source photo :                  wikimedia.org