Né en 2002, le sanctuaire Pélagos a ouvert de nouveaux horizons en matière de protection du milieu marin.
– Comment est né Pélagos ?À la fin des années quatre-vingt, l’Italie s’émeut du nombre impressionnant de captures accidentelles de mammifères marins, pris dans les mailles des gigantesques filets dérivants utilisés par la pêche industrielle. Le pays demande leur interdiction et sollicite ses voisins français et monégasques pour y parvenir. L’idée de sanctuariser la zone où se concentrent ces animaux est alors émise. – Quand ce sanctuaire a-t-il vu le jour ?Officiellement, l’accord Pélagos est entré en vigueur le 21 février 2002, mais sa gestation a été très longue. Le projet a commencé à émerger à partir de 1991. En 1993, il prend une première forme sous le nom de « sanctuaire corso-liguro-provençal ». – Où se trouve-t-il ?Le sanctuaire Pélagos se situe entre la France et l’Italie, englobant l’intégralité des eaux monégasques et du golfe de Gènes, ainsi qu’une partie de la mer Thyrénienne. Il forme une sorte de triangle dont les sommets sont constitués à l’Ouest par la presqu’île de Giens (Var), à l’Est par Posso Chiarone (Toscane) et au Sud, par les caps Falcone et Ferro (Sardaigne). – Quelle est sa surface ?Il s’étend sur 87 500 km², dont 53 % situés en haute mer, 32,3 % à l’intérieur des 12 milles (22 km) des eaux territoriales des trois pays concernés et 14,7 % dans leurs eaux « intérieures »(baies, golfes, etc.). L’augmentation de cette surface n’est pas à l’ordre du jour mais plusieurs scientifiques demandent qu’elle soit élargie au coeur marin du Parc national des Calanques. – Quelles espèces abrite-t-il ?Le sanctuaire est fréquenté régulièrement par 7 espèces de mammifères marins que sont le dauphin bleu et blanc, le grand dauphin, le dauphin de Risso, le globicéphale noir, la baleine à bec de Cuvier (ou ziphius), le cachalot et le rorqual commun. Plus rarement, sont observés des orques, des baleines à bosse et de petits rorquals. – Quelles sont les menaces qui pèsent sur elles ?On en dénombre quatre : les collisions avec des navires (première cause de mortalité chez les grands cétacés), les nuisances sonores sous-marines générées par l’activité humaine, provoquant des perturbations du système d’orientation des animaux, leur dérangement par une observation trop rapprochée dans le cadre de l’activité touristique de whale-watching, et enfin la pollution du milieu marin qui entraîne celle de l’ensemble de la chaîne alimentaire dont ces mammifères constituent le sommet. – Quelles avancées a permis le sanctuaire ?Espace pilote unique au monde, Pélagos a d’abord éveillé les consciences au niveau national et international où des initiatives du même ordre sont à l’étude. Le sanctuaire est le cadre de très nombreuses études scientifiques sur les mammifères marins. Il a permis de sensibiliser le grand public mais aussi et surtout les professionnels de la mer et les collectivités. Outre l’interdiction de filets dérivants, il a favorisé la naissance du système Repcet et la mise en place d’une formation au whale-watching avant sa labellisation. D’autre part, 23 communes riveraines, en France et en Italie, ont déjà adhéré à la charte du sanctuaire. – Que lui manque-t-il ?Des moyens de contrôle en haute mer, une plus grande reconnaissance et un niveau de décision intermédiaire, plus proche du terrain. Pour les grands cétacés, la menace vient de la surface
Première cause de mortalité chez les grands cétacés, les collisions avec les navires constituent un danger croissant compte tenu du développement du trafic maritime commercial dans cette partie de la Méditerranée. On estime que 44 000 bateaux empruntent chaque été les Bouches de Bonifacio, entre la Corse et la Sardaigne. Et si le nombre de collisions reste faible (62 cas enregistrés en 37 ans), les scientifiques estiment qu’ils ne reflètent pas la réalité car les équipages ne se rendent pas toujours compte du choc et beaucoup d’animaux heurtés coulent à pic. En revanche, le nombre d’individus présentant des coupures ou des mutilations est beaucoup plus significatif. Selon l’association Souffleurs d’écume qui travaille en partenariat avec le sanctuaire Pélagos, 2,6 % des animaux observés présenteraient ce type de blessures. Le système Repcet a certes constitué une avancée majeure en permettant aux bateaux de s’avertir les uns les autres de la présence de cétacés sur leur route, mais sa diffusion reste faible. A ce jour, seulement 5 navires en sont équipés.
Source : laprovence.com (30.12.12)
Source photo : wikimedia.org