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Nouvelle Calédonie – Cétacés sous surveillance…

Depuis début juillet et jusqu’à mi-septembre, les vigies du cap N’Dua surveillent baleines et bateaux. Scientifiques, protection du lagon et opérateurs touristiques se partagent le phare centenaire en pleine réserve naturelle.


 

«Fais un rempart de ton corps ! Ça va être la ruée ! », lance Bruno, garde nature de la province Sud, à son collègue Patrice. Bruno, jumelles rivées aux yeux, est debout, accoudé au phare centenaire de la réserve naturelle du cap N’Dua. Patrice est quelques centaines de mètres plus bas, sur son bateau de la protection du lagon, Améré. Depuis un mois, c’est la saison des baleines à bosse. Elles viennent se reproduire dans la baie de Prony, de juillet à septembre. Sur l’eau, plus d’une trentaine de bateaux. Dans l’eau, trois baleines. A terre, cinq vigies. Entre les navires de plaisanciers, parfois trop curieux ou mal informés, les catamarans des opérateurs touristiques de l’association Calédonie charter, les deux embarcations de la protection du lagon et le Zodiac des scientifiques d’Opération cétacés, il y a du monde sur le dos des animaux. Du haut du cap N’Dua, les vigies tentent d’organiser ce ballet de moteurs et de voiles.

Codée.Les vigies, ce sont des scientifiques d’Opération cétacés, des gardes nature et des skippeurs de Calédonie charter. Elles doivent trouver les baleines, donner le cap aux collègues et surveiller que tout se passe bien sur le plan d’eau. Dominique et Julien sont bénévoles pour Opération cétacés. Ils sont en contact avec quatre autres personnes de l’organisme, embarquées dans le Zodiac. La VHF grésille, « c’est un chanteur ». L’équipe en mer suit une baleine, un mâle. Elle va enregistrer une séquence de chant de 45 minutes pour l’étudier. A côté, Bruno, Natacha et José. Ces gardes nature travaillent en collaboration avec la protection du lagon, mais également avec les bateaux de Calédonie charter. Aujourd’hui, l’association touristique n’a pas de vigies au cap. Un dimanche du week-end du 15 août, tous les navires sont pleins, aucun marin n’a pu se libérer pour porter les jumelles. Armés de leur carte codée, à laquelle seuls les initiés ont accès, ils transmettent les coordonnées des baleines. «Trois animaux en Oscar 12». Machinerie.Du cap N’Dua, la vue est surprenante. Les nombreuses embarcations sont regroupées, attendant le feu vert de la protection du lagon pour approcher les mammifères par groupe de quatre bateaux, dans une zone de 100 à 300 mètres. La machinerie touristique est en route. Les gardes maritimes veillent. Les vigies surveillent. « Les bateaux touristiques doivent s’annoncer lorsqu’ils entrent dans la zone d’observation », relate Natacha. Les groupes sont limités à une heure d’observation. « Cette année, c’est très coopératif », explique Bruno. Les scientifiques sont sur le terrain depuis près de 20 ans, les whale watchers depuis une quinzaine d’années et la collaboration, tentée régulièrement, n’a pas toujours fonctionné. A l’est, les scientifiques enregistrent encore le chant du mâle discret. Un bateau arrive à vive allure sur le site. « J’espère qu’ils ne vont pas venir les embêter, souffle Bruno. Un mec qui arrive si vite en Zodiac, ça ne va pas plaire à la baleine. » Les jumelles des vigies sont partout. Et la VHF crépite en permanence. Si un plaisancier se comporte mal, un coup de radio et hop, la protection du lagon va lui expliquer que la mer, « ce n’est pas un zoo. Mais les gens ont l’habitude de la liberté de la mer, ils n’apprécient pas trop que l’on vienne les recadrer », raconte Bruno. Mais aujourd’hui, avec l’engouement important pour les baleines à bosse, il semble nécessaire de réglementer leur observation, à défaut de ne pouvoir l’interdire. « Mais le débat est ouvert… », suggère Bruno.

500

C’est le nombre estimé de baleines à bosse qui viennent se reproduire dans nos eaux chaque année. Une charte a été mise en place par Calédonie charter et la province Sud afin de réglementer un minimum l’observation. Il ne faut pas poursuivre, bloquer, encercler les baleines, ou se positionner au milieu d’un groupe. Une distance de sécurité de 100 mètres est à respecter.

Repères

Deux gardes natures en formation

José, originaire de la Conception et Natacha, habitant à Port-Boisé, sont actuellement assistants gardes-chasses. Ils officient auprès de Bruno depuis le début de la saison. « Ils habitent ici, c’est donc naturel qu’ils deviennent responsables du site. » La réserve naturelle du Cap N’Dua demande de l’attention : entre la vigie en saison des baleines, le nettoyage du site, l’accueil des visiteurs et l’organisation de la fête du Cap N’Dua qui se déroulera le week-end du 31 août.
Le thème du jour : Astérix

Six bénévoles, pour la plupart des scientifiques, étudient les baleines à bosse avec l’association Opération cétacés. Ils sont basés durant toute la saison à Prony. « Chaque matin, nous proposons deux thèmes, un seul est choisi » pour nommer les baleines. Hier, Astérix était de sortie. Ainsi, dans l’eau nageaient Falbala, Agecanonix et Napadhélice.
Source : lnc.nc (19.08.13) Source photo : wikimedia.org

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