Des chercheurs ont démontré que plusieurs espèces de baleines pouvaient bronzer et prendre des coups de soleil. Elles ont ainsi développé des stratégies pour se protéger des rayons UV.
Nous ne sommes pas les seuls à bronzer, c’est aussi le cas des baleines ! Une étude parue dans la revue Scientific Reports affirme que non seulement le teint de plusieurs espèces de baleine fonce avec l’exposition au soleil, mais également que les rayons UV abîment et font vieillir leur peau. Tout comme nous, les cétacés pourraient donc aussi prendre des coups de soleil.
Les chercheurs anglais, mexicains, canadiens et américains auteurs de l’étude s’étaient d’abord demandé pourquoi de plus en plus de baleines présentaient des cloques sur leur peau. Ils ont donc analysé des échantillons de trois espèces (baleine bleue, rorqual commun et cachalot) pour étudier les changements de leur peau au cours de leur migration annuelle vers le Sud.
Pour Mark Birch-Machin, auteur principal, « les baleines sont un peu les baromètres à UV de l’océan. Il est important de les étudier car elles sont parmi les créatures à la plus grande espérance de vie, et sont sensibles aux changements de leur environnement, elles peuvent donc refléter la santé des océans ».
Différentes stratégies selon les espèces
Les baleines bleues, les plus grands animaux vivants sur Terre, ont une pigmentation très pâle, dans des tons gris-bleus. Au cours de leur migration, les chercheurs ont constaté un changement saisonnier au niveau de leur peau : plus précisément, une augmentation des pigments de leur peau, apparue en même temps que des dommages au niveau de leur ADN mitochondrial (les mitochondries sont les « usines » des cellules, et possèdent leur propre ADN).
Ce genre de dommages est dû aux rayons UV et apparait aussi avec les coups de soleil que nous prenons. L’augmentation des pigments permettrait néanmoins aux baleines de se protéger des rayons UV. Les cachalots sont eux plus foncés, et migrent à la même période que leurs cousines les baleines bleues, entre février et avril, en direction du golfe de Californie. Leur mode de vie est toutefois différent, elles passent beaucoup plus de temps à la surface, et sont donc plus exposées aux rayons du soleil.
Chez eux, les scientifiques ont découvert un mécanisme de défense différent : ils déclenchent une réponse génotoxique, autrement dit une réponse de stress au niveau de leurs gènes. « Nous avons vu pour la première fois l’activation de voies génotoxiques dans les cellules des baleines – c’est similaire à la réponse déclenchée face aux dommages causés par les radicaux libres sur la peau humaine, qui représente notre mécanisme de protection contre les dommages du soleil », a expliqué Amy Bowman, chercheur à l’Université de Newcastle.
Les rorquals, qui sont les plus foncés des trois espèces, n’ont en revanche qu’une faible tendance aux coups de soleil.
Des coups de soleil en augmentation
« Il y a eu une augmentation du nombre de lésions de la peau dans les différentes espèces de baleines vivant dans les zones fortement ensoleillées » explique la chercheuse Karina Acevedo-Whitehouse. Aussi, « il est important d’étudier les effets des radiations et les mécanismes de défense des baleines, autant pour des raisons de biologie évolutive que pour les perspectives de conservation. »
Pour les scientifiques, étudier les effets des rayons UV n’est qu’un début, ils veulent savoir si les baleines peuvent aussi développer des cancers de la peau suite à de trop longues expositions. « Ces baleines occupent le même territoire d’année en année, c’est donc le moyen de mieux comprendre leur dynamique de population, et l’évolution de leur environnement », ajoute le professeur Birch-Marchin avant de conclure : « Elles sont un rappel que les changements climatiques affectent toutes les créatures de la planète ».
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Source : maxisciences.com (02.09.13)
Source photo : wikimedia.org