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Faut-il libérer les orques en captivité ?

Faisant écho au retentissement du documentaire américain Blackifish,en 2013, l’élu démocrate californien Richard Bloom a présenté le 20 février dernier une proposition de loi dite « de bien être et de sécurité de l’orque » ( The Orca Welfare and Safety Act ). Séquelles physiques et psychologiques pour les orques, accidents pouvant aller jusqu’à entrainer la mort pour les soigneurs… le film dressait un état des lieux précis et glaçant des conditions de captivité des « baleines tueuses ».




Lire notre article : « Blackfish » lève le voile sur les conditions de vie des orques en captivité

Dès sa sortie, le documentaire, qui milite pour mettreun terme à l’exploitation des épaulards à des fins de divertissement, a eu un impact considérable sur le grand public. De nombreuses initiatives symboliques visant à faireplier les parcs aquatiques ont vu le jour : manifestations, pétitions, interventions auprès des grands investisseurs. Mais, début 2014, la mobilisation a pris un tournant bien réel.

Le texte de loi proposé prévoit de rendreillégale la captivité des orques à but divertissant, ainsi que la pêche des animaux sauvages et leur reproduction en captivité. Les orques qui ne pourraient êtrerelâchés dans la nature (notamment parce qu’ils ont vécu toute leur vie dans un bassin ou sont trop vieux), seraient placés dans des enclos en mer, voire gardés dans les parcs où ils se trouvent, à condition qu’ils ne prennent plus part aux spectacles. PARC À SAN DIEGO

Si la loi venait à passer, les conséquences seraient très importantes pour Seaworld, le plus grand groupe de parcs d’attractions aquatiques du pays, nommément mis en cause dans Blackfish,et dont l’un des trois parcs se trouve à San Diego, en Californie.

« Il existe déjà des lois qui interdisent l’exposition des baleines tueuses et des dauphins à des fins divertissantes aux Etats-Unis : en Caroline du Sud et à Hawaï. Une loi est également en train de passerdans l’Etat de New York. Mais il ne s’agit dans aucun cas d’endroits où il existe déjà des installations pour ces animaux. Pour la première fois, cette loi aura un impact réel sur des baleines tueuses en captivité »,indique au MondeNaomi Rose, de l’Animal Welfare Institute, une organisation américaine de protection des animaux qui soutient la proposition de loi.

Le comité chargé d’étudierle texte a décidé le 8 avril de repoussersa décision à l’année prochaine, et une enquête a été mandatée afin de déterminerles réels effets de la captivité sur le bien êtredes orques. Les soutiens de la loi assurent que les épaulards sont trop imposants pour vivredans des bassins et trop intelligents pour participerà des représentations.« Il est clair que trente minutes de débat ne suffisent pas à déterminerl’impact global de cette proposition de loi »,a indiqué le député Anthony Rendon qui préside le comité. UNE DÉCISION LOURDE DE CONSÉQUENCES

Si elle venait à être votée, la loi affecterait profondément Seaworld, dont la mascotte, Shamu, est un orque. La majorité des visiteurs du parc viennent en effet assisteraux spectacles des baleines tueuses qui figurent en vedette sur les billets d’entrée, les publicités et la plupart des produits dérivés.

Naomi Rose perçoit ce délai supplémentaire comme une première victoire : « Nous avons maintenant du temps pour prouverce que nous avançons. Pendant ce temps, en revanche, Seaworld doit espérerque rien de grave ne se produise – comme la mort d’un orque ou un accident impliquant un soigneur. » Le président du comité s’est par ailleurs prononcé en faveur de la proposition de loi.

Blackfisha été réalisé à la suite de la mort de la soigneuse Dawn Brancheau, en 2010. Après la tragédie, Seaworld a dû mettreune barrière physiqueentre ses orques et sessoigneurs, qui n’ont plus le droit d’évoluerdans l’eau avec les épaulards lors des représentations, pour des raisons de sécurité. Le 11 avril dernier, Seaworld n’a pas obtenu le retrait de cette loi introduite en mai 2012 et immédiatement contestée en appel par le parc.

UN ENJEU MAJEUR POUR SEAWORLD

Depuis les premières attaques contre ses parcs aquatiques, Seaworld a refusé les mains tendues du camp adverse (l’équipe du film, d’anciens soigneurs et des associations animalières), qui invite le groupe à travailleravec lui pour trouverune solution favorable aux animaux. Seaworld a toujours nié la dangerosité de la captivité et soutient que ses orques ont d’excellentes conditions de vie.

Le parc assure que les animaux aiment se produiredevant un public et que le fait qu’ils soient en captivité permet de les étudierde près et d’en apprendrebeaucoup sur ces mammifères encore très énigmatiques. Un argument que valident certains chercheurs.

Autre argument de poids de la part de Seaworld : si une telle loi venait à entreren vigueur, le parc a averti qu’il lui suffirait de déménager ses orques dans un autre Etat. Le groupe possède en effet deux autres parcs, en Floride et au Texas, où aucune initiative de ce genre n’a pour l’instant vu le jour.

L’industriedu tourisme de San Diego a également manifesté son inquiétude quant à la proposition de loi, signalant qu’elle pourrait avoirdes retombées négatives sur le tourisme local, dont une partie non négligeable est attribuée à Seaworld. Elvire Camus Journaliste au Monde  Source :  lemonde.fr (21.04.14) Source photo :  wikipedia.org 

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