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John Hargrove, ancien dresseur d’orques… (2014)

Rencontre avec John Hargrove, ancien dresseur d’orques, auteur du livre « Beneath the Surface »…


Le rêve d’un jeune garçon se concrétise

Petit, John Hargrove visite SeaWorld Orlando à l’âge de 6 ans. C’était dans les années 70. Comme les enfants de tout âge le font encore aujourd’hui, il était assis sur un siège au milieu d’une foule déchaînée. Ses yeux n’en avaient que pour cette orque majestueuse prénommée Shamu, nom de scène pour toutes les orques utilisées lors des spectacles du parc SeaWorld. Shamu, qui au milieu d’une piscine immaculée où se reflétait la lumière dorée du soleil, semblait sourire. L’épaulard exécutait confiant toutes les fantaisies du dresseur. A compter de ce jour, J.Hargrove n’a cessé de rêver de cette complicité qu’il perçue entre l’orque et son dresseur.

Enfant, J.Hargrove écrivait des lettres à SeaWorld. Puis, jeune homme, il passait ses étés près des bassins où, après chaque spectacle, il essayait de parler avec les dresseurs. Sa patience finit par payer. Alors qu’il fréquentait les bancs de la fac de Houston en 1993, un poste se libéra. Le personnel se souvenant de son insatiable curiosité, le recommanda. J.Hargrove n’avait plus qu’à conclure.

Alors que c’était la première fois qu’il s’approchait d’une orque, J.Hargrove sauta dessus. Son ambition, son charisme et son physique éclipsèrent les 27 autres candidats en lice pour le même poste. J.Hargrove raconte à l’Orlando Sentinal :

« Bien sûr, j’aime les animaux. J’aime l’eau et les sensations qu’elle procure, mais surtout, la possibilité de construire une relation avec un tel animal. Cela a toujours été plus valorisant que dangereux. Pas parce que je suis téméraire, mais parce que plus l’animal est dangereux et plus la relation est riche. Et vous connaissez les risques, du coup, votre relation a intérêt d’être juste. »

A 40 ans, J.Hargrove avait passé au total 14 ans ( avec une pause de 5 ans) à construire et entretenir une relation avec 20 orques de SeaWorld San Antonio, de SeaWorld San Diego et du Marineland à Antibes (France). Sur les 20 orques, c’est avec 17 de ses fidèles amis, qu’il nageait, roulait et plongeait.



Quand le rêve s’effondre

SeaWorld a formé J.Hargrove et continue à en former d’autres que lui, en leur fournissant des connaissances et des compétences. Les dresseurs apprennent à récompenser certains comportements à l’intérieur et à l’extérieur de l’eau. Ils observent le langage corporel des orques pour s’assurer de leur bien-être, mais aussi pour leur propre sécurité. Ils apprennent les pratiques vétérinaires et de reproduction utilisées pour l’étude et l’éducation. Mais plus J.Hargrove apprenait certaines pratiques de SeaWorld et à quel point elles nuisaient à ses compagnons bien aimés, et plus son aveuglement disparaissait. C’est alors que J.Hargrove a commencé à parler sans mâcher ses mots. Dans un article du Austin Chronicle il se décrit comme :

« Une épine dans le pied pour la direction. Je voudrais vous dire haut et fort « Vous ne pouvez pas traiter une orque comme une machine à faire des bébés, vous ne pouvez pas prendre ce petit à sa mère, vous ne pouvez pas mettre cette baleine dans une piscine médicale de 2,50 m de profondeur uniquement pour le spectacle ! » Je ne pouvais avoir que des ennuis. La petite blague c’était : «Tiens, John est à nouveau en huis clos. »

S’adressant à la foule dans un plaidoyer dans l’Etat de New York sur la cause animale en avril 2014, J.Hargrove dit de sa propre métamorphose :

« C’est une évolution à laquelle on ne peut échapper. On commence comme dresseur parce qu’on aime les orques, on veut partager leur vie et puis à mesure que l’on grimpe dans la hiérarchie, on commence à comprendre les choses, l’objectif de l’entreprise, sa cupidité, l’exploitation, ces choses avec lesquelles on n’est pas d’accord. Et même en tant que formateur expérimenté, on ne peut pas empêcher ces choses de se produire… J’ai cru que je pouvais les arrêter. Mais non, je ne pouvais pas. »

J.Hargrove est même remonté jusqu’au directeur général pour lui proposer des changements et malgré son statut, il s’est confronté à une forte critique et n’a pas pu interférer sur les points suivants :

• Mettre les orques dans une piscine médicale de 2,50 m pendant de longues heures sans raison de santé. Cette zone n’est ni assez longue pour qu’elles puissent se retourner facilement, ni assez profonde pour qu’elles soient totalement submergées et ainsi être protégées du soleil brûlant.

• Les longues heures de préparation au spectacle provoquent la fatigue des dresseurs et un comportement imprévisible des orques.

• L’ennui ou les agressions poussent les baleines à heurter violemment les parois ou à mâcher les bords des piscines, ingurgitant alors colles et peintures, ce qui a pour effet d’abîmer leurs dents et leur propre corps.

• La régurgitation, autre symptôme de l’ennui connu des orques en captivité, qu’elles s’apprennent entre elles.

Tim Zimmerman, producteur associé de « Blackfish » écrit dans The Dodo :

« Selon J.Hargrove, les comportements obsessionnels compulsifs des orques illustrent parfaitement combien il est difficile de les adapter à la captivité, peu importe les médicaments ou les stratégies de formation utilisés. Les orques sont stimulées par moment, elles s’amusent lors des sessions et ça les occupe. Mais même avec ce que nous pourrions leur donner, ça ne serait pas assez et nous ne pourrions pas les empêcher de devenir des modèles stéréotypés d’ennui ce qui ne peut qu’aboutir à des problèmes de santé. »

Le cycle contre-nature des naissances et des décès

En 2000, J.Hargrove faisait partie de l’équipe de dresseurs qui a effectué la première insémination artificielle d’une orque avec succès. Il a continué sur d’autres. Le processus et les conséquences devinrent bientôt épouvantables. Dans la nature, quand une baleine donne naissance à un petit elle reste à proximité de sa mère. Les trois resteront toute leur vie une unité matrilinéaire. En captivité, Kasakta a connu beaucoup de pertes. Son petit Kohana a été envoyé en Espagne à l’âge de 3 ans et elle a été fécondée 2 fois à l’âge de 8 ans. En raison de sa séparation précoce, Kohana a rejeté ses deux petits. Un en est mort. Elle n’avait tout simplement aucune référence pour être mère, n’ayant pas pu s’appuyer sur la sienne comme cela aurait été le cas dans la nature. Ce scénario s’est répété plusieurs fois au cours de la carrière de J.Hargrove.

Dans son plaidoyer dans l’Etat de New York, J.Hargrove raconte à propos d’un autre petit de Kasakta :

« Ils ont forcé la procédure d’insémination artificielle pour Kalia, seulement âgée de 8 ans. Pour vous donner une idée, à l’état sauvage, au plus tôt, c’est vers 14 ou 15 ans. Ils l’ont déjà fait pour un animal de 5 ans. Kalia a seulement 8 ans, c’est dégoûtant. Ils se préparent à la déplacer, à l’enlever à sa mère Kasakta, qui perdra encore un petit. Le plus étonnant dans tout cela, c’est que SeaWorld dit encore à ce jour qu’ils ne séparent pas les mères de leurs petits. Et même lors de mon témoignage devant l’assemblée dans l’Etat de Californie, certains membres de l’assemblée interpellés par mes propos ont ainsi questionné SeaWorld : « Qu’avez vous à dire là-dessus, est-ce vrai que vous séparez les petits de leurs mères ? » Le Docteur Dold, vétérinaire de SeaWorld s’est tortillé sur sa chaise et a éludé la question. Il a repris tous les arguments de SeaWorld pour finir par mentir: « Non, nous ne le faisons pas. Seulement dans des cas très rares où le petit est en danger. » Ce qui est totalement faux. « Nous avons eu 23 petits dans l’histoire de SeaWorld et seulement 3 ont été enlevés parce que leur mère était agressive et violente envers eux. »

J.Hargrove dira à ce propos à Cinesnob :

« Nous avons déménagé Takara parce que nous avions besoin d’une femelle dominante à San Antonio, ce qui fait partie de leur système hiérarchique naturel. En fait SeaWorld dit que les orques sont déplacées dans l’intérêt des animaux à long terme, ce qui est totalement faux. Ils déplacent les orques en fonction des besoins des parcs. »

Les grossesses forcées non-naturelles et les séparations ont fait leur part de victimes. J.Hargrove a expliqué dans seaworldpledge.org, que 6 ans après la séparation de Kasakta et Takara, il souhaitait enregistrer les vocalisations de Takara pour les faire écouter à sa mère, mais on l’a prévenu que des enregistrements précédents avaient provoqué chez Takara des vocalisations anormales, une natation et une respiration rapides. Elle n’avait clairement pas oublié sa fille malgré le temps et la distance.

La carrière prend son dû

Alors que le cœur de J.Hargrove était déchiré par la séparation des orques et de leurs petits, son corps était brisé par la rigueur des nombreux spectacles quotidiens. Il souffrait de blessures au dos et au cou, de la destruction du cartilage aux genoux, et a eu des doigts, des orteils et des côtes cassés quand son pied a glissé du rostre de Takara. L’accident avec Takara est de sa faute, ajoute-t-il. Il a aussi été emmené dans le fond de la piscine par une orque, « déplacé »* (euphémisme de SeaWorld pour dire coulé) et a eu le visage ouvert lors d’une session qui a mal tourné. Malgré cela, J.Hargrove n’a pas quitté son emploi. Il est resté dans l’unique but d’améliorer le traitement des orques. Mais aussi parce que c’ était son gagne-pain. Il est resté alors qu’il éprouvait du dégoût et du chagrin. Plus précisément, J.Hargrove est resté pour une raison en particulier. Comme le rapporte l’Orlando Sentinal: Pour J.Hargrove, il s’agissait d’un animal en particulier : Takara. J.Hargrove avait dans le passé travaillé avec elle en Californie, et il était là quand à l’âge de 13 ans, on l’a séparée de sa mère Kasakta. Il explique :

« Cette expérience a été si traumatisante pour Kasakta que, par la suite, on a dû lui administrer un traitement. » Takara a donné naissance à deux petits et a été séparée d’eux lorsqu’elle a été transférée à l’autre bout du pays, en Floride puis à San Antonio où elle a retrouvé J.Hargrove. Il ajoute : « Je suis très prudent quant aux termes lorsqu’il s’agit d’anthropomorphisme, mais là, il n’y avait aucun doute, son esprit était totalement brisé. » A partir de ce ce moment, il a détesté son boulot, et San Antonio encore plus. « Je suis resté là, parce que j’avais le sentiment que je lui rappelais la Californie et elle aussi, me rappelait la Californie. Je ne pouvais pas l’abandonner. »

Puis J.Hargrove a de nouveau enduré un immense chagrin : la perte de son amie Dawn Brancheau en 2010. C’était une dresseuse chevronnée et elle a été tuée par l’orque Tilikum, qui avait déjà été impliquée dans deux autres décès. La mort de Dawn est survenue 60 jours après que le monde apprenne la mort du dresseur du Loro Parque, Alexis Martinez, tué la veille du réveillon de Noël 2009. L’industrie avait pris personnellement deux grands coups et J.Hargrove a pu observer comment cette même industrie s’est retournée contre ses dresseurs de talents. Ils ont dit que D.Brancheau était responsable à cause de sa queue de cheval, de son imprudence, mais ils n’ont pas accusé une orque dangereuse qui avait des antécédents avec des décès, qui s’ennuyait de plus en plus, qui était frustrée et qui, avec le temps, était en colère. A propos de ce que Tilikum a fait à Dawn, J.Hargrove dit :

« Il lui a arraché le bras gauche, l’a scalpée et lui a sectionné la moelle épinière. De ce que l’on sait concernant le comportement des orques, c’est une attaque agressive. Jusqu’à ce jour, SeaWorld (vis à vis du public) continue à affirmer que l’orque n’a pas attaqué Dawn. »

Soudainement ce n’était plus seulement le cas Brancheau mais tous les dresseurs qui perdaient le soutien de leur employeur. J.Hargrove écrit dans l’Orlando Sentinal :

« La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ça a été quand je suis allé aux audiences de l’OSHA (organisme qui s’assure de la sécurité au travail) en automne 2011. Ils ont déclaré ne pas avoir connaissance de la dangerosité de notre travail. Cela m’a achevé, parce que pour faire ce travail, il faut être sacrément exigeant aussi bien sur le plan physique qu’émotionnel ! »

Cette déclaration nouvelle d’absence de danger a été utilisée comme un prétexte pour baisser nos salaires de 5 dollars de l’heure. Certains dresseurs ont perdu leur maison en raison d’un défaut de paiement de leur crédit. 18 mois plus tard, SeaWorld réinstaura le salaire initial en qualifiant cela de primes.

Un tournant difficile

Lors d’un arrêt maladie pour une blessure au genou, J.Hargrove se voit proposer une interview par la réalisatrice du célèbre documentaire « Blackfish », qui aborde le mauvais traitement des épaulards chez SeaWorld. Il refuse, par peur des représailles de son employeur. Puis, il change d’avis, prenant alors la décision de ne plus retourner travailler chez SeaWorld. Il accepte alors de répondre à l’interview. Le choix de J.Hargrove de couper définitivement les ponts d’avec SeaWorld était d’autant plus difficile qu’il savait qu’émotionnellement cela reviendrait à perdre quelqu’un de cher. Il sait qu’il ne pourra pas revenir en tant que simple spectateur, puisqu’il refuse d’alimenter ce qu’il considère être de l’exploitation. Par conséquent, il n’aura pas la chance de faire ses adieux, ni même revoir ses orques si belles. J.Hargrove a démissionné le 17 août 2012 de SeaWorld et a été interviewé pour le film « Blackfish », 7 jours après. Il savait que la meilleure manière d’aider les épaulards était de partager leur vérité.


« Blackfish » défend la bête et ce n’est pas une baleine


« Blackfish » est sorti en juillet 2013, et a suscité l’indignation générale de tout son public même à l’international. Le film se concentre sur Tilikum, cette orque impliquée dans plusieurs décès sans pour autant être l’ennemie. Les orques en captivité y sont plutôt présentées comme les victimes prisonnières des pressions exercées par l’industrie multimillionnaire des parcs aquatiques.

Voici des propos de J.Hargrove au sujet du film, recueillis lors de la journée NYS Animal Advocacy :

« Je pense que nous nous battons contre une entreprise qui n’est pas transparente. Au moins, je pense que « Blackfich » est un moyen politique d’ouvrir à la conscience générale une vision de la captivité des orques. »

Quand on lui demande comment il a pu abandonner le travail avec les orques, ce qui l’a défini pendant tant d’années, il répond au Cinesnob :

« Je ne pense pas avoir abandonné tout ça, même encore à ce jour. Surtout en participant à ce film. Cela fait partie de mon identité. Certains disent que leur métier ne les définit pas, mais ce n’était pas le cas pour moi. Cela a toujours été ma passion, mon rêve depuis que je suis enfant. Laisser ces orques a été brutal pour moi. Et même parler de Takara et Kasakta m’est toujours très difficile. Pour tout le reste de SeaWorld, je suis complètement satisfait de laisser ça derrière moi, les baratins politiques, le boulot, la paye de misère etc. Mais je dois accepter que je ne reverrai plus jamais ces orques. »

Et maintenant ?

Pour les orques, J.Hargrove pense qu’il faut mettre fin au programme de reproduction, et que les orques en captivité devraient vivre dans des bassins beaucoup plus spacieux et plus enrichis. Il explique à l’Orlando Sentinal : « Nous avons dépensé 10 millions de dollars pour le nouvel équipement du spectacle « One Ocean » et les orques n’en n’ont même pas bénéficié. »
Quant à son propre avenir, J.Hargrove reste un défenseur et un porte-parole pour les épaulards, ses amis qu’il n’oublie pas. Il a défendu leurs intérêts en Californie et même dans l’Etat de New York pour que les législateurs votent une loi interdisant la détention d’épaulards en captivité pour le divertissement. (Un delphinarium a été envisagé à Albany, Etat de New York.) Parallèlement à l’accroissement du phénomène de prise de conscience généré par « Blackfish », John Hargrove a de plus en plus de choses à révéler. Notamment sur les accidents ayant presque entraîné la mort de collègues dresseurs que SeaWorld s’est empressé de balayer sous le tapis. J.Hargrove vient de signer un contrat avec la maison d’édition Macmillian Publishing pour écrire ses mémoires « Beneath the Surface » qui paraîtront au printemps 2015. A SeaWorld, les eaux ont l’air plutôt troubles. Dans le sillage du succès de « Blackfish », Martina Mc Bride, 38 Special, REO Speedwagon, Cheap Trick, Heart, Barenaked Ladies, Trisha Yearwood et Willie Nelson ont annulé leurs concerts et autres prestations. Selon NPR, la fréquentation a diminué et le cours des actions a chuté d’un tiers. Même le plan d’agrandissement de l’habitat des orques planifié par la compagnie ne satisfait pas les gens, ni les personnes comme Tim Zimmerman qui dit à NPR :

« L’élargissement des bassins ne traitera pas le stress ou les problèmes de santé associés à la captivité. Laissez-moi vous dire que s’ils envisagent d’agrandir les bassins, c’est qu’ils ont conscience qu’il y a un réel problème quant à l’environnement des épaulards. Mais en réalité, ils ne feront que peaufiner leur système de captivité alors qu’ils devraient repenser ou réinventer leurs méthodes. »

Et au cours des dernières semaines, les titres s’interrogent de plus en plus sur le compte de SeaWorld, comme en témoignent ci-dessous les différents articles que vous pourrez lire. Ils font pression et les récits comme ceux de John Hargrove font la différence.

http://www.bizjournals.com/orlando/morning_call/2014/09/seaworld-targeted-by-protestors-over-the-weekend.html

http://www.breitbart.com/Breitbart-California/2014/09/14/Relentless-SeaWorld-Criticism-Over-Blackfish-Persists-with-New-Investor-Lawsuit

http://www.independent.co.uk/news/business/news/seaworld-faces-lawsuit-claiming-it-misled-investors-following-release-of-blackfish-documentary-9726062.html

http://www.npr.org/2014/09/11/347638921/seaworld-hopes-new-orca-habitats-will-stem-a-tide-of-criticism

http://www.dailyfinance.com/2014/08/30/is-seaworld-doing-enough-to-silence-the-haters/

http://www.latimes.com/local/lanow/la-me-ln-seaworld-no-appeal–20140820-story.html

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