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La plongée profonde s’avère risquée pour les mammifères marins…

Pour les cétacés et les pinnipèdes, chasser leurs proies en apnée à de grandes profondeurs représente un défi physiologique et physique extrême. Ils seraient même victimes de troubles du rythme du cœur.



Le 25/01/2015 à 15:37 – Par Andréa Haug, Futura-Sciences

Capturer des poissons en profondeur pourrait être dangereux pour la santé des mammifères marins, indique une étude parue dans Nature Communication. Au cours des plongées, les animaux souffriraient d’arythmies cardiaques, autrement dit, leurs contractions du cœur deviendraient un certain temps irrégulières.

Pour le démontrer, une équipe de chercheurs a mesuré une série de paramètres sur un groupe de grands dauphins (Tursiops truncatus) en captivité et sur un groupe sauvage de phoques de Weddell (Leptonychotes weddellii) en Antarctique. Au moyen d’un appareillage, ils ont étudié sur ces animaux la fréquence cardiaque, la profondeur des sondes — jusqu’à 200 mètres —, le comportement de nage, etc.

Les scientifiques constatent premièrement que les mammifères adoptent autant que possible des nages de faible intensité durant les plongées. En revanche, la nage s’intensifie durant les comportements de chasse, en vue de capturer leurs proies en fuite. Ils notent aussi une chose inattendue : des arythmies cardiaques surviennent dans plus de 73 % des apnées en profondeur.

Une explication serait l’envoi au cœur de signaux contradictoires : il est admis que la fréquence cardiaque de ces animaux diminue pour économiser leur oxygène, un phénomène appelé bradycardie. Et il semble qu’en revanche, la poursuite des proies augmente leur fréquence cardiaque (tachycardie).

Le phénomène aiderait à comprendre les échouages de cétacés

« Le cœur reçoit des signaux contradictoires lorsque les animaux se déplacent intensément en profondeur, ce qui arrive souvent lorsqu’ils commencent leur ascension, rapporte Terrie Williams, professeure d’écologie et de biologie évolutive à l’université de Californie à Santa Cruz, aux États-Unis, et auteur principal de la publication scientifique. Nous n’observons pas d’arythmies mortelles, mais cela met le cœur dans un état instable qui pourrait le rendre vulnérable aux problèmes », ajoute-t-elle.

Son équipe remarque aussi que les phoques de Weddell alternent, dans leurs moments de prédation, de brèves poursuites avec des glissés moins énergivores. Selon les chercheurs, cette attitude leur permettrait d’éviter les conflits cardiaques ainsi que les arythmies associées à la chasse.

À les voir évoluer si facilement dans leur milieu, on pensait les mammifères marins adaptés entièrement à la vie aquatique. « Ce n’est pas le cas en matière de réaction à la plongée et de rythme cardiaque ; le système n’est pas parfait », rétorque Terrie Williams, même après 50 millions d’années d’évolution.

Ces découvertes pourraient servir à mieux comprendre les échouages massifs de cétacés habitués des grandes profondeurs, comme les baleines à bec ou les baleines bleues. Exposées à des dérangements sonores occasionnés par des prospections sous-marines, par exemple, elles présenteraient les mêmes types de comportements associés à des anomalies cardiaques. « Cela soulève des questions sur ce qui se passe sur le plan physiologique lorsque des plongeurs extrêmes sont perturbés au cours d’une plongée et cela doit être approfondi », conclut Terrie Williams. Les travaux scientifiques pourraient par ailleurs être utiles à l’Homme, notamment pour expliquer pourquoi certains triathlètes sont victimes, au contact de l’eau, d’arythmies cardiaques parfois mortelles.

Source :  futura-sciences.com 

Source photo :  flickr.com

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