Réseau-Cétacés

Québec. Aucun signe du béluga orphelin

Des scientifiques ont tenté de greffer la jeune femelle à un groupe de mères.

 

 

La femelle béluga naissante remise à l’eau jeudi soir par une équipe de spécialistes de l’espèce est-elle toujours vivante ? La question demeure entière, trois jours après la tentative de sauvetage très délicate réalisée sur le Saint-Laurent.

L’animal a été retrouvé échoué vivant à Rivière-du-Loup jeudi midi, un événement rarissime au Québec. L’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) est donc allée recueillir ce très jeune béluga, afin de le transporter à bord de son bateau.

L’équipe a ensuite été en mesure, vers 19 h, de localiser un groupe composé de femelles et de jeunes bélugas nés les années précédentes. La petite femelle a donc alors été remise à l’eau dans le secteur de l’île aux Lièvres, non loin de Cacouna. Mais les scientifiques ont dû quitter les lieux peu de temps après. Et depuis, on ne sait pas ce qu’il est advenu de ce « veau ».

Selon ce qu’a fait valoir dimanche le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, l’animal âgé d’à peine quelques jours n’a pas été signalé depuis sa remise à l’eau. Il pourrait toutefois être retrouvé de nouveau échoué, puisque le succès d’une telle opération de sauvetage est loin d’être assuré.

 

 

Mère adoptive

En fait, pour que le jeune cétacé ait une chance de survivre, il faudrait qu’il soit en quelque sorte adopté par une femelle adulte, puisque sa mère est probablement décédée après avoir mis bas, selon le président du GREMM, Robert Michaud.

Le jeune béluga est en effet très dépendant des soins prodigués par sa mère, notamment pour l’allaitement, qui dure pas moins de deux ans. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’équipe du GREMM a remis la jeune femelle à l’eau parmi un groupe de femelles et de jeunes. Elle a aussi été vue nageant en compagnie de ce groupe pendant une quarantaine de minutes.

Si aucune femelle ne décide d’adopter ce jeune béluga, il devrait mourir rapidement. Il pourrait alors être retrouvé sur une rive, ou encore à la dérive sur le Saint-Laurent. On peut aussi ne jamais le revoir.

 

Déclin rapide

Depuis quelques années, les chercheurs ont constaté une hausse importante des mortalités de nouveau-nés et de femelles ayant connu des complications mortelles au moment de la mise bas. À titre d’exemple, sur les 14 carcasses retrouvées en 2015, 6 étaient des nouveau-nés, tandis que trois femelles retrouvées étaient mortes à la suite de complications liées à la mise bas.

Avec les carcasses déjà retrouvées en 2016, dont deux femelles, Robert Michaud redoute d’ailleurs la poursuite de cette tendance lourde. « Ce ne sont pas de bonnes nouvelles. Mon impression, c’est que ça semble être une saison qui est dans la ligne des autres saisons depuis 2010, au moment où a commencé la série noire. »

Ces chiffres peuvent sembler faibles, mais pour une population qui se limite à quelques centaines d’individus, les impacts sont dramatiques. Au final, les données indiquent clairement un recul dangereux de la population du Saint-Laurent. Celle-ci ne compterait plus que 880 individus. Ils étaient plus de 10 000 il y a un siècle. L’espèce montre en outre des signes de déclin.

 

Source : Le Devoir, 04.07.2016

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