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Québec – Zone industrialo-portuaire à Cacouna: les écologistes furieux

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(Matane) Après que TransCanada eut renoncé à son projet de construction d’un terminal pétrolier au port de Cacouna à cause de la présence de la pouponnière des bélugas, voilà que Québec donne le feu vert au développement d’une zone industrialo-portuaire (ZIP) au même endroit, située près de Rivière-du-Loup. Pour les écologistes, le gouvernement n’a rien compris, d’autant plus qu’un arrêté ministériel d’Ottawa a été déposé en mai pour protéger l’habitat essentiel de ce mammifère marin.

«Le fédéral vient de faire un pas pour protéger l’habitat essentiel du béluga, puis le gouvernement provincial semble, lui, faire trois pas en arrière pour faire un projet qui aura forcément des conséquences sur l’habitat de cette espèce menacée», dénonce la chargée de projets de Nature Québec, Sophie Gallais.

Marc Lapointe, l’attaché de presse du ministre responsable de la Stratégie maritime, explique que l’octroi de 125 000 $, annoncé la semaine dernière par Jean D’Amour, est consacré à la création d’un comité local composé de gens provenant du port de Cacouna, de la municipalité, de différents ministères, de la chambre de commerce régionale et du secteur privé. «Le comité local va délimiter la zone où il va y avoir la ZIP et mettra aussi sur pied un plan de prospection pour aller chercher des entreprises», rapporte-t-il au nom du ministre qui n’était pas disponible pour nous accorder une entrevue.

«Il faut être cohérents, riposte Mme Gallais. Faire des études pour voir si on peut développer une zone industrialo-portuaire, c’est repousser le problème plus loin. La région a besoin de stimuler le développement économique, c’est très bien. Mais, il y a des choses à faire autrement que de développer une zone industrialo-portuaire là !»

Selon M. Lapointe, qui reprend les paroles du ministre D’Amour, «le développement économique peut se faire en harmonie avec la protection de l’environnement». «La pouponnière, elle est à un endroit, continue-t-il. Mais, est-ce qu’il n’y a pas un moyen de passer à côté ?» Sophie Gallais ne peut être plus claire : «Une zone industrialo-portuaire n’est pas compatible avec le béluga !»

L’attaché de presse mentionne qu’il n’est pas prouvé que le trafic maritime que générera ce développement portuaire puisse nuire à l’habitat du mammifère marin. «On ne peut pas dire que le béluga n’est pas sensible au trafic maritime, contredit la porte-parole de Nature Québec. On sait qu’il est sensible au niveau sonore. C’est très risqué. On parle d’une espèce de moins de 1000 individus !»

Le Saguenay aussi visé

Parmi les quinze autres endroits ciblés pour le développement de ZIP, Saguenay est un autre secteur névralgique pour le béluga. Si le trafic maritime augmente dans les secteurs du fjord et de Tadoussac, il y aura des conséquences sur les populations de bélugas, de l’opinion d’une autre chargée de projet à Nature Québec, Marilyn Labrecque.

Si Marc Lapointe précise que le ministre responsable de la Stratégie maritime tend la main aux écologistes, Mme Labrecque ne partage pas du tout cet avis. «Le ministre D’Amour multiplie les annonces pour des montants disponibles pour des projets, il rencontre des intervenants locaux, mais les organismes environnementaux ne sont jamais rencontrés, déplore-t-elle. Il y a eu plusieurs demandes pour rencontrer le ministre D’Amour. Il n’y a jamais eu de suite ou alors les rencontres ont été repoussées indéfiniment. Il n’y a jamais eu moyen de rencontrer le ministre D’Amour. Il y a plusieurs acteurs, sur le territoire, qui ont des connaissances et des expertises très importantes et pointues sur le Saint-Laurent. Ce sont des acteurs à rencontrer tous aussi importants que les acteurs économiques !»

Source et capture d’écran : lapresse.ca, le 02/07/2016

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