Réseau-Cétacés

Tahiti – Les baleines sont à l’heure

55

Elles ont été observées aux Australes, aux Raromata’i et dans le chenal

Rurutu, à la mi-mai, un pêcheur aperçoit le souffle d’une baleine à bosse alors qu’il se trouve au large de l’île. C’est la première observation de l’année 2016 en Polynésie. Remontant du pôle Sud pour retrouver nos eaux chaudes, les Australes sont la première étape d’un périple qui pourra les mener jusqu’aux Marquises.

“Comme tous les ans, elles arrivent mi-mai ou fin mai, à quelques jours près, cela dépend. Cela dépend aussi si nous les voyons ou pas, elles étaient peut-être là avant”, explique Agnès Benet, présidente de Mata Tohora, une association à buts scientifique et pédagogique, qui comptent des référents dans la plupart des îles pour leur signaler la présence des mammifères.

Ainsi, cette année encore, il aura fallu trois semaines à un mois avant que certaines ne passent des Tuha’a Pae à l’archipel de la Société. Dans la deuxième partie du mois de juin, certains mégaptères ont été vus vers Moorea, Huahine, Bora Bora et au large de Paea. Elles sont bien arrivées en temps et en heure.

Après une année avec un phénomène El Niño fort, cela aurait pu ne pas être le cas.

“La température de l’eau influe sur les baleines. On sait que la température de l’eau est assez élevée. Nous pensions avoir une saison des baleines retardée et, finalement, les premières sont arrivées aux mêmes dates que tous les ans”, explique la spécialiste qui reconnaît que le phénomène mériterait une étude plus longue et plus poussée.

Il en va de même pour le comptage des cétacés qui viennent sillonner dans nos eaux. “Pour la Polynésie, cela reste toujours très difficile. Le comptage n’a jamais été effectué. Il faudrait un survol et une opération assez importante en raison de la surface de la Polynésie. En revanche, on en sait plus à l’échelle régionale.

Plus de 40 ans après la fin de la chasse commerciale, environ 5 000 baleines à bosse sillonnent les eaux du Pacifique Sud. Le comité scientifique de la commission baleinière internationale a développé un modèle pour reconstruire l’historique de la variation de l’abondance des baleines à bosse, suite à leur chasse au XXe siècle.”

 

Une population fragile

“Ce comité a conclu que l’Océanie comptait plus de 14 000 baleines à bosse avant l’épisode de chasse intensive qui s’est étalé sur à peine 40 ans. En 1996, selon ce comité, il ne restait que 1 % des 14 000 baleines, soit donc 140 ! Depuis, les populations de baleines à bosse sont heureusement en augmentation lente. On estime leur abondance à environ 5 000. Bien sûr, celles du Pacifique Sud sont toujours des espèces en danger et doivent donc toujours être protégées.” Les rencontres sont, pour l’instant, assez rares et les baleines peu visibles depuis le bord.

“Ce sont surtout les femelles que l’on voit se rapprocher pour mettre bas et les mâles qui les suivent pour ensuite essayer de s’accoupler avec elle.”
C’est donc à partir de début août que les clubs de plongée et les particuliers se presseront derrière le récif pour observer cette merveille des océans. Pour éviter certains abus et approches irrespectueuses, Mata Tohora sera mandaté pour la cinquième année afin de sensibiliser les personnes sur l’eau à respecter les consignes.

Après quatre ans d’information, l’an dernier, une étape a été franchie. “Durant toute la saison, notre philosophie c’est la sensibilisation. Mais, si au bout de quatre mois, nous constatons que les mêmes personnes font toujours les mêmes approches irrespectueuses, en fin de saison, nous avons des faits, des signalements au procureur.”

Une démarche qui a concerné une dizaine de personnes et qui a abouti à des rappels à la loi. “C’est ce que nous voulions. Nous ne sommes pas pour la répression avec des amendes. Cela va dans la continuité de la sensibilisation, c’est l’étape au-dessus. Nous espérons que cela suffira, sinon, ce sera l’étape supérieure”, prévient Agnès Benet, dont l’association est toujours à la recherche de moyens. “Mon bateau, que je prête à l’association, commence à vraiment vieillir. Nous cherchons des
fonds pour avoir un autre bateau, car c’est notre principal outil de travail.”

L’association peut tout de même compter sur la volonté de plusieurs personnes souhaitant aider. Une réunion publique d’information devrait se tenir dans les prochaines semaines pour former les gens et leur expliquer quels rôles ils pourront jouer. “Nous avons besoin de nombreux yeux sur l’eau et à terre”, explique Agnès Benet.

En attendant, gardez un œil ouvert sur l’horizon, vous pourriez prochainement apercevoir les premières baleines de la saison.

F.C.

Source et capture d’écran : ladepeche.pf, le 07/07/2016

Quitter la version mobile