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Tahiti – Approche des baleines : des progrès, mais peut mieux faire

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Voilà maintenant cinq ans que l’association Mata Tohora, mandatée par le ministère de l’Environnement, sillonne l’extérieur du récif pour diffuser les bonnes règles d’approche des baleines à bosse lorsqu’elles sont dans nos eaux. Une sensibilisation qui vient s’ajouter aux nombreux messages d’explication, diffusés à la télévision ou publiés sur Internet et dans la presse.

On voit encore des choses incroyables comme ces deux coques aluminium juste au-dessus d’une baleine et d’un baleineau dimanche matin”, relate Agnès Benet, biologiste marine et présidente de l’association Mata Tohora. “Ce sont des choses que l’on ne voyait plus depuis un petit moment. Nous étions contents et pensions que les règles d’approche étaient entrées dans les esprits.

La scientifique se réjouit tout de même de voir la tendance s’inverser. En 2002, seule une personne sur cinq avait alors connaissance des règles et s’y conformait. C’est désormais l’inverse. “Le problème c’est qu’aujourd’hui, il y a de plus en plus de bateaux.

Le week-end dernier, une vingtaine de navires ont ainsi approché une mère et son petit. “Même en respectant les règles, cela fait une énorme pression”, consent la biologiste, qui fait appel au bon sens des gens et rappelle les raisons scientifiques qui ont abouti à cette réglementation. “Je ne vois pas trop le plaisir qu’il peut y avoir à rester avec autant de bateaux, même si c’est un point de vue personnel.

Label et code de l’environnement

Le code de l’environnement ne prévoit pas de nombre maximum de bateaux entourant une baleine. Pour donner une première impulsion, Mata Tohora a mis en place cette année un label éco-responsable pour les prestataires. Si au moins trois prestataires ou six bateaux sont déjà sur place, le labellisé devra aller guetter le souffle d’une baleine sur une autre zone. Mais pour l’instant aucune règle ne l’impose.

Le code de l’environnement en perpétuelle discussion pourrait ainsi en tenir compte dans ses futures évolutions. “En 2002, quand les règles d’approche ont été créées, il n’y avait pas autant de whale watching. C’est une activité exponentielle. Les gens ne s’intéressaient pas autant aux baleines avant. C’est une activité qui a pris de l’essor en six ans.

Autre cas de figure ne faisant pas l’objet de réglementation : les nageurs se rapprochant des baleines jusqu’à les toucher. “Nous avons encore vu des mises à l’eau qui se préparaient alors qu’il y avait des sauts et des frappes successifs de la caudale à la surface, ce qui est un signe d’agression. Se tenir éloigné est une question de bon sens et de sécurité.

Il y a aussi ceux qui pensent connaître les règles 

Samedi dernier, il y avait encore un bateau qui était à 20 mètres d’une baleine et son baleineau dans la baie des pêcheurs à Punaauia”, rapporte la présidente de l’association. “La personne pensait connaître les règles et respecter les distances de sécurité. Or, il faut se tenir à 100 mètres d’un baleineau et à 50 mètres d’une baleine adulte. Cette personne est tombée des nues.

Enfin, il y a ceux qui font tout bonnement fi des règles. L’an dernier en fin de saison, dix personnes ont fait l’objet d’un signalement au procureur, ayant abouti à un rappel à la loi. La brigade nautique et la gendarmerie maritime se déplacent sur les lieux avec un effet beaucoup plus dissuasif que les membres de Mata Tohora.

La situation se règle généralement d’elle-même, quand Mata Tohora doit rappeler plusieurs fois les consignes. Les forces de l’ordre ne font d’ailleurs plus dans la sensibilisation, et les amendes sont données à la moindre infraction.

Source et capture d’écran : ladepeche.pf, le 27/09/2016

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