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Une orque meurt avec l’une des plus fortes concentrations de PCB jamais observées chez un mammifère marin

La graisse analysée d’une orque retrouvée échouée en janvier 2016 révélait il y a quelques jours l’une des plus fortes concentrations de PCB jamais observées chez un mammifère marin. 

Le 3 janvier 2016, une orque fut retrouvée morte échouée sur une plage de l’île écossaise de Tiree. Elle fut alors identifiée comme étant Lulu, une orque femelle de vingt ans appartenant à une troupe d’orques de petite taille, l’unique population d’orques résidant au Royaume-Uni. D’après les scientifiques qui ont observé le corps à l’époque, Lulu serait morte par noyade après s’être emmêlée avec une ligne de pêche à la nageoire caudale. De récentes analyses soulèvent néanmoins un autre facteur et non des moindres. L’orque serait morte sous l’influence de certains des plus hauts niveaux de polluants toxiques jamais décelés chez un mammifère marin.

Des niveaux extrêmement dangereux du produit chimique polychlorobiphényles (PCB) ont en effet été décelés dans la graisse de l’orque autopsiée. Si les filets de pêche ont eu raison de sa mort, ces produits chimiques n’ont visiblement rien arrangé : « Des études antérieures ont montré que les populations d’épaulards peuvent avoir des charges de PCB très élevées, mais les niveaux décelés dans ce cas sont parmi les plus élevés que nous ayons jamais vus », explique le pathologiste vétérinaire Andrew Brownlow, du Collège rural de l’Écosse (SRUC). « Nous devons considérer qu’un tel fardeau polluant pourrait affecter sa santé et sa capacité à se reproduire ».

Lulu décédée, les biologistes marins estiment que le groupe ne comprend aujourd’hui plus que huit individus. Ces analyses préoccupent néanmoins les chercheurs qui prédisent un avenir sombre pour les animaux restants. Selon l’équipe, la graisse de Lulu contenait des taux de PCB environ 80 fois supérieurs au seuil de toxicité accepté pour les mammifères marins, soit 11 milligrammes par kilogramme de poids lipidique. « Le seuil où nous pensons qu’il existe une forme d’effet physiologique causé par les PCB est d’environ 20 à 40 mg/kg stockés dans les tissus », explique le chercheur. « Lulu avait un taux de PCB de 957 mg/kg ».

Notons que les PCB sont une classe de produits chimiques organiques fabriqués par l’homme qui ont été largement utilisés dans l’industrie à partir des années 1920 avant d’être jugés néfastes pour la santé humaine (cancers, affaiblissement du système immunitaire) en plus de mettre en danger les animaux et l’environnement. Les chercheurs estiment que deux millions de tonnes de BPC ont finalement été produites. Et sur ces deux millions de tonnes, 10 % pollueraient toujours l’environnement aujourd’hui. Les animaux marins sont donc particulièrement exposés. Dans ce cas précis, le chercheur soupçonne que la présence de ces polluants pourrait également jouer un rôle dans l’apparente infertilité de cette communauté d’orques surveillée depuis 23 ans où aucune naissance n’a été observée.

Source : Science Alert
Article traduit par Science Post et relayé le 11 Mai 2017
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