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Madagascar – les baleines à bosse reviennent

Depuis toujours, l’océan Indien est un endroit privilégié pour l’observation des baleines à bosse. Madagascar, la Réunion, les Seychelles, les Comores, de juin à octobre, les baleines qui ont migré de l’Antarctique se retrouvent dans ces eaux plus chaudes pour s’accoupler et mettre bas. Depuis deux ans, les baleines se faisaient moins nombreuses dans la zone. Mais cette saison, elles sont revenues en masse. Un phénomène que les scientifiques, réunis début juillet à la Réunion pour le 2e Humpback Wale World Congress, ont pour la première fois tenté d’expliquer.

Parades amoureuses, sauts, allaitement de baleineaux, si le spectacle que les baleines à bosse offrent en ce moment aux Malgaches et aux touristes est époustouflant, il n’en était pas de même l’an dernier, dans le canal de Sainte-Marie (à l’est de Madagascar) et dans l’océan Indien en général. Les chercheurs ont semble-t-il trouvé une explication.

Henri Bellon, président de Cétamada, l’association de protection de cétacés à Madagascar, était l’un des organisateurs de ce 2e congrès mondial sur le géant des mers. « 2015 et 2016 ont été des années où on a observé moins de baleines à bosse que d’habitude, et où l’eau était plus chaude également, explique-t-il. Environ 2°C au-dessus de la moyenne. Des scientifiques, notamment du Mozambique, ont montré qu’il y avait une corrélation avec la température de l’eau, c’est-à-dire que si l’eau est trop chaude, les baleines ne viennent plus là, ou moins. »

Le phénomène climatique El niño est directement pointé du doigt. C’est lui qui serait à l’origine du réchauffement de l’eau, du blanchiment des coraux, et de l’éloignement des baleines. Ainsi, durant cette période, les mères et leurs baleineaux ne constituaient que 5% des individus observés dans le canal Sainte-Marie. Cette année, avec une eau redescendue à 22°C, une baleine sur deux est accompagnée de son petit. Un lieu exceptionnel d’observation pour les scientifiques du monde entier.

« La génétique a montré que la population du canal Sainte-Marie s’est reconstruite presque totalement après le génocide qu’elle a subit – parce qu’on a tué des baleines pendant 80 ans (NDLR : la dernière chasse à la baleine dans le canal Sainte-Marie date de 1951), plus de 220 000 individus sur la planète, poursuit Henri Bellon. Aujourd’hui, c’est très encourageant. La protection qui a été mise en place dans la zone donne bon espoir pour la survie de l’espèce. »

Aujourd’hui, on estime la population mondiale de baleines à bosse à 80 000, dont 15 000 environ qui viendraient autour de Madagascar. Devant cette concentration, les scientifiques présents au congrès ont proposé de classer au patrimoine mondial, cette « route des baleines ».

Source et capture d’écran : RFI – Publié le 05 Septembre 2017
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